| DES EMPEREURS D’OCCIDENT. n ij
son gendre , qui l’avoit accompagné dans l’expé-
dicion d’Italie, reporta les ornemens impériaux en
Allemagne. Gertrude, manée à ce Prince , fut le
seul fruit du mariage de Lothaire avec Richense ,
ou Richilde , fille unique de Henri leGras, Duc
de Saxe sur le Weser , 8c Comte de Northeim,
qu’il avoit épousée en 1113, morte le 24 Novembre
1141, suivant la Chronique manus de Rolduc. Ri-
chense apporta de grands biens à son époux, Henri
son pere, qui périt, i’an 1101, de la main de ses su-
jets , ayant hérité ae toutes les terres de la Maison
des Ottons ( F'oye% Lothaire, Duc de Saxe. )
Lothaire se dit souvent dans ses Diplômes, Lotharius tertius
Romanorum Rex, apparemment à cause de Lothaire , fîls de
Hugues , Roi de Provence. Les Italiens souvent aufîî le nom-
ment de même. Dans la Chronologie de ses Diplômes, tantôt
il ne fait état que des années completes de ses régnes, tantôt
il met en ligne de compte l’année courante. On prétend que ce
sut sous le régne de Lothaire que les Pandeôtes furent décou-
vertes à Amalfî. Voye£ sur ce sujet l’art. de Roger I, Roi de
Sicile.
C O N R A D III.
1138. Conrad III, Duc de Franconie 8c de la
France-Rhénane , fils de Frédéric de Hohenstauffen
8c d’Agnès, fille de l’Empereur Henri IV, né l’an
I 1093, ou 1094, fut élu Empereur à la mi-Carème
( 8c non à la mi-Février ) 1138, clans une Diete te-
1111e à Coblentz, en présence 8c par les intrigues de
Théodouin, Légat du Saint Siége, qui le couronna,
Ie 13 Mars, à Aix-la-Chapelle. Henri le Superbe,
Duc de Baviere 8c de Saxe, & gendre de Lorhaire ,
voulut s’opposer à cette éleèlion, attendu que ni les
Etats de Sax.e ni ceux de Baviere n’y avoient allisté 3
il refusa en conséquence de rendre les ornemens im-
périaux qu’il avoit apportés d’Italie après la mort de
Lothaire, 8c prétendit lui-même à l’Empire, diiant
que l’Empereur défunt l’avoit désigné pour lui suc-
céder. Conrad le fit mettre au ban de l’Empire, 8c
le dépouilla ensuite de ses Etats. Telle fut, dit Mu-
ratori, la récompense des services que Henri avoit
rendus en Italie au Siége apostolique. Depuis long-
tems, ajoute le même auteur, il régnoit entre la
Maison de ce Prince 8c ceile de Conrad une ému-
lation d’où prirent naissance les faétions si fameuses
des Guelfes 8c cles Gibelins, qui dans la suite déchi-
rerent si long-tems 8c si cruellement la malheureuse
Italie. Les premiers étoient attachés à la Maison de
Henri, 8c les seconds à celle de Conrad. ( Voy. Léo-
pold, Duc de Raviere. ) Mais depuis la réconciliation
de ces cleux Maisons, on nomma Gibelins les parti-
sans de l’Empereur, 8c Guelfes ceux qui lui étoient
opposés. L’an 1142, Conrad rétablit le Roi Wladis-
1 las dans la Boheme, dont ses sujets l’avoient chasse.
1 Conrad donna des preuves de son humanité, l’an
1146,à l’occasion suivante. Un Moine, nommé Ro-
dolfe, s’étant avisé de prècher sans mission la Croi-
sade publiée par ordre du Pape Eugene III, exhortoit
îes peuples d’Allemagne à faire main-basse sur les
Juifs comme les plus grands ennemis de la croix. 11 ne
fut que trop obéi; mais plusieurs de ces malheureux
trouverent un asyle à Nuremberg 8c dans les autres
villes qui appartenoient en propre àl’Empereur. (Otto
Frijing. de Geji. Frider. L. 2. ) Cette mème année,
Conrad tient à Spire,dans les fêtes de Noël, une Diete
à laquelle S. Bernard s’étant trouvé, le détermina à se
croiser pour la Terre'Sainte. 11 part l’année suivante ,
| le 28 Mai, jour de l’Ascension, à la tète de 70 mille
I cavaliers 8c d’une infanterie innombrable , après
| avoir fait élire 8c couronner Roi des Romains Henri
son fils aine. Gonrad perdit en Asie îa meilleure par- I
rie de ses troupes par la persidie des guides que lui 1
avoit donnés l’Emperfeur Manuel , beau-frere de sa |
femme , 8c par le fer des Sarrafins. Ilarriva, l’an
1148, en Palestine, d’où il revint, l’an 1149, avec
les débns de son armée, sans aucun fruit de cette
expédition. Ce Prince mourut, le 15 Février de l’an
1152, à Bamberg, dans la 5 9 e année de son âge 8c
la 14e de fon régne. On prétend qu’il fut empoi-
sonné par les artifices de Roger, Roi de Sicile, au-
quel il se disposoit à faire la guerre. 11 fut inhumé
dans la Cathédrale de Bamberg Sa femme , Ger-
trude , fille de Bérenger, Comte de Sultzbach,
morte en 1166, lui donna Henri, mort en 11303
Frédéric, enfant à la mort de son pere, créé Duc
de Suabe, 8c mort en 11673 8c Judith, mariée en
115 0 à Louis II, Landgrave de Thuringe.
Conrad n’ayant point reçu le sacre impérial, se faisoit un
scrupule de prendre absolument le titre d’Empereur dans ses
Chartes. Il ne s’y nomme que Roi fîmplement, ou Roi dcs
Romains, excepté dans ses Lcrtres aux Empereurs de Constan-
tinople, oü il se dit Empereur, pour traiter de pair avec eux.
11 S’appelle tantôt Conrad II, tantôt Conrad III. M. Robertson
prétend que ce fut sous ConradlII que s’établit en Allemagne
î'hérédité des Fiefs. Mais il y a des preuves , & M. Pfeffel les
fournit, qu’elle avoit lieu dès le tems de i’Empereur Henri IV.
FRÉDÈRIC I, surnommé BARBE-ROUSSE.
1152. Frédéric I, né, l’an 1121 ,deFrédéric,
Duc de Suabe , frere de l’Empereur Conrad, 8c de
Judirh, fille de Henri le Noir, Duc de Baviere ,
avoit écé désigné Empereur par Conrad lui-mème,
au préjudice de Frédéric, son propre fils, rrop jeune
alors pour être en état de gouverner. En conséquence
de cette disposition , il fut élu, par les Seigneurs, à
Francfort, le 4 Mars 1152, puis couronné le 9 du
même mois ( Dimanche Lcetare) à Aix-la-Chapelle. 1
Les Chartes s’accordent avec cette époque, 8c ser- 1
vent à corriger quelques auteurs, dont les uns met- 1
tent le couronnement de Frédéric en 1151, d’au- i
tres en 1153 8c 1154. Frédéric porta sur le trône
impérial une ambition démesurée avec des préju-
gés assortis à cette passion. Sa chimere étoit de se
croire le successeur des Césars, 8c de vouloir à leur
exemple traiter tons les Princes de la terre comme
ses Lieutenans ou ses vassaux. II destroit sur-tout de
subjuguer l’Italie, qu’il regardoit comme le patri-
moine des Empereurs, 8c qui dans sa décadence étoit
encore la plus riche portion de son Empire. Plein de
ces vues, il passe les Âlpes , au mois d’Octobre 1154,
à la tète d’une puissante arméu, accompagné de Henri
le Lion, son cousin, Duc de Baviere 8c de Saxe.
Après un séjour en Lombardie , qui devint funeste à
plusieurs villes rebelles, il se rend à Rome, dont les |
habitans ne consentent de lui ouvrir leurs portes qu’à
deux conditions : la premiere , de reconnoître leur
Etat républicain 3 la seconde, de leur faire don de
cinq mille marcs d’argent pour prix cle son admis-
ston dans leurs murs, 8c pour récompense du con-
sentement qu’ils accorderont à son couronnement.
Frédéric indigné rejette avec hauteur ces honteuses
conditions, force les foibles obstacles qu’on lui op-
pose, 8c se fait couronner, le 1 8 Juin 1155, par
le Pape Adrien IV , après avoir rempli toutefois
une formalité qu’exigea le Pontife, 8c qui dut coû-
ter à sa fierté^ ce fut de lui tenir l’étrier lorsqu’il
monta sur sa mule pour aller faire cette cérémonie.
Les Députés du peuple romain, mandéspar ce Prince
pour lui prêter serment, osent lui dire : » Nous |
r *
Tome IL
son gendre , qui l’avoit accompagné dans l’expé-
dicion d’Italie, reporta les ornemens impériaux en
Allemagne. Gertrude, manée à ce Prince , fut le
seul fruit du mariage de Lothaire avec Richense ,
ou Richilde , fille unique de Henri leGras, Duc
de Saxe sur le Weser , 8c Comte de Northeim,
qu’il avoit épousée en 1113, morte le 24 Novembre
1141, suivant la Chronique manus de Rolduc. Ri-
chense apporta de grands biens à son époux, Henri
son pere, qui périt, i’an 1101, de la main de ses su-
jets , ayant hérité ae toutes les terres de la Maison
des Ottons ( F'oye% Lothaire, Duc de Saxe. )
Lothaire se dit souvent dans ses Diplômes, Lotharius tertius
Romanorum Rex, apparemment à cause de Lothaire , fîls de
Hugues , Roi de Provence. Les Italiens souvent aufîî le nom-
ment de même. Dans la Chronologie de ses Diplômes, tantôt
il ne fait état que des années completes de ses régnes, tantôt
il met en ligne de compte l’année courante. On prétend que ce
sut sous le régne de Lothaire que les Pandeôtes furent décou-
vertes à Amalfî. Voye£ sur ce sujet l’art. de Roger I, Roi de
Sicile.
C O N R A D III.
1138. Conrad III, Duc de Franconie 8c de la
France-Rhénane , fils de Frédéric de Hohenstauffen
8c d’Agnès, fille de l’Empereur Henri IV, né l’an
I 1093, ou 1094, fut élu Empereur à la mi-Carème
( 8c non à la mi-Février ) 1138, clans une Diete te-
1111e à Coblentz, en présence 8c par les intrigues de
Théodouin, Légat du Saint Siége, qui le couronna,
Ie 13 Mars, à Aix-la-Chapelle. Henri le Superbe,
Duc de Baviere 8c de Saxe, & gendre de Lorhaire ,
voulut s’opposer à cette éleèlion, attendu que ni les
Etats de Sax.e ni ceux de Baviere n’y avoient allisté 3
il refusa en conséquence de rendre les ornemens im-
périaux qu’il avoit apportés d’Italie après la mort de
Lothaire, 8c prétendit lui-même à l’Empire, diiant
que l’Empereur défunt l’avoit désigné pour lui suc-
céder. Conrad le fit mettre au ban de l’Empire, 8c
le dépouilla ensuite de ses Etats. Telle fut, dit Mu-
ratori, la récompense des services que Henri avoit
rendus en Italie au Siége apostolique. Depuis long-
tems, ajoute le même auteur, il régnoit entre la
Maison de ce Prince 8c ceile de Conrad une ému-
lation d’où prirent naissance les faétions si fameuses
des Guelfes 8c cles Gibelins, qui dans la suite déchi-
rerent si long-tems 8c si cruellement la malheureuse
Italie. Les premiers étoient attachés à la Maison de
Henri, 8c les seconds à celle de Conrad. ( Voy. Léo-
pold, Duc de Raviere. ) Mais depuis la réconciliation
de ces cleux Maisons, on nomma Gibelins les parti-
sans de l’Empereur, 8c Guelfes ceux qui lui étoient
opposés. L’an 1142, Conrad rétablit le Roi Wladis-
1 las dans la Boheme, dont ses sujets l’avoient chasse.
1 Conrad donna des preuves de son humanité, l’an
1146,à l’occasion suivante. Un Moine, nommé Ro-
dolfe, s’étant avisé de prècher sans mission la Croi-
sade publiée par ordre du Pape Eugene III, exhortoit
îes peuples d’Allemagne à faire main-basse sur les
Juifs comme les plus grands ennemis de la croix. 11 ne
fut que trop obéi; mais plusieurs de ces malheureux
trouverent un asyle à Nuremberg 8c dans les autres
villes qui appartenoient en propre àl’Empereur. (Otto
Frijing. de Geji. Frider. L. 2. ) Cette mème année,
Conrad tient à Spire,dans les fêtes de Noël, une Diete
à laquelle S. Bernard s’étant trouvé, le détermina à se
croiser pour la Terre'Sainte. 11 part l’année suivante ,
| le 28 Mai, jour de l’Ascension, à la tète de 70 mille
I cavaliers 8c d’une infanterie innombrable , après
| avoir fait élire 8c couronner Roi des Romains Henri
son fils aine. Gonrad perdit en Asie îa meilleure par- I
rie de ses troupes par la persidie des guides que lui 1
avoit donnés l’Emperfeur Manuel , beau-frere de sa |
femme , 8c par le fer des Sarrafins. Ilarriva, l’an
1148, en Palestine, d’où il revint, l’an 1149, avec
les débns de son armée, sans aucun fruit de cette
expédition. Ce Prince mourut, le 15 Février de l’an
1152, à Bamberg, dans la 5 9 e année de son âge 8c
la 14e de fon régne. On prétend qu’il fut empoi-
sonné par les artifices de Roger, Roi de Sicile, au-
quel il se disposoit à faire la guerre. 11 fut inhumé
dans la Cathédrale de Bamberg Sa femme , Ger-
trude , fille de Bérenger, Comte de Sultzbach,
morte en 1166, lui donna Henri, mort en 11303
Frédéric, enfant à la mort de son pere, créé Duc
de Suabe, 8c mort en 11673 8c Judith, mariée en
115 0 à Louis II, Landgrave de Thuringe.
Conrad n’ayant point reçu le sacre impérial, se faisoit un
scrupule de prendre absolument le titre d’Empereur dans ses
Chartes. Il ne s’y nomme que Roi fîmplement, ou Roi dcs
Romains, excepté dans ses Lcrtres aux Empereurs de Constan-
tinople, oü il se dit Empereur, pour traiter de pair avec eux.
11 S’appelle tantôt Conrad II, tantôt Conrad III. M. Robertson
prétend que ce fut sous ConradlII que s’établit en Allemagne
î'hérédité des Fiefs. Mais il y a des preuves , & M. Pfeffel les
fournit, qu’elle avoit lieu dès le tems de i’Empereur Henri IV.
FRÉDÈRIC I, surnommé BARBE-ROUSSE.
1152. Frédéric I, né, l’an 1121 ,deFrédéric,
Duc de Suabe , frere de l’Empereur Conrad, 8c de
Judirh, fille de Henri le Noir, Duc de Baviere ,
avoit écé désigné Empereur par Conrad lui-mème,
au préjudice de Frédéric, son propre fils, rrop jeune
alors pour être en état de gouverner. En conséquence
de cette disposition , il fut élu, par les Seigneurs, à
Francfort, le 4 Mars 1152, puis couronné le 9 du
même mois ( Dimanche Lcetare) à Aix-la-Chapelle. 1
Les Chartes s’accordent avec cette époque, 8c ser- 1
vent à corriger quelques auteurs, dont les uns met- 1
tent le couronnement de Frédéric en 1151, d’au- i
tres en 1153 8c 1154. Frédéric porta sur le trône
impérial une ambition démesurée avec des préju-
gés assortis à cette passion. Sa chimere étoit de se
croire le successeur des Césars, 8c de vouloir à leur
exemple traiter tons les Princes de la terre comme
ses Lieutenans ou ses vassaux. II destroit sur-tout de
subjuguer l’Italie, qu’il regardoit comme le patri-
moine des Empereurs, 8c qui dans sa décadence étoit
encore la plus riche portion de son Empire. Plein de
ces vues, il passe les Âlpes , au mois d’Octobre 1154,
à la tète d’une puissante arméu, accompagné de Henri
le Lion, son cousin, Duc de Baviere 8c de Saxe.
Après un séjour en Lombardie , qui devint funeste à
plusieurs villes rebelles, il se rend à Rome, dont les |
habitans ne consentent de lui ouvrir leurs portes qu’à
deux conditions : la premiere , de reconnoître leur
Etat républicain 3 la seconde, de leur faire don de
cinq mille marcs d’argent pour prix cle son admis-
ston dans leurs murs, 8c pour récompense du con-
sentement qu’ils accorderont à son couronnement.
Frédéric indigné rejette avec hauteur ces honteuses
conditions, force les foibles obstacles qu’on lui op-
pose, 8c se fait couronner, le 1 8 Juin 1155, par
le Pape Adrien IV , après avoir rempli toutefois
une formalité qu’exigea le Pontife, 8c qui dut coû-
ter à sa fierté^ ce fut de lui tenir l’étrier lorsqu’il
monta sur sa mule pour aller faire cette cérémonie.
Les Députés du peuple romain, mandéspar ce Prince
pour lui prêter serment, osent lui dire : » Nous |
r *
Tome IL