22 CHRONOLOGIE HISTORIQÜE
vgus avons faic notre citoyen & notre Prince d’é-
3} tranger que vous étiez. Votis devez donc de votre
» cdté nous promettre la conhrmation de nos privi-
33 leges ». ïrédéric alors prenant le ton de maître,
33 Rome, leur dit-il, n’est plus ce qu’elle a été. Sa
>3 puiiïance a paiïe premiérement aux Grecs , puis
33 aux François. 11 n’est pas vrai que vous m’ayez ap-
33 pellé, ni fait votre Prince & vocre citoyen. Char-
33 îemagne & Otton vous ont conquis par ies ar-
33 mes, &c. Sachez que ce n’est pas aux sujets à faire
33 la loi au Souverain 3’.
L’Empereur, de retour d’Italie, tient une Diete
à Worms, où il condamne à la peine du harnescar
Ie Palatin Herman & dix autres Comtes. Mais le
premier en fut dispensé à raison de ses infirmites.
Mécontent de la Cour de Rome, Frédcricql’an 1157,
défend à tous les Ecclésiastiques de ses Etats de s’y
adrester, soit pour la collation des Bénéfices, soit
pour tout autre sujet. Deux Légats envoyés par
Adrien pour se plaindre de cetce défense, viennent
trouver l’Empereur à Besançon. Dans la lettre qu’ils
lui remettent, le Pape sembloit dire qu îl lui avoit
conféré l’Empire à titre de Bénéfice. Un des Legats
a l’imprudence d’appuyer cette interprétation, & la
réméritéde la défendrej sur quoi le Comte Palatin
de Witelsbach tire son épée pour le tuer. L Empe-
reur arrête le Comte & renvoie les Legats au Pape.
Dans ce même séjour l’Empereur tient une Diete
011 il se fait prêter serment de fidélité par les Sei-
gneurs du Royaume d’Arles, qu’il avoit distrait
l’année précédente de celui de la haute Bourgogne,
les soumet à un tribut annuel, 8c exige d eux la
promeiïè de le suivre à la guerre j au moyen de quoi
il leur abandonne les investitures ordinaires, ne se
réservant qtie les droits régaliens. 11 nornme ensuite
l’Archevèque de Vienne Archichancelier dti Royau-
me d’Arles, 8c en donne la Lieutenance générale,
sous le titre d’Exarchat, à l’Archevèque de Lyon.
L’an 1158 ( 8c non pas 1157 comme le marque
M. Schoepssinî, nouvelle expédition de Frédénc en
Lombardie. Plusieurs villes de ce pays, à l’instiga-
tion des Milanois , avoient formé entre elles une
confédération pour maintenir leur liberte aux de-
pens de l’Empire. Frédéric aisiége Brescia dont il se
rend maître au mois de Juillet. 11 marche ensLiite
contre Milan, où il enrre vi&orieux, le 8 Septem-
bre, après un mois de siége, 8c dont il change le
gouvernement. A la S. Martin suivante, il preside
à une célebre Diete astemblée dans la plaine de Ron-
caille. 11 s’y montre avec l’appareil le plus imposant,
8c dépouille des droits régaliens les villes 8c les Sei-
gneurs, Clercs 8c Laïques , qui les polsédoient sans
titres valables. Le Pape s’oppose vainement à ces
adbes de soLiveraineté. Frédéric,informé des complots
qu’il trame contre lui avec les Milanois, abroge,
pour se venger, l’ancien formulaire des Lettres que
la Chancellerie impériale expédioit aux Souverains
Pontifes, avec ordre de ne leur parler qu’à la le-
conde personne du singulier, & de 11e les nommer
dans la suscription qu’après l’Empereur ( Pfeffel ) :
vengeance baiïe 8c peu digne d’un grand Prince
Le gouvernement municipal de Milan déplaisoit
sur-tout à Frédéric. L’an 1159, il envoie son Chan-
celier Renaud, le mème qui fut depuis Archevèqtie
de Cologne, avec Otton, Palatin de Baviere, pour
y abolir les Consuls 8c leur substituer un Podestat.
Les Milanois, irrités de cette innovation formelle-
ment contraire à la derniere capitulation , veulent
mettre en pieces les Commissaires 8c leur laissent à |
peine la rellource de la fuite. Dans le mème tems I
Frédéric fait sommer ies Crémasques, alliés des Mi- I
lanois , d’abattre leurs murs. 11 n’est pas mieux obéi. |
Le Pape ,à ce qu’on croit, les excitoit sotis main. |
11 y avoit intérèt, parce que l’intention de Frédéric t
étoit d’exercer l’autorité sotiveraine sur le patri- jj
moine de S. Pierre , 8c d’y percevoir les mèmes |
droits que sur les terres de i’Empire. Le Pape 8c s
l’Empereur étoient sur le point d’en venir à une rup- §
ture ouverte, lorsqu’Adrien mourut le 1 Septem- |
bre 1159. Frédéric prit alors des mesures pour 1
avoir un Pape à sa dévotion. N’y ayant point rculsi, |
il fit élire trois Antipapes consécutifs, 8c n’oublia
rien pour les faire reconnoître dans l’Empire.. Ses ar-
mes cependant prospcroient contre les villes rebelles.
L’an 11(30, le 27 Janvier , il se rend maître de
Crètne, qu’il tenoit aiïicgée depuis le 7 Aoüt pré-
cédent. Ce siége , entrepris à la sollicitation 8c avec
le secours des Crémonois 8c des Lodigians, est un
des plus mémorables du 12 e siécle. Otton Moréna ,
qui en a fait la relation, parle d’une tour de bois
haute de cent pieds, que les asiiégeans éleverent
avec im pont-levis pour descendre sur les murs.
33 Mais les aiïiégés, dit-il, lancerent avec leurs man-
33 gonneaux, sur cette machine, de grosses pierres
33 qni la mirent en danger de se briser. Alors, pour- |
>3 luit-il, Frédéric eut la cruauté cîe faire piacer sur i
33 sa tour les ôtages des Crémasques avec quelques 1
)} prisonniers milanois, afin que, touchés de com- 1
33 paiïion pour leurs enfans 8c leurs parens, les aiïié- 1
33 gés missent fin à cette horrible tempète en se ren- |
» dant. Mais ceux-ci, surmontant les mouvemens de
33 la tendresse , continuerent le même genre de dé-
33 fense , en sorte qu’il y eut neuf des Nobies cré-
33 masques 8c beaucoup d’autres de leurs gens écra-
33 sés sur la tour 33. Frédéric, revenu à des sentimens
plus humains, fit retirer ceux qui avoient échappé au |
désespoir de leurs compatriotes. 11 n’appaisa point par |
là les aiïiégés. FurieuX de la perte de ieurs proches, !
ils égorgent sur leurs murs , à la vue de l’armée enne-
mie, plusieurs des prisonniers allemands, crémonois
8c lodigians qu’ils avoient faits. L’Empereur, usant
de représailles, fit pendre les Crémasques 8c Mi-
lanois qui étoient entre ses mains, 8c les aiïiégés
lui rendirent encore la pareiile. Ces scenes affreuies
cesserent enfin par la désertion du principal Ingénieur
des asiiégés. Cet Officier , s’étant sauvé dans le camp
ennemi, les lailsa dans l’impuisiànce de saire une
plus longue résistance. Ce fut pour lors une néces-
sité pour eux de recourir .à la clémence de l’Empe- 1
reur qu’ils avoient si cruellement outragé. Le Pa- I
triarche d’Âquilée se rendit médiateur. Mais tout ce I
qu’il put obtenir fut que les aiïiégés auroient la li- I
berté de sortir avec ce qu’ils pourroient emporter I
sur le dos. Le 11 Février de la même année 1160, I
Frédéric tient un Concile à Pavie, où il fait recon- §
noître l’Antipape Victor. L’un 8c l’autre sont ex- i
communiés par Alexandre III (vrai Pape) le 24
Mars, jotir du Jeudi-Saint. L’an 1162, Frédéric
fait de nouveau la conquète de Milan, après un siége
ou blocus de sept mois, par la soumission volontaire
des habitans. 11s étoient venus le trouver au nouveau
Lodi le 1 Mars, ayant des sabres nus pendus à leur
cou, s’avouant coupables envers lui du crime de lese-
majesté , &: abandonnant pleinement & sans ré-
serve leurs personnes, leurs biens & leur ville à sa |
discrétion. Frédéric , faisant difficulté de s’appaiser, i
vgus avons faic notre citoyen & notre Prince d’é-
3} tranger que vous étiez. Votis devez donc de votre
» cdté nous promettre la conhrmation de nos privi-
33 leges ». ïrédéric alors prenant le ton de maître,
33 Rome, leur dit-il, n’est plus ce qu’elle a été. Sa
>3 puiiïance a paiïe premiérement aux Grecs , puis
33 aux François. 11 n’est pas vrai que vous m’ayez ap-
33 pellé, ni fait votre Prince & vocre citoyen. Char-
33 îemagne & Otton vous ont conquis par ies ar-
33 mes, &c. Sachez que ce n’est pas aux sujets à faire
33 la loi au Souverain 3’.
L’Empereur, de retour d’Italie, tient une Diete
à Worms, où il condamne à la peine du harnescar
Ie Palatin Herman & dix autres Comtes. Mais le
premier en fut dispensé à raison de ses infirmites.
Mécontent de la Cour de Rome, Frédcricql’an 1157,
défend à tous les Ecclésiastiques de ses Etats de s’y
adrester, soit pour la collation des Bénéfices, soit
pour tout autre sujet. Deux Légats envoyés par
Adrien pour se plaindre de cetce défense, viennent
trouver l’Empereur à Besançon. Dans la lettre qu’ils
lui remettent, le Pape sembloit dire qu îl lui avoit
conféré l’Empire à titre de Bénéfice. Un des Legats
a l’imprudence d’appuyer cette interprétation, & la
réméritéde la défendrej sur quoi le Comte Palatin
de Witelsbach tire son épée pour le tuer. L Empe-
reur arrête le Comte & renvoie les Legats au Pape.
Dans ce même séjour l’Empereur tient une Diete
011 il se fait prêter serment de fidélité par les Sei-
gneurs du Royaume d’Arles, qu’il avoit distrait
l’année précédente de celui de la haute Bourgogne,
les soumet à un tribut annuel, 8c exige d eux la
promeiïè de le suivre à la guerre j au moyen de quoi
il leur abandonne les investitures ordinaires, ne se
réservant qtie les droits régaliens. 11 nornme ensuite
l’Archevèque de Vienne Archichancelier dti Royau-
me d’Arles, 8c en donne la Lieutenance générale,
sous le titre d’Exarchat, à l’Archevèque de Lyon.
L’an 1158 ( 8c non pas 1157 comme le marque
M. Schoepssinî, nouvelle expédition de Frédénc en
Lombardie. Plusieurs villes de ce pays, à l’instiga-
tion des Milanois , avoient formé entre elles une
confédération pour maintenir leur liberte aux de-
pens de l’Empire. Frédéric aisiége Brescia dont il se
rend maître au mois de Juillet. 11 marche ensLiite
contre Milan, où il enrre vi&orieux, le 8 Septem-
bre, après un mois de siége, 8c dont il change le
gouvernement. A la S. Martin suivante, il preside
à une célebre Diete astemblée dans la plaine de Ron-
caille. 11 s’y montre avec l’appareil le plus imposant,
8c dépouille des droits régaliens les villes 8c les Sei-
gneurs, Clercs 8c Laïques , qui les polsédoient sans
titres valables. Le Pape s’oppose vainement à ces
adbes de soLiveraineté. Frédéric,informé des complots
qu’il trame contre lui avec les Milanois, abroge,
pour se venger, l’ancien formulaire des Lettres que
la Chancellerie impériale expédioit aux Souverains
Pontifes, avec ordre de ne leur parler qu’à la le-
conde personne du singulier, & de 11e les nommer
dans la suscription qu’après l’Empereur ( Pfeffel ) :
vengeance baiïe 8c peu digne d’un grand Prince
Le gouvernement municipal de Milan déplaisoit
sur-tout à Frédéric. L’an 1159, il envoie son Chan-
celier Renaud, le mème qui fut depuis Archevèqtie
de Cologne, avec Otton, Palatin de Baviere, pour
y abolir les Consuls 8c leur substituer un Podestat.
Les Milanois, irrités de cette innovation formelle-
ment contraire à la derniere capitulation , veulent
mettre en pieces les Commissaires 8c leur laissent à |
peine la rellource de la fuite. Dans le mème tems I
Frédéric fait sommer ies Crémasques, alliés des Mi- I
lanois , d’abattre leurs murs. 11 n’est pas mieux obéi. |
Le Pape ,à ce qu’on croit, les excitoit sotis main. |
11 y avoit intérèt, parce que l’intention de Frédéric t
étoit d’exercer l’autorité sotiveraine sur le patri- jj
moine de S. Pierre , 8c d’y percevoir les mèmes |
droits que sur les terres de i’Empire. Le Pape 8c s
l’Empereur étoient sur le point d’en venir à une rup- §
ture ouverte, lorsqu’Adrien mourut le 1 Septem- |
bre 1159. Frédéric prit alors des mesures pour 1
avoir un Pape à sa dévotion. N’y ayant point rculsi, |
il fit élire trois Antipapes consécutifs, 8c n’oublia
rien pour les faire reconnoître dans l’Empire.. Ses ar-
mes cependant prospcroient contre les villes rebelles.
L’an 11(30, le 27 Janvier , il se rend maître de
Crètne, qu’il tenoit aiïicgée depuis le 7 Aoüt pré-
cédent. Ce siége , entrepris à la sollicitation 8c avec
le secours des Crémonois 8c des Lodigians, est un
des plus mémorables du 12 e siécle. Otton Moréna ,
qui en a fait la relation, parle d’une tour de bois
haute de cent pieds, que les asiiégeans éleverent
avec im pont-levis pour descendre sur les murs.
33 Mais les aiïiégés, dit-il, lancerent avec leurs man-
33 gonneaux, sur cette machine, de grosses pierres
33 qni la mirent en danger de se briser. Alors, pour- |
>3 luit-il, Frédéric eut la cruauté cîe faire piacer sur i
33 sa tour les ôtages des Crémasques avec quelques 1
)} prisonniers milanois, afin que, touchés de com- 1
33 paiïion pour leurs enfans 8c leurs parens, les aiïié- 1
33 gés missent fin à cette horrible tempète en se ren- |
» dant. Mais ceux-ci, surmontant les mouvemens de
33 la tendresse , continuerent le même genre de dé-
33 fense , en sorte qu’il y eut neuf des Nobies cré-
33 masques 8c beaucoup d’autres de leurs gens écra-
33 sés sur la tour 33. Frédéric, revenu à des sentimens
plus humains, fit retirer ceux qui avoient échappé au |
désespoir de leurs compatriotes. 11 n’appaisa point par |
là les aiïiégés. FurieuX de la perte de ieurs proches, !
ils égorgent sur leurs murs , à la vue de l’armée enne-
mie, plusieurs des prisonniers allemands, crémonois
8c lodigians qu’ils avoient faits. L’Empereur, usant
de représailles, fit pendre les Crémasques 8c Mi-
lanois qui étoient entre ses mains, 8c les aiïiégés
lui rendirent encore la pareiile. Ces scenes affreuies
cesserent enfin par la désertion du principal Ingénieur
des asiiégés. Cet Officier , s’étant sauvé dans le camp
ennemi, les lailsa dans l’impuisiànce de saire une
plus longue résistance. Ce fut pour lors une néces-
sité pour eux de recourir .à la clémence de l’Empe- 1
reur qu’ils avoient si cruellement outragé. Le Pa- I
triarche d’Âquilée se rendit médiateur. Mais tout ce I
qu’il put obtenir fut que les aiïiégés auroient la li- I
berté de sortir avec ce qu’ils pourroient emporter I
sur le dos. Le 11 Février de la même année 1160, I
Frédéric tient un Concile à Pavie, où il fait recon- §
noître l’Antipape Victor. L’un 8c l’autre sont ex- i
communiés par Alexandre III (vrai Pape) le 24
Mars, jotir du Jeudi-Saint. L’an 1162, Frédéric
fait de nouveau la conquète de Milan, après un siége
ou blocus de sept mois, par la soumission volontaire
des habitans. 11s étoient venus le trouver au nouveau
Lodi le 1 Mars, ayant des sabres nus pendus à leur
cou, s’avouant coupables envers lui du crime de lese-
majesté , &: abandonnant pleinement & sans ré-
serve leurs personnes, leurs biens & leur ville à sa |
discrétion. Frédéric , faisant difficulté de s’appaiser, i