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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
|j L’an iz iy , au mois de Janvier, ie Concile de Montpelliei. ,
V\ par une cntreprise manifeste sur l’autorite temporelle, dilpole
} [ du Comté de Toulouse en faveur de Sirnon de Montfort. Apres
« ! Ie Concile, le Légat Pierre cnvoie l’Evcque Foulques poup pren-
■ j dre posseslion j au nom de l’Egiise romaine, de Toulouse & du
j! château Narbonnois , qui servoit de palais au Comte ; ia ville
I & le château sont livrés, & ie Comte Raymond, avec ion hls
j & les Comtesses, leurs fcmmes, oblige de (e rctirer dans ia
} maison d’un ssmple particulier. Le Comte de Toulouse accom-
. | pagtié des Comtes de Foix & de Cominges , se rend a Kome
| quelque tems avant le Concile de Latran, tenu au mois de No-
| a vembre de cette annce. Le jeune Raymond , lon fils, vicntly
joindre. Tous ces Princes se préscntent au Concile,&se jettent
aux pieds du Papc, qui les fait lever ; ils exposent cnsuite leurs
| griefs contre Simon de Montfort & contre ie Legat, puis ils se
■ rctirent. Le Concile, ou plutôt le Pape , adjuge le Comte de
i Toulouse & les conquêtes des Croisés à Simon de Montfort, &
j réserve le reste au jeune Raymond, fils du Comte,
Simon de Montfort, l’an ui 6, prend une nouvelle posses-
; sson de Toulouse, & fait prêter sermcnt de fidélité aux habi-
| tans le 7 Mars. Le Comte Raymond & son fils, de retour de
j Rome la même annce, se mettent en devoir de recouvrer leurs
Etats; ils sont bien reçus à Marseilie, entrent dans Avignon aux
cris rédoublés de vive Touloujè, lc Comte Raymond & J'on
\ fils ; & y assemblent unearmée, dont le jeune Raymond prend le
commandement. Le Comte de Touloule , rappellé, l’an 1117,
- par Ics habitans de sa capitale , y est reçu , le 13 Septembre ,
avec les mêmes témoignages d’alégresse. II s’y ioutient contre
: les Seigneurs de la Mailon de Montfort, qui font des ettorts inu-
| tiles pour l’en chasscr. Simon vient lui-méme, sur la fin de Sep-
! tembre, rccommencerle siége de Toulouse, & le continue sans
| succès. Enfin, Je 15 Juin 111S, il cst tué devant cette place
| d’un coup de pierre lancée d’un mangonneau par les assiégés.
. ( Voy. son portrait dans l’Hist. dc Languedoc, T. III, p. 304.)
I Après sa mort, Amauri, son fils aîné & son iuccesseur, leve
le siége de Toulouse. Au printems de l’an xnp, les Croi-
sès, sous la conduite d’Amauri dc Montfort, assicgent Mar-
mande. Pendant cette expédition lc jeune Raymond, assisté des
Comtes de Foix & de Cominges, attaque, près de Basiege, à
trois lieues de Toulouse, un autre corps de Croisés , comman-
dé par Ferrand & Jean de Brigier, braves Chevaliers. Dans la
mèîée, il perce de part en part, d’un coup de lance, Jean de
Brigier, & lc renverse de son cheval, en s’écriant : Francs Che-
valiers, srappe^ ; Vheure ejl vetitie que nos ennemis vont être
enti'erement dêsaits. Ce coup & cette exhortation embrasent le
courage de ses troupes. Les François, ne pouvant tenir contre
leurs efforts , prennent la fuite en désordre. Le Prince Louis de
France, arrivé devant Marmande, répare cet échec en obiigeant
la place de se rendre à discrétion. L’Evêque dc Saintes lui con-
seiîle charitablement de passer la garnison au fil dc l’épée ; mais
le Duc de Bretagne & le Comte de S. Pol plus bumains , s’op-
posent à cette barbarie. Cependant ils ne peuvent empêcher que
îes troupes vicioricuses étant entrées dans la vilie , après la re-
traite de la garnison , 11e fàssent main-basse sur tous les habi-
tans. A cette expédition succède un nouveau siége de Touiouse;
ii est encore Icvé coinme la preiniere fois.
L’an im , Raymond VI meurt au mois d’Août, dans la
66 e annce de son âge. II eut l’avantage dc recouvrer, avant sa
mort, la plus grande partie de ses Etats, & de les transmettre
| à Raynrond VII , son fils uniquc , qui ne put jamais obtenir
que le corps de son perc reçût ies honncurs de la sépulture ec-
cièsiastiquc. De Beaxrix de Beziers , sa zc femrne, Ray-
mond VI avoit eu deux filles, Clémence , ou Constance , fem-
I me , 1° de Sanche ie Fort, Roi de Navarre, qui la répudia ;
[ z° de Pierre-Bermond, Seigneur de Sauve, qui disputa, mais
en vain , au nom de sa femme, la succession de son beau-pere,
à Simon de Montfort & à Raymond VII , prétendant que ce-
lui-ci étoit bâtard, attendu que lorsque sa mere le mit au
monde, la 3 e femmc de Raymond VI vivoit encore. Indie ,
z^ fille de Raymond VI & de Bèatrix de Beziers, fut marièe ,
i° à Guillebert de Laucrec ; 1° à Bernard-Jourdain , Seigneur
de l’Isse-Jourdain. La 4 e femme de Raymond VI, Jeanned’An-
gleterre, lui donna ce Raymond dont on vient de parler, & qui
va suivre. Elle mourut à Rouen l’an 1199 ou 1 zoo. Aux enfans
de Raymond VI, qui viennent d’être marqués, il faut ajouter
un autre fils (étoit-il légitime ou nonî ) inconnu à D. Vais-
sete, mais dénommé dans une Charte de Raymond VII, du
mois de Septembre 1x31, en cette maniere: Bertrandus Frater
Domini Comitis Tolofani. ( MJs. du Roi , n° 6009 , sol. 87. )
Les Historiens de la Croisade entreprise du tems de Ray-
; mond VI, con'tre les Albigcois, font de lui le portrait le plus af-
freux, sur-tout Pierre de Vaux-Cernai; mais cet écrivain est
trop partial & trop passionné : ainsi i’on doit se tenir en garde
contre lui, comme le remasque D. Vaissete, qui a mis dans un
grand jour ce qui regarde Raymond VI & ies Croisades de ce §
tems.
RAYMOND VII.
izzz. Raymond VII, fils de Raymond VI, & de Jeanne 1
d’Angleterre, né au mois de Juillet 1197, succède au Comte 1
Raymond , son pere. Ce Prince , qui s’ètoit dèjà signalé par |
disfèrens exploits, prelîesi vivement Amauri de Montfort, fils & |
succeiseur de Simon, que celui-ci, se voyant sans ressource, fait, §
le 14 Janv. 1 zzq, un Traitè avec les Comtes de Toulouse & de |
Foix , quitte ie pays pour toujours, & se retire en France, ou il 9
cèdeau KoiLouis VIII tous sesdroits sur les conquêtes des Croi-
sès. LejeuneRaymond cependant n'ètoit pasdisposè a se laissèr
dèpouillerpar le Monarque son Suzerain. Ilestexcommunié pu-
bliquement, & dèclaré hèrètique par le Cardinal de S. Ange ,
Lègat du Pape, l’an 1 zz6 , dans une Alsemblèe tenue à Paris le
z8 Janv. Louis VIII se charge de faire la guerre en personne au
Comte de Toulouse; il entre à ce dessèin dans ses Etats à la téte
d’une puissante armèe, & s’empare de toutes les villes & châ-
teaux du Languedoc, jusqu’à 4 lieues de Toulouse. Ce Prince
ètant mort le 8 Nov. iuz6 , Raymond se met en campagne ,
rètablit ses afraires, & soumet plusieurs places. La guerre con-
tinue jusqu’en izz^ (N. S. ). La paix est enfin conclue le iz
Avril de cette annèe, entre le Roi Louis IX & le Comte Ray-
mond, qui jure devant le grand portail de Notre-Dame deParis
d’observerleTraitè; après quoi il est conduit cn chemise & nu-
pieds jusqu’à l’autel où le Cardinal S. Ange lui donne l’abso-
îution. Par ce Traité, Raymond perdit la plus grande partie
de ses domaines ; ayant abandonnè à l’Eglise romaine tout ce
qui lui appartenoit au-delà du Rhône, & au Roi de France tous
les droits qui lui appartenoient dcpuis les limites du diocèse de
Toulouse ( diocèse qui comprenoit alors tout ce que renferme
aujourd’hui la Province ecclèsiastique de ce nom ) & depuis ia
rivkre de Tarn jusqu’au Rhône. Pourassurer la sincèritè de ses
disposidons, le Comte va sc mettre volontairement en prison au |
Louvre jusqu’a l’exècution des 3 articles préliminaires, auxquels §
il s’étoit engagé. Il y resta environ six semaines; & au sortir de I
là ii fut crèé Chevalier par le Roi Louis IX , le jour de la Pen-
tecôte, 3 Juin. Jeanne, fiile de Raymond, qu’il avoit remise
aux Officiers du Roi, comme on en étoit convenu dans le
Traitè de paix , rut fiancèe, dans ce même mois, avec Alfonse, j
frere du Roi : mais comme iis n’ètoient âgès que de 9 ans ,
ètant nès l’un & l’autre en izzo , le mariage ne fut accompli
que huit ans après. Raymond revint à Toulouse sur Ia fin de
Septembre, & y renouveila ses promesses en prèsence du Lègat.
Ce Prélat tint un Concile à Toulouse au mois de Novembre
suivant, dans lequel on ètabiit l’Inquisition pour la rcchcrche
des hèrètiques: & on cn commença aussitôtles procédures. Pen-
dant l’hiver on prit un nommé Guillaume, qu’on appelloit le
Pape des Âloigeois ,• & par sentence de ceTribunal, ii fut brûlé
vif.
L’an 1x3 3 , l’Inquisition est confièe aux Dominicains. Lasè- |
vèritè avec laqudic ils en exercerentles fon&ions, aigrit lcs peu- î
ples , qui menacerent quelques-uns des Inquisiteurs , & les
chassèrent de Touiouse, de Narbonne, & des autres vilies. L’an
IZ34, I e P aP c Grègoire IX , honteux enfin de s’étre prèvalu
de la situation violente où se trouvoit le Comte Raymond, pour |
s’enrichir à scs dèpcns , lui rendit le Marquisat de Provcnce,
que ce Prince avoit cédè à l’Eglise romaine sans la participation
de l’Empereur-Frèdèric II, Souverain de ce pays.
Raymond, l’an 1 z 3 y , essuie plusieurs sentences d’excommu-
nication de Ia part de l’Archevêque de Narbonne , des Inquisi-
teurs & dcs Commissaires du Pape, parce qu’il favorisoit Ic
soulèvement de ses sujets contre leurs exçès. 11 est absous, l’an
1x38, par Grègoire IX , & dispcnsè du voyage d’outre-mer.
L’an IZ40 , il se meten marche avec des troupcs pour s’ernpa-
rer de la Provence, que l’Empereur Frèdèric Illui avoit adjugèe
en partie , aprcs avoir mis Ie Comte Raymond-Bèrenger IV au
ban de l’Empire. Mais lcs sccours que celui-ci reçut de la
France obligerent le Comte de Toulouse à se retirer. Ray-
mond, l’an 1141, répudie, dans lcs formcs, Sancie , sœur de
Pierre, Iloi d’Aragon, son èpouse, dont il ètoit séparé depuis
long-tems. Le prétexte de ce divorce, autorisè par une sentence
de l’Evêque d’AIbi, ètoit une asfinitè spirituelle , qu’il disoit
avoir contraètèe avec la Princelse ; mais le vrai motif ètoit le
desir qu’il avoit d’èpouser Sancie, fîlle de Raymond -Bèren-
ger IV, Comte de Provence; cemariage, conclu à Aix le ti
Août, fut rompu, & Sancie èpousa Richard, frere du Roi
d’Angleterre.
Raymond, l’an 1 zyz , èpouse les intèrêts de Hugues, Comte j
de la Marche, contre Louis IX , Roi dc France : les dcux
Comtes nouent une ligue ensemble, dans laquelle iis fontentrer
Hcnri III, Roi d’Angleterre. Ce Monarque vient à Ieurs se-
cours, &: 11e remporte de son voyage que la honte d’avoir ètè
zzx&A- ■
batta
CHRONOLOGIE HISTORIQUE
|j L’an iz iy , au mois de Janvier, ie Concile de Montpelliei. ,
V\ par une cntreprise manifeste sur l’autorite temporelle, dilpole
} [ du Comté de Toulouse en faveur de Sirnon de Montfort. Apres
« ! Ie Concile, le Légat Pierre cnvoie l’Evcque Foulques poup pren-
■ j dre posseslion j au nom de l’Egiise romaine, de Toulouse & du
j! château Narbonnois , qui servoit de palais au Comte ; ia ville
I & le château sont livrés, & ie Comte Raymond, avec ion hls
j & les Comtesses, leurs fcmmes, oblige de (e rctirer dans ia
} maison d’un ssmple particulier. Le Comte de Toulouse accom-
. | pagtié des Comtes de Foix & de Cominges , se rend a Kome
| quelque tems avant le Concile de Latran, tenu au mois de No-
| a vembre de cette annce. Le jeune Raymond , lon fils, vicntly
joindre. Tous ces Princes se préscntent au Concile,&se jettent
aux pieds du Papc, qui les fait lever ; ils exposent cnsuite leurs
| griefs contre Simon de Montfort & contre ie Legat, puis ils se
■ rctirent. Le Concile, ou plutôt le Pape , adjuge le Comte de
i Toulouse & les conquêtes des Croisés à Simon de Montfort, &
j réserve le reste au jeune Raymond, fils du Comte,
Simon de Montfort, l’an ui 6, prend une nouvelle posses-
; sson de Toulouse, & fait prêter sermcnt de fidélité aux habi-
| tans le 7 Mars. Le Comte Raymond & son fils, de retour de
j Rome la même annce, se mettent en devoir de recouvrer leurs
Etats; ils sont bien reçus à Marseilie, entrent dans Avignon aux
cris rédoublés de vive Touloujè, lc Comte Raymond & J'on
\ fils ; & y assemblent unearmée, dont le jeune Raymond prend le
commandement. Le Comte de Touloule , rappellé, l’an 1117,
- par Ics habitans de sa capitale , y est reçu , le 13 Septembre ,
avec les mêmes témoignages d’alégresse. II s’y ioutient contre
: les Seigneurs de la Mailon de Montfort, qui font des ettorts inu-
| tiles pour l’en chasscr. Simon vient lui-méme, sur la fin de Sep-
! tembre, rccommencerle siége de Toulouse, & le continue sans
| succès. Enfin, Je 15 Juin 111S, il cst tué devant cette place
| d’un coup de pierre lancée d’un mangonneau par les assiégés.
. ( Voy. son portrait dans l’Hist. dc Languedoc, T. III, p. 304.)
I Après sa mort, Amauri, son fils aîné & son iuccesseur, leve
le siége de Toulouse. Au printems de l’an xnp, les Croi-
sès, sous la conduite d’Amauri dc Montfort, assicgent Mar-
mande. Pendant cette expédition lc jeune Raymond, assisté des
Comtes de Foix & de Cominges, attaque, près de Basiege, à
trois lieues de Toulouse, un autre corps de Croisés , comman-
dé par Ferrand & Jean de Brigier, braves Chevaliers. Dans la
mèîée, il perce de part en part, d’un coup de lance, Jean de
Brigier, & lc renverse de son cheval, en s’écriant : Francs Che-
valiers, srappe^ ; Vheure ejl vetitie que nos ennemis vont être
enti'erement dêsaits. Ce coup & cette exhortation embrasent le
courage de ses troupes. Les François, ne pouvant tenir contre
leurs efforts , prennent la fuite en désordre. Le Prince Louis de
France, arrivé devant Marmande, répare cet échec en obiigeant
la place de se rendre à discrétion. L’Evêque dc Saintes lui con-
seiîle charitablement de passer la garnison au fil dc l’épée ; mais
le Duc de Bretagne & le Comte de S. Pol plus bumains , s’op-
posent à cette barbarie. Cependant ils ne peuvent empêcher que
îes troupes vicioricuses étant entrées dans la vilie , après la re-
traite de la garnison , 11e fàssent main-basse sur tous les habi-
tans. A cette expédition succède un nouveau siége de Touiouse;
ii est encore Icvé coinme la preiniere fois.
L’an im , Raymond VI meurt au mois d’Août, dans la
66 e annce de son âge. II eut l’avantage dc recouvrer, avant sa
mort, la plus grande partie de ses Etats, & de les transmettre
| à Raynrond VII , son fils uniquc , qui ne put jamais obtenir
que le corps de son perc reçût ies honncurs de la sépulture ec-
cièsiastiquc. De Beaxrix de Beziers , sa zc femrne, Ray-
mond VI avoit eu deux filles, Clémence , ou Constance , fem-
I me , 1° de Sanche ie Fort, Roi de Navarre, qui la répudia ;
[ z° de Pierre-Bermond, Seigneur de Sauve, qui disputa, mais
en vain , au nom de sa femme, la succession de son beau-pere,
à Simon de Montfort & à Raymond VII , prétendant que ce-
lui-ci étoit bâtard, attendu que lorsque sa mere le mit au
monde, la 3 e femmc de Raymond VI vivoit encore. Indie ,
z^ fille de Raymond VI & de Bèatrix de Beziers, fut marièe ,
i° à Guillebert de Laucrec ; 1° à Bernard-Jourdain , Seigneur
de l’Isse-Jourdain. La 4 e femme de Raymond VI, Jeanned’An-
gleterre, lui donna ce Raymond dont on vient de parler, & qui
va suivre. Elle mourut à Rouen l’an 1199 ou 1 zoo. Aux enfans
de Raymond VI, qui viennent d’être marqués, il faut ajouter
un autre fils (étoit-il légitime ou nonî ) inconnu à D. Vais-
sete, mais dénommé dans une Charte de Raymond VII, du
mois de Septembre 1x31, en cette maniere: Bertrandus Frater
Domini Comitis Tolofani. ( MJs. du Roi , n° 6009 , sol. 87. )
Les Historiens de la Croisade entreprise du tems de Ray-
; mond VI, con'tre les Albigcois, font de lui le portrait le plus af-
freux, sur-tout Pierre de Vaux-Cernai; mais cet écrivain est
trop partial & trop passionné : ainsi i’on doit se tenir en garde
contre lui, comme le remasque D. Vaissete, qui a mis dans un
grand jour ce qui regarde Raymond VI & ies Croisades de ce §
tems.
RAYMOND VII.
izzz. Raymond VII, fils de Raymond VI, & de Jeanne 1
d’Angleterre, né au mois de Juillet 1197, succède au Comte 1
Raymond , son pere. Ce Prince , qui s’ètoit dèjà signalé par |
disfèrens exploits, prelîesi vivement Amauri de Montfort, fils & |
succeiseur de Simon, que celui-ci, se voyant sans ressource, fait, §
le 14 Janv. 1 zzq, un Traitè avec les Comtes de Toulouse & de |
Foix , quitte ie pays pour toujours, & se retire en France, ou il 9
cèdeau KoiLouis VIII tous sesdroits sur les conquêtes des Croi-
sès. LejeuneRaymond cependant n'ètoit pasdisposè a se laissèr
dèpouillerpar le Monarque son Suzerain. Ilestexcommunié pu-
bliquement, & dèclaré hèrètique par le Cardinal de S. Ange ,
Lègat du Pape, l’an 1 zz6 , dans une Alsemblèe tenue à Paris le
z8 Janv. Louis VIII se charge de faire la guerre en personne au
Comte de Toulouse; il entre à ce dessèin dans ses Etats à la téte
d’une puissante armèe, & s’empare de toutes les villes & châ-
teaux du Languedoc, jusqu’à 4 lieues de Toulouse. Ce Prince
ètant mort le 8 Nov. iuz6 , Raymond se met en campagne ,
rètablit ses afraires, & soumet plusieurs places. La guerre con-
tinue jusqu’en izz^ (N. S. ). La paix est enfin conclue le iz
Avril de cette annèe, entre le Roi Louis IX & le Comte Ray-
mond, qui jure devant le grand portail de Notre-Dame deParis
d’observerleTraitè; après quoi il est conduit cn chemise & nu-
pieds jusqu’à l’autel où le Cardinal S. Ange lui donne l’abso-
îution. Par ce Traité, Raymond perdit la plus grande partie
de ses domaines ; ayant abandonnè à l’Eglise romaine tout ce
qui lui appartenoit au-delà du Rhône, & au Roi de France tous
les droits qui lui appartenoient dcpuis les limites du diocèse de
Toulouse ( diocèse qui comprenoit alors tout ce que renferme
aujourd’hui la Province ecclèsiastique de ce nom ) & depuis ia
rivkre de Tarn jusqu’au Rhône. Pourassurer la sincèritè de ses
disposidons, le Comte va sc mettre volontairement en prison au |
Louvre jusqu’a l’exècution des 3 articles préliminaires, auxquels §
il s’étoit engagé. Il y resta environ six semaines; & au sortir de I
là ii fut crèé Chevalier par le Roi Louis IX , le jour de la Pen-
tecôte, 3 Juin. Jeanne, fiile de Raymond, qu’il avoit remise
aux Officiers du Roi, comme on en étoit convenu dans le
Traitè de paix , rut fiancèe, dans ce même mois, avec Alfonse, j
frere du Roi : mais comme iis n’ètoient âgès que de 9 ans ,
ètant nès l’un & l’autre en izzo , le mariage ne fut accompli
que huit ans après. Raymond revint à Toulouse sur Ia fin de
Septembre, & y renouveila ses promesses en prèsence du Lègat.
Ce Prélat tint un Concile à Toulouse au mois de Novembre
suivant, dans lequel on ètabiit l’Inquisition pour la rcchcrche
des hèrètiques: & on cn commença aussitôtles procédures. Pen-
dant l’hiver on prit un nommé Guillaume, qu’on appelloit le
Pape des Âloigeois ,• & par sentence de ceTribunal, ii fut brûlé
vif.
L’an 1x3 3 , l’Inquisition est confièe aux Dominicains. Lasè- |
vèritè avec laqudic ils en exercerentles fon&ions, aigrit lcs peu- î
ples , qui menacerent quelques-uns des Inquisiteurs , & les
chassèrent de Touiouse, de Narbonne, & des autres vilies. L’an
IZ34, I e P aP c Grègoire IX , honteux enfin de s’étre prèvalu
de la situation violente où se trouvoit le Comte Raymond, pour |
s’enrichir à scs dèpcns , lui rendit le Marquisat de Provcnce,
que ce Prince avoit cédè à l’Eglise romaine sans la participation
de l’Empereur-Frèdèric II, Souverain de ce pays.
Raymond, l’an 1 z 3 y , essuie plusieurs sentences d’excommu-
nication de Ia part de l’Archevêque de Narbonne , des Inquisi-
teurs & dcs Commissaires du Pape, parce qu’il favorisoit Ic
soulèvement de ses sujets contre leurs exçès. 11 est absous, l’an
1x38, par Grègoire IX , & dispcnsè du voyage d’outre-mer.
L’an IZ40 , il se meten marche avec des troupcs pour s’ernpa-
rer de la Provence, que l’Empereur Frèdèric Illui avoit adjugèe
en partie , aprcs avoir mis Ie Comte Raymond-Bèrenger IV au
ban de l’Empire. Mais lcs sccours que celui-ci reçut de la
France obligerent le Comte de Toulouse à se retirer. Ray-
mond, l’an 1141, répudie, dans lcs formcs, Sancie , sœur de
Pierre, Iloi d’Aragon, son èpouse, dont il ètoit séparé depuis
long-tems. Le prétexte de ce divorce, autorisè par une sentence
de l’Evêque d’AIbi, ètoit une asfinitè spirituelle , qu’il disoit
avoir contraètèe avec la Princelse ; mais le vrai motif ètoit le
desir qu’il avoit d’èpouser Sancie, fîlle de Raymond -Bèren-
ger IV, Comte de Provence; cemariage, conclu à Aix le ti
Août, fut rompu, & Sancie èpousa Richard, frere du Roi
d’Angleterre.
Raymond, l’an 1 zyz , èpouse les intèrêts de Hugues, Comte j
de la Marche, contre Louis IX , Roi dc France : les dcux
Comtes nouent une ligue ensemble, dans laquelle iis fontentrer
Hcnri III, Roi d’Angleterre. Ce Monarque vient à Ieurs se-
cours, &: 11e remporte de son voyage que la honte d’avoir ètè
zzx&A- ■
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