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Clément, François [Editor]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

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https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0319

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DES COMTES

battu & mis en faite. Pendant que Louis est occupé en Poitou
& en Sainronge, Raymond , avec ses aliiés , entre dans les do-
maines du Roi sur la fin de J’uin , s’empare de diverses places ,
entre autrcs de Narbonne, d’où il chaile l’Archevêque, qui i'cx-
communie; ii reprend ie titre dc Duc dc Narbonne, & se rend
ensuite à Bordcaux , ouie Roi d’Angieterre s’étoit enfui après sa
défaitc, & se ligue avec iui 5 mais peu de tems après, voyant
les progrès du Roi Louis, & prdlé par lcs sollicitations de l’Evê-
que de Toulouse, il négocic pour faire sa paix , & i’obtient,
au mois de Janvier de l’an 1145, à Lorris. Raymond , cette
annce , palse ies Alpes , va trouver l’Empcreur Frédéric II dans
la Pouille, & delà se rend en Cour de Romc, afin de poursui-
vre son appel contre les Inquiiîteurs. 11 obticnt d’Innocent IV
son absoiucion, & s’emploie à ia réçoneiliation de Frédéric,
qui lui restitue le Marquisat de Provence. L’an 1144, Ray-
mond repasse dans ses Etats, après pius d’un an de séjour au-
deià des Alpes. L’année suivante , il va trouver ie Pape Inno-
cent IV à Lyon , & ailiste au Concile qui s’y tient : ii y tra-
vaiiie, pendant & après le Concile , à faire calser son mariage,
contraèlé, l’an 1245, avec Marguerite de ea Marche, pour
épouser Béatrix , filie &c hcritiere de Raymond-Bérenger IV,
Comte de Provence. II obtient la calsation, mais son mariage
avec Béatrix échoue. Il entreprend, l’an 1146, un pélerinageà
S. Jacques en Galice, dont on croit que la dévotion 11e fut que
Ie prétexte. L’an 1247 , ii se rend à la Cour du Roi de France,
qui i’engage à se croiser pour le voyage de la Terre-Sainte.
Raymond ne fit pas néanmoins ce voyage, parce qu’Inno-
cent IV i’en empêcha , & le retint dans le pays pour l’opposer
aux partisans de Frédéric. Raymond , l’an 1249 , étant tombé
malade, fait son testament ie z 3 Septembre , institue son hcri-
tiere universelle Jeanne , sa fille , née l’an 1 220 , marice , l’an
1237 (Sc non l’an 1241 )avec Alfonse, Comte de Poitou , frere
de S. Louis, & meurt à Milhaud enRouergueie 27 dece mois,
ài’âgede 32 ans. Ii fut inhumédans le cocur de l’Abbaye de Fon-
tevrault, auprès de Jcanne d’Angleterre , sa mere , comme il
i’avoit ordonné par son testament. Ainsi finit ia postérité mascu-
line des Comtes de Touîouse, après avoir subsisté & joui de ce
Comté pendant quatre siécies complets, depuis Frédclon, créé
Comte de Toulouse en 850 , par le Roi Chaiies le Chauve.
Raymond VII doit être regardé comme le fondateur de l’Uni-
versité de Toulouse. Car un des articles du Traité qu’il fit avec
S. Louis , portoit qu’il entretiendroit pcndant dix ans à Tou-
iouse des Maîtres ou Profeiseurs en Théologie , en Droit Ca-
non , en Philosophie & en Grammaire. Après les dix ans, les
sciences continuerent d’y ètre enseignées, & on y ajouta dans
la suite des Profeiseurs en Droit Civil & en Médecine , ce qui
forme les quatre Facultés dont est aujourd’hui composée cette
Université.

A L F O N S E.

1249. Alfonse, fîls de Louis VIII, RoideFrance, Comte
de Poitiers depuis 1241, succéda, l’an 1 249 , à Raymond VII,
dernier Comte de Toulouse, dont il avoit épousé la fille & l’hé-
ritiere. Alfonse étoit pour lors parti pour le voyage d’outre-mer
avec Jeanne, son épousej mais la Reine Blanche veiila aux
intérêts de son fiis pendant son absence, 8c recueillit pour
lui la successîon de Raymond. Aifonse, l’an 1250 , est faic pri-
Ibnnier par les Turcs avec le Roi son frere le < Avrilj déiivré
par compofîtion le 6 Mai suivant, & conduit à Damiette, il y
rejoint sa femme , qui témoigne une joie extrême de le revoir. ,
II s’embarque, vers la fin de Juin , au port d’Acre pour revenir j
en France , avec Charles , son frere , & les Princeises , ieurs
épouses. L’an 1251, Alfonse 8c Jeanne font, le 2 3 Mai, ieur
entrée solemnelie à Toulouse, 8c y reçoivent le sermentde fidé-
Iité des habitans. Après avoir parcouru ies tcrres de leurs do-
maines, ils revinrent en France, où ils firent depuis leur séjour
ordinaire , particulièrement au château de Vincennes. Vers la
fin de l’an 1252 , Alfonse se voyant en grand danger, par une
attaque d’apoplexie , fait vœu de retourner à la Terre-Sainte,

& prend ia croix : mais ce voyagc, retardé par différens obsta-

cles qui survinrent dans iasuite, 11e fut entrepris que i’an 1270.
L’an 1254, le Pvoi S. Louis, à son retour de ia Terre-Sainte,
étant à S. Gilles , y donne , au mois de Juiilet, une Ordon-
nance pour l’administration de la Justice dans le Languedoc.
II y estdit, entre autres choses, que s‘ii arrive quelque cas pref-
fantpour lequelil conviendroit de désendre l’exportation des den~
rées kors du pays, le Séncckal assernblera alors un Conseil non
fuspeci, auquel assisseront quelques-uns des Prélats, des Barons,
des ChevaLiers 6’ des habitans des bonnes viLles, de l’avis def-
queLs Le Sénéchaisera cettc dcfense ; G*, quand elle aura étéfaite,
ii ne pourra pius La révoque; sans un Confeil fembiabLe. C’est ie
plus ancien monument oü l’on voie que le Tiers-ètat, depuis
ï’étabiifîement du gouvernement féodal, ait été nommémenc
appellé dans ies Afîcmblées de la province dc Languedoc ôc
méme dans ceiies du Royaume.

L’an 1265, Alfonse favoriselaconstrudion du pont du Saint-
Esprit. Ce célebre pont, commencé cette année , ne futachevé
que vers la fin de l’an 1309, quoique le travaii eût toujours
été continué avec des peines & des dépenses incroyables 3 il a
donné dans la suite son nom à la viile de S. Saturnin-du-Port,
ainsi appeiiée à cause du pafîage qu’il y avoit en ce lieu sur le
Rhône. Ce furent ies habitans de S. Saturnin qui constiuifîrent
ce pont sous le nom du S. Esprit, parce qu’iis âttribuerent la
résolution qu’ils en avoient formée, à l’inspiration de l’Esprit
divin. ( Vaissete, T. III, p. 305. )

Alfonse , l' 'an 1270 , pour exécuter ie vœu qu’il avoit fait
18 ans auparavant, se rend avec la Comtefîe Jeanne , avant ia
fin dc Mai, à Aimargues , dans le diocèse de Nismes , où iîs
font, i’un Sc l’autre, leur testament. Ils s’embarquent à Ai~
gues-mortes, & joignent le Roi S. Louis au port de Cagiiari
en Sardaigne, où sa ssotte s’étoit arrétée , Sc débarquent a Tu-
nis le 17 Juillet. La mort de S. Louis, arrivée le 2y Août sui-
vant, ayant déconcerté tous les projets des Croisés, Alfonse &
son épouse fcat voile des côtes d’Afrique , abordcnt sur celies
de Sicile le 22 Novembre, & passent tout l’hiver & une partie
du printems dans cette Isse. Ilssemettent ensuite en rner, débar-
quent enltalie, Sc continuentieur routeparterre. Etant attaqués
l’un & l’autre d’une violente maladie au château dc Corneto, sur
les confins delaToscane & desEtatsdeGênes , ils se font trans-
porter à Savonne. Aifonse y mourut le vendredi 21 Août 1271,
âgé de 51 ans, sans laisser de postérité; Jeanne , son épouse,
mourut ie mardi suivant. Le corps d’Alfonse fut porté dans
l’Egl.se de S. Denis où il avoit choisi sa sépulture , 8c celui de
Jeanne dans l’Abbaye de Gerci en Brie, qu’elle avoit fondée
au mois d’Aoùt de l’an 1269. « Alfonse, ditD. Vaissete, fut un
« Prince débonnaire, chaste, pieux, aumônier, juste 8c équita-
« ble. II ne manquoit d’ailleurs ni de valeur ni de fermeté. II
33 marcha sur les traces du Roi, son frere, dans ia pratique des
33 vertus chrétiennes. 33 11 paroît que la Comtesse, sa femme,
étoit d’un caractere à peu près sembiabie. Philippe III, Roi de
France, recueiilit toute leur succession. En vain Philippe de Lo-
magne, héritiere de Jeanne, fit demander au Parlement, par
le ministere du Comte de S. Pol, son tuteur, d’être reçue à foi
8c hommage pour les domaines de cette successîon, qui avoient
appartenu a Jeanne ; elle fut déboutée de sa demande par arrêt
de l’an 1274. Le Comté de ’J’oulouse ne fut toutefois réunie à
la Couronne qu’en 136 1. Philippe III & ses successeurs gouver-
nerent jusqu’a cette année lcs diiférens pays , dont iis avoient
hcrité , par la mort de Jeanne, comme Comtes particuliers de
Toulouse , & non comme Rois de France.

Avant ia réunion du Comté de Touiousc à la Couronne, le
Comte & chaque Seigneur particulier aisembloient leurs su-
jets lorsqu’ils avoient des subsides à ieur demander. Après la réu-
nion , les Rois de France suivirent queique tems cette forme ,
& assembloient les habitans de chaque Sénéchaussee en particu-
lier. Mais Charles VII ayant trouvé plus à propos de convoquer
les Sénéchaussées en un seul corps d'Etats , cette forme a tou-
jours été observée depuis. ( Sur la cession du Corntat Venaissin
faite au S. Siége par Les Rois de France, voyez l'article du
Pape Grégoire X, )
 
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