DES COMTES E T DAU
Duchêne et Baluze, avec Guigues II, son pere, auquel
il succéda. II eut plusieurs démêlés avec S. Hugues ,
Evêque de Grenoble , à qui il céda, l’an 1098 , les
Eglises et les dimes qu’il pouvoit avoir dans le Grai-
sivaudan. Guigues III est vraisemblablement ce Gui
dont parle Eadmer , homme puissant, dit-il, qui
arrêta sur les frontieres du Lyonnois Herbert, Evêque
d’Herford , l’un des Prélats que le Roi d’Angleterre,
Henri I, envoyoit pour consulter le Pape sur ses disfé-
rends avec S. Anselme , et dont il tira 40 rnarcs pour
sa rançon après lui avoir fait promettre qu’il ne fe-
roit rien de contraire aux intérêts cle cet Archevêque.
( Eadmer, hist. Novor. , 1. 3. ) Guigues épousa Ma-
thilde , ou Maisinde , qu’on suppose être sortie d’une
Maison royale , sur ce qu’elle est csualifiée Regina
dans quelques titres. De ce mariage naquit Guigues IV,
qui suit. On ignore l’année de la mort de son pere.
GUIGUES IV, sijrnommé DAUPHIN.
Guigues IV ( appellé Guigues III par Duchêne et
Baluze) est surnommé Dauphin dans un acte passé,
vers l’an 114°, entre lui et Hugues II, Evêque de Gre-
noble. La raison de cette dénomination est encore un
problême aujourd’hui. Ce qu’on avance de plus pro-
bable, c’est qu’elle lui vint d’un Dauphin qu’il prenoit
pour emblême dans les tournois où il se signala. On
vantoit, dit-on, le Chevalier du Dauphin. L’usage
prévalut bientôt de l’appeller simplement le Dauphin,
et ce nom célebre clevint un titre de dignité pour ses
descendans. Guigues eut de fréquentes guerres avec les
Comtes de Savoie. Dans une bataille qu’il livra près
de Montmeillan au Comte Humbert III, il reçut une
blessure dont il mourut en 1142. II avoit épousé
Marguerite, fille d’Etienne, Comte, ou plutôt Ad-
ministrateur du Comté de Bourgogne, de laquelle il
eut Guigues, qui suit ; Marchise, iemme de Robert III,
Comte d’Aüvergne -, ët Béatrix, femrne de Guillaume
de Poitiers, Cornte de Valentinois.
GUIGUES V , PREMIER CoMTE DE VlENNOIS.
1142. Guigues V succéda en bas âge à Guigues-
Dauphin, son pere, sous la tutele de Marguerite, sa
mere. Parvenu à un âge plus avancé, il se rendit à la
Cour de l’Empereur Frédéric, qui le ht Chevalier de
sa propre main, et lui donna Béatrix , fille de Guil-
laume III, Marquis de Montferrat, sa parente, en ma-
riage. A ces marques d’honneur, Frédéric ajoutale don
d’une mine d’argent qui étoit à Rame, dans le Brian-
çonnois, avec pouvoir de faire battre monnoie. Gui-
gues fut le premier de sa race qui prit le titre de Comte
de Viennois en vertu de la cession que lui fit Ber-
thold IV, Duc de Zeringhen, de tous les droits que
ses ancêtres avoient possedés dans laville de Vienne,
par acte passé, l’an 1155 , en présence de l’Einpe-
reur Frédéric I. Guigues mourut au château de Ve-
zille en 1162, laissant encore à sa mere la Régence
du Dauphiné, avec Ie soin d’élever une fille unique,
Béatrix, qu’il avoit eue de son mariage avec une pa-
rente de l’Empereur Frédéric.,
BÉATRIX et HUGUES.
1162. Béatrix, fille unique de Guigues V, lui suc-
cëda sous la tutele de Marguerite , son aïeule , qui
mourut l’an 1163. Cette jeune Dauphine épousa,
i Q Albéric-Taillefer, fils de Raymond V, Comte de
Toulouse, pendant la jeunesse duquel Alfonse, son
oncle, administra le Dauphiné. Albéric étant mort
sans lignée en 1180, Béatrix se remaria, l’an 1183,
à Hugues III, Duc de Bourgogne. Ayant perdu ce
second mari, l’an 1192, elle épousa, en troisiemes
noces, Hugues de Coligni, Sire de Revermont ; al-
P H I N S DE VIENNOIS. 455
liance qui est prouvée par un acte de ce Seigneur,
et par une donation qu’il fit en 1202. ( Valbonnais. )
Béatrix rnourut en 1228, laissant de son second ma-
riage André, qui suit, avec une fille, nommée Ma-
haut, et du troisieme, Marguerite, femme d’Amé-
dée III, Comte de Savoie. ( V. Idugues III, Duc cle
Bourgogne. )
ANDRÉ, o u GUIGUES VI.
André, qui prit le nom de Guigues VI, fils de
Béatrix et de Hugues III, Duc de Bourgogne, suc-
céda dans le Dauphiné, à sa mere, du vivant de
cette Princesse. II épousa, i°, suivant M. Expilli,
Semnoresse , fille d’Aimar de Valentinois , dont il
n’eut point d’enfans ; 2 0 Marie de Sabran de
Castellar , dite de Claustral, petite-fille de
Guillaume IV, Comte de Forcalquier , d’Avignon ,
d’Embrun et de Gap, qui lui apporta en dot i’Em-
brunois et le Gapençois ; deux Comtés qui ont tou-
jours éte depuis unis au Dauphiné. Dégoùté de cette
seconde épouse, il la répudia , l’an 1210, sous pré-
texte de parenté, quoiqu’il en eût une fille, nom-
mée Béatrix, qui fut mariée, i° avec Amauri, hls
aîné de Simon, Comte de Montfort , 2 0 avec Dé-
métrius de Montferrat. Guigues-André se remaria ,
pour la troisieme fois, à Béatrix, fille de Boniface
le Géant, Marquis de Montferrat, qui le fit pere de
Guigues, qui suit. Béatrix , sa fille , étant veuve de
ses deux maris , lui ht cession de tout ce qui lui
appartenoit du chef de sa mere , pour cent mille sous
tournois. Dès l’an 1210 , avec le consentement de
sa seconde femme , il avoit cédé la Suzeraineté du
Cornté d’Embrun à Remond , Archevêque de cette
ville et à ses successeurs, pour le reprendre d’eux en
fief avec tous les devoirs d’un vassal envers son
Suzerain. L’acte de cette cession est signé par Eu-
des, Duc de Bourgogne , et confirmé par l’un et
l’autre avec serment. ( Trésor des Chartes , registre
intitulé : Copia plurium liter. et Just. Judic. Ebre-
dun. tangentium, lit. G,Jbl. 1. Noy. aussi le porte-
feuille 32 de Fontanieu. ) Guigues-André, l’an 1225,
acquit cle Guillaume I, Dauphin d’Auvergne, par
acte du 9 Octobre , les terres de Voreppe et de Vara-
cieu. L’année suivante, il établit à Champagnier un
Chapitre de treize Chanoines , qu’il transféra, l’an
1227, à S. André de Grenoble. Guigues - André
mourut le 5 Mars îo.by. ( N. S.) Ce Prince se qua-
lihoit quelquefois Palatin de Viennois. ( Noy. Guil-
laume II, ou IV, Comte de Forcalquier.)
GUIGUES VII.
1237. Guigues VII, hls et successeur du Dauphin
Guigues-André, prit les titres de Dauphin de Vien-
nois, et de Comte d’Albon, de Gap et d’Embrun.
L’an 1243, il ht hommage de ses Comtés de Vienne
et d’Albon à l’Archevêque de Vienne ; et, l’an 1245,
il reçut de l’Empereur Frédéric II, comme Roi d’Ar-
les , l’investiture des Comtés de Gap et d’Embrun.
Charles d’Anjou, Comte de Provence, ht, à cette
occasion, revivre ses prétentions sur ces deux Comtés ,
et fut sur le point d’en venir à une guerre ouverte
avec le Dauphin. Les choses s’accomirioderent, l’an
1257, par un acte du 17 Juillet, qui assuroit au
Comte de Provence l’hommage des domaines contes-
tés. Mais ce Traité ht naître un nouveau différend
qu’éleva l’Archevêque d’Embrun, prétendant qu’il don-
noit atteinte à ses droits. Le Pape se déclara en faveur
du Prélat, et l’affaire n’étoit point encore terminée en
1297. Guigues VII n’en vit point la décision, étant
mort sur la hn de 1269. De Béatrix, fille de Pierre,
Comte de Savoie, qu’ii avoit épousée le 3 Décembre j
1241 , illaissa Jean, qui suit, et Anne, qui succéda j
àsonfrere. Quelques Auteursl’appellent Guigues VIH, j
Duchêne et Baluze, avec Guigues II, son pere, auquel
il succéda. II eut plusieurs démêlés avec S. Hugues ,
Evêque de Grenoble , à qui il céda, l’an 1098 , les
Eglises et les dimes qu’il pouvoit avoir dans le Grai-
sivaudan. Guigues III est vraisemblablement ce Gui
dont parle Eadmer , homme puissant, dit-il, qui
arrêta sur les frontieres du Lyonnois Herbert, Evêque
d’Herford , l’un des Prélats que le Roi d’Angleterre,
Henri I, envoyoit pour consulter le Pape sur ses disfé-
rends avec S. Anselme , et dont il tira 40 rnarcs pour
sa rançon après lui avoir fait promettre qu’il ne fe-
roit rien de contraire aux intérêts cle cet Archevêque.
( Eadmer, hist. Novor. , 1. 3. ) Guigues épousa Ma-
thilde , ou Maisinde , qu’on suppose être sortie d’une
Maison royale , sur ce qu’elle est csualifiée Regina
dans quelques titres. De ce mariage naquit Guigues IV,
qui suit. On ignore l’année de la mort de son pere.
GUIGUES IV, sijrnommé DAUPHIN.
Guigues IV ( appellé Guigues III par Duchêne et
Baluze) est surnommé Dauphin dans un acte passé,
vers l’an 114°, entre lui et Hugues II, Evêque de Gre-
noble. La raison de cette dénomination est encore un
problême aujourd’hui. Ce qu’on avance de plus pro-
bable, c’est qu’elle lui vint d’un Dauphin qu’il prenoit
pour emblême dans les tournois où il se signala. On
vantoit, dit-on, le Chevalier du Dauphin. L’usage
prévalut bientôt de l’appeller simplement le Dauphin,
et ce nom célebre clevint un titre de dignité pour ses
descendans. Guigues eut de fréquentes guerres avec les
Comtes de Savoie. Dans une bataille qu’il livra près
de Montmeillan au Comte Humbert III, il reçut une
blessure dont il mourut en 1142. II avoit épousé
Marguerite, fille d’Etienne, Comte, ou plutôt Ad-
ministrateur du Comté de Bourgogne, de laquelle il
eut Guigues, qui suit ; Marchise, iemme de Robert III,
Comte d’Aüvergne -, ët Béatrix, femrne de Guillaume
de Poitiers, Cornte de Valentinois.
GUIGUES V , PREMIER CoMTE DE VlENNOIS.
1142. Guigues V succéda en bas âge à Guigues-
Dauphin, son pere, sous la tutele de Marguerite, sa
mere. Parvenu à un âge plus avancé, il se rendit à la
Cour de l’Empereur Frédéric, qui le ht Chevalier de
sa propre main, et lui donna Béatrix , fille de Guil-
laume III, Marquis de Montferrat, sa parente, en ma-
riage. A ces marques d’honneur, Frédéric ajoutale don
d’une mine d’argent qui étoit à Rame, dans le Brian-
çonnois, avec pouvoir de faire battre monnoie. Gui-
gues fut le premier de sa race qui prit le titre de Comte
de Viennois en vertu de la cession que lui fit Ber-
thold IV, Duc de Zeringhen, de tous les droits que
ses ancêtres avoient possedés dans laville de Vienne,
par acte passé, l’an 1155 , en présence de l’Einpe-
reur Frédéric I. Guigues mourut au château de Ve-
zille en 1162, laissant encore à sa mere la Régence
du Dauphiné, avec Ie soin d’élever une fille unique,
Béatrix, qu’il avoit eue de son mariage avec une pa-
rente de l’Empereur Frédéric.,
BÉATRIX et HUGUES.
1162. Béatrix, fille unique de Guigues V, lui suc-
cëda sous la tutele de Marguerite , son aïeule , qui
mourut l’an 1163. Cette jeune Dauphine épousa,
i Q Albéric-Taillefer, fils de Raymond V, Comte de
Toulouse, pendant la jeunesse duquel Alfonse, son
oncle, administra le Dauphiné. Albéric étant mort
sans lignée en 1180, Béatrix se remaria, l’an 1183,
à Hugues III, Duc de Bourgogne. Ayant perdu ce
second mari, l’an 1192, elle épousa, en troisiemes
noces, Hugues de Coligni, Sire de Revermont ; al-
P H I N S DE VIENNOIS. 455
liance qui est prouvée par un acte de ce Seigneur,
et par une donation qu’il fit en 1202. ( Valbonnais. )
Béatrix rnourut en 1228, laissant de son second ma-
riage André, qui suit, avec une fille, nommée Ma-
haut, et du troisieme, Marguerite, femme d’Amé-
dée III, Comte de Savoie. ( V. Idugues III, Duc cle
Bourgogne. )
ANDRÉ, o u GUIGUES VI.
André, qui prit le nom de Guigues VI, fils de
Béatrix et de Hugues III, Duc de Bourgogne, suc-
céda dans le Dauphiné, à sa mere, du vivant de
cette Princesse. II épousa, i°, suivant M. Expilli,
Semnoresse , fille d’Aimar de Valentinois , dont il
n’eut point d’enfans ; 2 0 Marie de Sabran de
Castellar , dite de Claustral, petite-fille de
Guillaume IV, Comte de Forcalquier , d’Avignon ,
d’Embrun et de Gap, qui lui apporta en dot i’Em-
brunois et le Gapençois ; deux Comtés qui ont tou-
jours éte depuis unis au Dauphiné. Dégoùté de cette
seconde épouse, il la répudia , l’an 1210, sous pré-
texte de parenté, quoiqu’il en eût une fille, nom-
mée Béatrix, qui fut mariée, i° avec Amauri, hls
aîné de Simon, Comte de Montfort , 2 0 avec Dé-
métrius de Montferrat. Guigues-André se remaria ,
pour la troisieme fois, à Béatrix, fille de Boniface
le Géant, Marquis de Montferrat, qui le fit pere de
Guigues, qui suit. Béatrix , sa fille , étant veuve de
ses deux maris , lui ht cession de tout ce qui lui
appartenoit du chef de sa mere , pour cent mille sous
tournois. Dès l’an 1210 , avec le consentement de
sa seconde femme , il avoit cédé la Suzeraineté du
Cornté d’Embrun à Remond , Archevêque de cette
ville et à ses successeurs, pour le reprendre d’eux en
fief avec tous les devoirs d’un vassal envers son
Suzerain. L’acte de cette cession est signé par Eu-
des, Duc de Bourgogne , et confirmé par l’un et
l’autre avec serment. ( Trésor des Chartes , registre
intitulé : Copia plurium liter. et Just. Judic. Ebre-
dun. tangentium, lit. G,Jbl. 1. Noy. aussi le porte-
feuille 32 de Fontanieu. ) Guigues-André, l’an 1225,
acquit cle Guillaume I, Dauphin d’Auvergne, par
acte du 9 Octobre , les terres de Voreppe et de Vara-
cieu. L’année suivante, il établit à Champagnier un
Chapitre de treize Chanoines , qu’il transféra, l’an
1227, à S. André de Grenoble. Guigues - André
mourut le 5 Mars îo.by. ( N. S.) Ce Prince se qua-
lihoit quelquefois Palatin de Viennois. ( Noy. Guil-
laume II, ou IV, Comte de Forcalquier.)
GUIGUES VII.
1237. Guigues VII, hls et successeur du Dauphin
Guigues-André, prit les titres de Dauphin de Vien-
nois, et de Comte d’Albon, de Gap et d’Embrun.
L’an 1243, il ht hommage de ses Comtés de Vienne
et d’Albon à l’Archevêque de Vienne ; et, l’an 1245,
il reçut de l’Empereur Frédéric II, comme Roi d’Ar-
les , l’investiture des Comtés de Gap et d’Embrun.
Charles d’Anjou, Comte de Provence, ht, à cette
occasion, revivre ses prétentions sur ces deux Comtés ,
et fut sur le point d’en venir à une guerre ouverte
avec le Dauphin. Les choses s’accomirioderent, l’an
1257, par un acte du 17 Juillet, qui assuroit au
Comte de Provence l’hommage des domaines contes-
tés. Mais ce Traité ht naître un nouveau différend
qu’éleva l’Archevêque d’Embrun, prétendant qu’il don-
noit atteinte à ses droits. Le Pape se déclara en faveur
du Prélat, et l’affaire n’étoit point encore terminée en
1297. Guigues VII n’en vit point la décision, étant
mort sur la hn de 1269. De Béatrix, fille de Pierre,
Comte de Savoie, qu’ii avoit épousée le 3 Décembre j
1241 , illaissa Jean, qui suit, et Anne, qui succéda j
àsonfrere. Quelques Auteursl’appellent Guigues VIH, j