DES COMTES D'ARTOIS. 771
» session conformément à un nouvel arrêt du mois de
« Mars i3i8 (jEncycîop. Méthod.)
Robert dévora son chagriri dans le silence jusqu’au
régne de Philippe de Vaiois. Ce Prince, dont il avoit
épousé la soeur , fut toucllé de son infortune. Mais
n’osant donner atteinte aux arrêts qui privoient son
beau-frere du Comté d’Artois, il érigea, pour le con-
soler, son Comté de Beaumont-le-Roger en Pairie, par
Lettres du mois de Janvier 1028. (V. S.) Cette fa-
veur, ajoutée à ce qu’il avoit déja reçu, lui parut in-
suffisante au prix de la succession qu’il réclainoit. Ii
demanda la révision du procès ; et comme il lui falloit
de nouveaux moyens, il eut recours à la fraude pour
s’en procurer. Avec le secours de Jeanne de Divion,
femme de Pierre de Broye , Gentilhomme, il fabriqua
quatre lettres et d’autres pieces qui prouvoient que llo-
bert II, son aïeul, avoit fait donation du Cornté d’Ar-
tois à Philippe son pere, que le Roi Philippe le Bel
avoit confirmé cette donation , et que Mahaut y avoit
consenti. 11 produisit outre cela cinquante - cinq té-
moins, qui furent entendus , et attesterent les mêrnes
faits. Mahaut mourut, dans ces entrefaites , d’une
maniere qui neparutpas naturelle, le 270ctobre 1029,
laissant d’ÜTTON IV, Comte deBourgogne, sonépoux,
entre autres enfans, Jeanne, qui suit. Mahaut avoit
assisté au sacre du Roi Philippe le Long, son gendre,
et y avoit soutenu la couronne sur la tête du Monar-
que avec les autres Pairs ; ce qui étoit sans exemple.
Elle avoit aussi pris séance au Parlement en qualité de
Pair, dans le jugement rendu, l’an i3i5, contre Ro-
bert de Béthune, Comte de Flandre. Le gouvernement
de cette Princesse, gouvernée elle-même par Thierri
d’Irechon, de Prévôt d’Aire fait Evêque d’Arras, ne
satisfit point les Artésiens. Après avoir long-tems mur-
muré sur les atteintes qu’elle donnoit aux ioix et coutu-
mes du pays, ilssesouleverentl’an i3i6 ;et sans la dili-
gence que Philippe le Long fit pour les réprimer, Robert
d’Artois, qui s’étoit venu mettre à leur tête , seroit de-
meuré maître du pays. ( Koyez Otton IV, Comte de
JBourgogne. )
J E A N N E I.
1329. Jeanne I, fille d’Otton IV et de Mahaut,
et veuve du Roi Philippe le Long , succéda dans le
Comté d’Artois à sa mere par une adjudication pro-
visionnelle, qui luifut accordée le 22Novembre 1329.
Elle mourut le 21 Janvier i33o (N. S. ), et sa mort
donna lieu aux mêmes soupçons que celle de sa mere.
JEANNE II e t EUDES.
1330. Jeanne II, fille aînée du Roi Philippe le Long
et de la Reine leanne, et mariée depuis le 18 Juin
1318 avec Eudes IV, Duc de Bourgogne, se mit en
possession du Comté d’Artois après la mort de sa
mere. Le Roi Philippe de Valois lui accorda, le 3o Août
i33o , des Lettres royaux , qui l’admirent à faire hom-
mage de ce Comté avec le Duc son époux. Après
avoir rempli ce devoir, Jeanne fit assigner le Comte
de Beaumont à déduire les moyens sur lesquels il fon-
doit sa prétention sur l’Artois. Ce fut alors que Pvobert
produisit les quatre lettres dont on a parlé. Jeanne et
son époux s’inscrivirent en faux contre ces pieces,
dontle Roise saisit. Jeanne de Divion, accusée d’avoir
eu part à leur fabrication, fut arrêtée ; elle avoua tout,
et noinma ses complices. Ceux-ci interroges, déclare-
rent n’avoir agi qu’à l’instigation du Comte de Beau-
mont. Arrêt de la Cour des Pairs qui prononce que
les lettres sont fausses, ordonne qu’elles soient lacé- |
rées, et condainne la Divion à être brûlée vive, ce I
qui fut exécuté le 6 Octobre i33i. Robert d’Artois, |
ajourné personnellement, laisse prendre quatre défauts I
contre lui; et enfin, le 19 Mars 1332 (N. S. ), la Cour
des Pairs le condamne au bannissement perpétuel et j
déclare tous ses biens confisqués. Robert n’avoit pas j
attendu cet arrêt pour s’expatrier ; il s’étoit retiré d’a- j
bord à Namur, puis en Brabant, d’où il passa, l’an
1334, en Angleterre auprès d’Edouard 111, qu’il en- j
gagea à disputer la Couronne de France à Philippe de
Valois. Ce Prince écrivit en vain au Monarque anglois
et au Sénéchal de Gascogne pour demander que Ro-
bert d’Artois fût renvoyé en France sous bonne et sûre
garde; il ne reçut pas même de réponse. Robert alors
fut déclaré ennemi du Roi et de l’Etat par Lettres du
7 Mars i337 (V. S. ). Ce nouveau jugement ne servit
qu’à l’affermir dans le parti qu’il avoit embrassé. 11
suivit Edouard dans la descente qu’il fit aux Pays-Bas.
Ayant assiégé S. Omer, ii fut battu sous les niurs de
la place, le 26 Juillet i3^o, et obligé de lever le siége.
11 commanda ensuite l’armée navale qu’Edouard en-
voya sur les côtes de Bretagne, et s’empara de la ville I
de Vannes. Mais bientôt ayant été assiégé par les Fran- |
çois dans cette place, il reçut tant de coups en la dé- j
fendant, qu’étant retourné à Londres, il y mourut de |
ses blessures l’an 1342. Sa fernme, complice d’une
partie de ses crimes , avoit été renfermée, l’an i334,
par ordre du Roi Philippe de Valois, son frere, au châ-
teau Gaillard (et non à Chinon), et finil ses jours le
9 Juillet 1363. Elle avoit eu de son mariage, contracté
l’an i3i8, Jean, Comte d’Eu ; Jacques et Robert,
tous deux enfermés d’abord au château de Noviex où
ils étoient en 1842, puis au château Gaillard ; Charles,
Comte de Longueville ; Louis , mort jeune; et Cathe-
rine , femme de Jean de Penthievre, Comte d’Aumale.
(Anselme. )
La plupart des Historiens prétendentque la Duchesse
Jeanne remit, en i335 , le Comté d’Artois à Philippe,
son fils. Mais il y a bien peu d’apparence que cette
Princesse s’en soit dessaisie en faveur d’un enfant de
12 ans. Si Philippe a donc porté le titre de Comte d’Ar-
tois, ce ne peut être que comme héritier présomptif
de sa mere ; on ne le qualifie pas cependant ainsi en
i338 dans le Traité de son mariageavec Jeanne d’Au-
vergne, où il est simplement nommé Philippe de Bour-
gogne, tandis que par cet acte le Duc etla Duchesse,
ses pere et mere, prennent, parmi leurs titres, celui de
Comte et de Comtesse d’Artois, que celle-ci garda
jusqu’à sa mort arrivée l’an i34y. {T^oyez Eudes IV ,
Duc de Bourgogne. )
PHILIPPE, dit DE ROUVRE.
1347. P HILIP pE ? fils de Philippe de Bourgogne et
de Jeanne d’Auvergne, succéda à Jeanne, son aïeule,
dans le Cointé d’Artois après le décès de cette Prin-
cesse. Celui d’Eudes IV, son aïeul, lui donna le Duché
de Bourgogne en 135o (N. S.), et son mariage avec Mar-
C O M T E S
Bernard, Comte d’Hesdin, Mathilde, sa femme, etGui, leur
fils, transigerent, en 1148, avec Eustache, Abbé de S. Sauve, qui
reconnut et leur garantit la possession des droits dont avoient joui
au village de Cavron les Comtes d’Hesdin , Enguerand et Gauthier.
( Charc. origin. ètant aux arch. de S. Sauve. )
Gui , sils de Bernard et de Mathilde , étant mort, on ne sait en
quelle année , sans postérité, le Comté d’Hesdin fut éteint et réuni
à la Flandre. La ville d’Hesdin obtint des Comtes de Flandre le
droit de Commune ; mais une sédition dans laquelle un Officier du
D’HESDIN.
Comte Philippe d’Alsace fat tué par les Bourgeois , lui fit perdre,
en 1179, ce privilége, qui fut transporté à la ville d’Aire après
qu’on eut précipité d’une tour les auteurs du meurtre. (Andreœ
Marchian. Chron. de Regib. Franc. )
Hesdin, l’année suivante, ainsi que plusieurs villes de l’Artois,
sit la dot d’Isabelle de Hainaut, niece de Philippe d’Alsace , lors-
qu’elle épousa le Roi Philippe-Auguste. Cette ville, qui est aujour-
d’hui considérable, estle chef-lieu d’un Bailliage composé de 90 pa-
roisses et d’environ 20 mille habitans. ( M. Expilli. )
» session conformément à un nouvel arrêt du mois de
« Mars i3i8 (jEncycîop. Méthod.)
Robert dévora son chagriri dans le silence jusqu’au
régne de Philippe de Vaiois. Ce Prince, dont il avoit
épousé la soeur , fut toucllé de son infortune. Mais
n’osant donner atteinte aux arrêts qui privoient son
beau-frere du Comté d’Artois, il érigea, pour le con-
soler, son Comté de Beaumont-le-Roger en Pairie, par
Lettres du mois de Janvier 1028. (V. S.) Cette fa-
veur, ajoutée à ce qu’il avoit déja reçu, lui parut in-
suffisante au prix de la succession qu’il réclainoit. Ii
demanda la révision du procès ; et comme il lui falloit
de nouveaux moyens, il eut recours à la fraude pour
s’en procurer. Avec le secours de Jeanne de Divion,
femme de Pierre de Broye , Gentilhomme, il fabriqua
quatre lettres et d’autres pieces qui prouvoient que llo-
bert II, son aïeul, avoit fait donation du Cornté d’Ar-
tois à Philippe son pere, que le Roi Philippe le Bel
avoit confirmé cette donation , et que Mahaut y avoit
consenti. 11 produisit outre cela cinquante - cinq té-
moins, qui furent entendus , et attesterent les mêrnes
faits. Mahaut mourut, dans ces entrefaites , d’une
maniere qui neparutpas naturelle, le 270ctobre 1029,
laissant d’ÜTTON IV, Comte deBourgogne, sonépoux,
entre autres enfans, Jeanne, qui suit. Mahaut avoit
assisté au sacre du Roi Philippe le Long, son gendre,
et y avoit soutenu la couronne sur la tête du Monar-
que avec les autres Pairs ; ce qui étoit sans exemple.
Elle avoit aussi pris séance au Parlement en qualité de
Pair, dans le jugement rendu, l’an i3i5, contre Ro-
bert de Béthune, Comte de Flandre. Le gouvernement
de cette Princesse, gouvernée elle-même par Thierri
d’Irechon, de Prévôt d’Aire fait Evêque d’Arras, ne
satisfit point les Artésiens. Après avoir long-tems mur-
muré sur les atteintes qu’elle donnoit aux ioix et coutu-
mes du pays, ilssesouleverentl’an i3i6 ;et sans la dili-
gence que Philippe le Long fit pour les réprimer, Robert
d’Artois, qui s’étoit venu mettre à leur tête , seroit de-
meuré maître du pays. ( Koyez Otton IV, Comte de
JBourgogne. )
J E A N N E I.
1329. Jeanne I, fille d’Otton IV et de Mahaut,
et veuve du Roi Philippe le Long , succéda dans le
Comté d’Artois à sa mere par une adjudication pro-
visionnelle, qui luifut accordée le 22Novembre 1329.
Elle mourut le 21 Janvier i33o (N. S. ), et sa mort
donna lieu aux mêmes soupçons que celle de sa mere.
JEANNE II e t EUDES.
1330. Jeanne II, fille aînée du Roi Philippe le Long
et de la Reine leanne, et mariée depuis le 18 Juin
1318 avec Eudes IV, Duc de Bourgogne, se mit en
possession du Comté d’Artois après la mort de sa
mere. Le Roi Philippe de Valois lui accorda, le 3o Août
i33o , des Lettres royaux , qui l’admirent à faire hom-
mage de ce Comté avec le Duc son époux. Après
avoir rempli ce devoir, Jeanne fit assigner le Comte
de Beaumont à déduire les moyens sur lesquels il fon-
doit sa prétention sur l’Artois. Ce fut alors que Pvobert
produisit les quatre lettres dont on a parlé. Jeanne et
son époux s’inscrivirent en faux contre ces pieces,
dontle Roise saisit. Jeanne de Divion, accusée d’avoir
eu part à leur fabrication, fut arrêtée ; elle avoua tout,
et noinma ses complices. Ceux-ci interroges, déclare-
rent n’avoir agi qu’à l’instigation du Comte de Beau-
mont. Arrêt de la Cour des Pairs qui prononce que
les lettres sont fausses, ordonne qu’elles soient lacé- |
rées, et condainne la Divion à être brûlée vive, ce I
qui fut exécuté le 6 Octobre i33i. Robert d’Artois, |
ajourné personnellement, laisse prendre quatre défauts I
contre lui; et enfin, le 19 Mars 1332 (N. S. ), la Cour
des Pairs le condamne au bannissement perpétuel et j
déclare tous ses biens confisqués. Robert n’avoit pas j
attendu cet arrêt pour s’expatrier ; il s’étoit retiré d’a- j
bord à Namur, puis en Brabant, d’où il passa, l’an
1334, en Angleterre auprès d’Edouard 111, qu’il en- j
gagea à disputer la Couronne de France à Philippe de
Valois. Ce Prince écrivit en vain au Monarque anglois
et au Sénéchal de Gascogne pour demander que Ro-
bert d’Artois fût renvoyé en France sous bonne et sûre
garde; il ne reçut pas même de réponse. Robert alors
fut déclaré ennemi du Roi et de l’Etat par Lettres du
7 Mars i337 (V. S. ). Ce nouveau jugement ne servit
qu’à l’affermir dans le parti qu’il avoit embrassé. 11
suivit Edouard dans la descente qu’il fit aux Pays-Bas.
Ayant assiégé S. Omer, ii fut battu sous les niurs de
la place, le 26 Juillet i3^o, et obligé de lever le siége.
11 commanda ensuite l’armée navale qu’Edouard en-
voya sur les côtes de Bretagne, et s’empara de la ville I
de Vannes. Mais bientôt ayant été assiégé par les Fran- |
çois dans cette place, il reçut tant de coups en la dé- j
fendant, qu’étant retourné à Londres, il y mourut de |
ses blessures l’an 1342. Sa fernme, complice d’une
partie de ses crimes , avoit été renfermée, l’an i334,
par ordre du Roi Philippe de Valois, son frere, au châ-
teau Gaillard (et non à Chinon), et finil ses jours le
9 Juillet 1363. Elle avoit eu de son mariage, contracté
l’an i3i8, Jean, Comte d’Eu ; Jacques et Robert,
tous deux enfermés d’abord au château de Noviex où
ils étoient en 1842, puis au château Gaillard ; Charles,
Comte de Longueville ; Louis , mort jeune; et Cathe-
rine , femme de Jean de Penthievre, Comte d’Aumale.
(Anselme. )
La plupart des Historiens prétendentque la Duchesse
Jeanne remit, en i335 , le Comté d’Artois à Philippe,
son fils. Mais il y a bien peu d’apparence que cette
Princesse s’en soit dessaisie en faveur d’un enfant de
12 ans. Si Philippe a donc porté le titre de Comte d’Ar-
tois, ce ne peut être que comme héritier présomptif
de sa mere ; on ne le qualifie pas cependant ainsi en
i338 dans le Traité de son mariageavec Jeanne d’Au-
vergne, où il est simplement nommé Philippe de Bour-
gogne, tandis que par cet acte le Duc etla Duchesse,
ses pere et mere, prennent, parmi leurs titres, celui de
Comte et de Comtesse d’Artois, que celle-ci garda
jusqu’à sa mort arrivée l’an i34y. {T^oyez Eudes IV ,
Duc de Bourgogne. )
PHILIPPE, dit DE ROUVRE.
1347. P HILIP pE ? fils de Philippe de Bourgogne et
de Jeanne d’Auvergne, succéda à Jeanne, son aïeule,
dans le Cointé d’Artois après le décès de cette Prin-
cesse. Celui d’Eudes IV, son aïeul, lui donna le Duché
de Bourgogne en 135o (N. S.), et son mariage avec Mar-
C O M T E S
Bernard, Comte d’Hesdin, Mathilde, sa femme, etGui, leur
fils, transigerent, en 1148, avec Eustache, Abbé de S. Sauve, qui
reconnut et leur garantit la possession des droits dont avoient joui
au village de Cavron les Comtes d’Hesdin , Enguerand et Gauthier.
( Charc. origin. ètant aux arch. de S. Sauve. )
Gui , sils de Bernard et de Mathilde , étant mort, on ne sait en
quelle année , sans postérité, le Comté d’Hesdin fut éteint et réuni
à la Flandre. La ville d’Hesdin obtint des Comtes de Flandre le
droit de Commune ; mais une sédition dans laquelle un Officier du
D’HESDIN.
Comte Philippe d’Alsace fat tué par les Bourgeois , lui fit perdre,
en 1179, ce privilége, qui fut transporté à la ville d’Aire après
qu’on eut précipité d’une tour les auteurs du meurtre. (Andreœ
Marchian. Chron. de Regib. Franc. )
Hesdin, l’année suivante, ainsi que plusieurs villes de l’Artois,
sit la dot d’Isabelle de Hainaut, niece de Philippe d’Alsace , lors-
qu’elle épousa le Roi Philippe-Auguste. Cette ville, qui est aujour-
d’hui considérable, estle chef-lieu d’un Bailliage composé de 90 pa-
roisses et d’environ 20 mille habitans. ( M. Expilli. )