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CHRONOLOGIE HISTORIQUE
nemarcK, son cousiil, et, l’an 1117, celui de S. Paul.
Mais peu de tems après il lui rendit ce dernier à ia
priere du Comte de Boulogne. Après la mort de
Bauclouin , le Comte de S. Paul entra dans la ligue
formée par la veuve cle Robert le Jérosolimitain, pour
exciure du Comte de Plandre Charles de UanemarcK,
et le faire tomber à Guillaume d’ipres. Charles triom-
pha de tous les confédérés ; et étant entré dans le Comté
de S. Paul, il en rasa toutes les forteresses et con-
traignit ie Comte à lui demander la paix. ( Bouquet,
T. XIII, p. 037. ) Elle lui fut accordée , dit Meyer,
à condition de rentrer dans la mouvance de la ITan-
dre dont ses prédécesseurss’étoientaftranchis. Hugues
mourut l’an 1 i3o, ou 1 i3i (et non pas 1126), ayant
eu cPElisende , sa premiere femme , ÏTugues, qui suit,
et Enguerand , tué, corame on l’a dit, devant Marra en
Palestine. De Marguerite de Clermont, Comtesse
d’Amiens, sa seconde femme, veuve de Charles le Bon,
Comte de Flandre, il eut deux fils, Raoul et Gui,
morts avant lui. Ducange ( Hist. manuscrite d’A-
rniens ) pense que de ce même lit sortit Béatrix , que
d’autres attribuent au premier, et qui, étant devenue
héritiere du Comté d’Amiens, le reportadans la Mai-
son de Boves en épousant Robert, seconcl iils de Tho-
mas de Marle. Marguerite, après la inort de Hugues,
convola en troisiemes noces. Les modernes prétendent
que ce fut avec Thierri d’Alsace, Comte de Flandre,
cm’elle les contracta ; mais Ducange soutient c^ue son
troisieme mari fut Baudouin d’Encre, dont elie eut,
dit-il, une fille, qui fut mere de Gauthier, Seigneur
d’FIeilli (ibid. ), et il a pour lui un Généalogiste du
tems cle Phiiippe-Augusle. (Bouq. T. Xlll, p. 4i5.)
H U G U E S III.
1 i3o ou 1131. FIugues III, successeurde HuguesII,
son pere, fitune guerre très vive aux Colletons, établis
sur les borcls de la riviere d’Authie dans le Ponthieu.
Vainqueur en diverses rencontres, il obligea ses ennemis
à se réfugier dans la ville de S. Riquier, qui alors étoit
une des mieux fortifiées du Royaume. Hugues vint
mettre Ie siége devant cette place ; et l’ayant emportée
d’assaut le 28 Juillet 1131 , il y mit tout à feu et à
sang, ainsi que clans l’Abbaye, massacrant tout ce
qui tomboit sous sa main , sans distinction d’âge , de
sexé et d’état, brûlant les lieux saints comme les pro-
fanes. Le feu grégeois fut employé dans cette funeste
expédition ; et l’on rapporte qu’un Moine, en ayant
été atteint pendant qu’il célébroit la grand’messe , fut
brûlé vif au milieu des saints mysteres. ( Chron. Cen-
tul rnin. ) L’Abbé Anscher alla se plaindre de ces vio-
lences au Pape Innocent II, qui tenoit pour lors un
Concile à Reims. Mais l’anathême dont cette Assem-
blée frappa le Comte Hugues , loin de lui toucher le
cœur , ne servit qu’à l’endurcir. De S. Riquier , si
l’on en croit le P. Turpin , les Colletons s’étoient
sauvés chez Robert Comte de Ponthieu , qui leur avoit
donné retraite. Hugues, ajoute cet Ecrivain , pour se
venger de cet acte d’humanité , tendit à Robert une
embuscade, et le tua comme ii revenoit de la chasse.
Mais ce récit non seulement n’est appuyé d’aucune
preuve, il est de plus formeliement démenti par ce que
| les anciens monmnens nous apprennent de Robert de
Bellême,qui est le Comte de Ponthieu dont il s’agitici.
( Voyez juobert II, Comte de BelLême et d Alencon,
et Robert, Comte de Ponthieu. ) Nous ne pouvons
ajouter plus de foi à ce que dit encore de son chef le
mêmeauteur, que Hugues III mit ie comble à ses vio-
lences en poignardant à Pautel un Prêtre pour avoir
déciamé contre sa tyrannie. Ce qui est certain, c’est
que le Roi Louis le Gros, sur les plaintes qui lui furent
portées par les Eglises que Hugues III opprimoit ,
étoit dans la disposition de marcher contre lui pour
le réprimer , comrne on le voit par une lettre du Roi
Louis le Gros à l’Evêque d’Arras , dans laquelle ii té-
moigne être déterminé à ne rien négliger pour arrêter
et punir la fureur du Comte de S. Paul. (Raluze,Miscel.
T. V, p. 445. ) Hugues prévint le coup en rentrant cn
lui-même et se soumettant à la pénitence. Pour ob-
tenir son absolution , il s’adressa au Pape Innocent II,
qui lui enjoignit de fonder un Monastere pour rëparer
le mal qu’il avoit fait. II fonda en conséquence, l’an
11^7 , i’Abbaye de Cercamp , Carus - Campus, sur
la Canche , dans laquelle il plaça, l’an 1141, une co-
lonie de Cisterciens, qu’il avoit été lui-même chercher
à Pontigni, au diocèse d’Auxerre. ( Gall. Chr. T. IX ,
col. i36. ) La conversion de Hugues ne le ht pas re-
noncer au métier des armes. I/an ii4°> ü nt une
ligue avec le Comte de Hainaut contre Thierri d’Al-
sace , Comte de Flandre. Mais étant venus l’attaquer,
les deux Comtes furent vigoureusement repoussés par
celui-ci, lequel, étant entré sur leurs terres , prit sur
eux divers châteaux qu’il rasa, et s’enretourna chargé
dedépouilles. (Chron. Elnon.) Flugues mourut l’année
suivante , laissant de Béatrix , son épouse , cinq fds
et trois filles. Les fils sont Ingelram , qui suit; Hugues,
mort sans alliance ; Anselme, qui continua la posté-
rité; Raoul et Gui: les fdles, Angélique, ou Angéline,
femme d’Anselme de Flousdain ; Adélaïde, femme de
Robert le Roux , Sire de Béthune ; et Béatrix , femme
de liobert , quatrieme fds de Raoul I , Sire de Couci.
La mere de ces enfans fut inhumée à Cercamp.
INGELRAM.
1141. Ingelr am , ouEnguerand, fds aîné de
Hugues III et son successeur, mourut l’an n5o, peu
après avoir épousé Ide , fille de Nicolas d’Avêne : son
frere , Flugues , l’avoit précédé de quelques jours au
tombeau. (Duchêne, M. de Châtillon.)
ANSELME.
n5o. Anselme , deuxieme frere dTngeîram , lui
succéda, et mourut l’an 1174» laissant d’EusTACHE
de Champagne , son épouse , Hugues, qui suit ; In-
gelram , pere , suivant quelques uns , d’Hugues de
Beauval ; Gui , Sénéchal de Ponthieu ; et Béatrix ,
femme de Jean , Comte de Ponthieu. Anselme pos-
sédoit héréditairement les Prébendes de S. Gervais
d’Encre. Averti de cet abus , il les remit, en n54, à
Thierri, Evêque d’Amiens. (Duchêne, ibid.)
H U G U E S IV.
1174. Hugues IV , fds aîné d’Anselme et son suc-
cesseur au Comté de S. Paul, mérita l’estime et la re-
connoissance du Roi Philippe-Auguste par les services
qu’il lui renditdans lespremieres années de son régne.
Nous ne les connoissons point en détail ; mais 011
peut juger de leur importance par la récompense que
Hugues en reçut du Monarque. Elle consistoit dans le
don que Philippe-Auguste lui fit des terres de Pont-
Sainte-Maxence , de Verneuil et de Pontpoint, pour
lui et ses héritiers, propterfidelesenndum. La Charte
de cette concession est datée de Dun-le-Roi l’an 1194.
( Cartul. de Philip. Aug. fol. 94, R°. ) II avoit accom-
pagné, quatre ans auparavant, le Comte de i landre en
Orient, ets’étoit distingué au siége d’Acre. Etant parti,
au mois d’Avril 1202, pourune nouvelle Croisade, il
se laissa engager comme les autres Croisés par les Vé-
nitiens à faire le siége de Zara. Après la prise de cette
place , il s’embarqua avec l’armèe victorieuse pour
Constantinople , et paya de sa personne à l’assaut de
cette ville, qui fut emportée le 12 Avril de l’an 1204.
Cette expédition ayant fait passer l’Empire grec aux
Latins , Baudouin , nouvel Empereur , donna l’épée
de Connétable au Comte de S. Paul, qui ia porta au ^
couronnement de ce Prince. Nous avons la relation .