Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Clément, François [Editor]
L' Art De Vérifier Les Dates Des Faits Historiques, Des Chartes, Des Chroniques, Et Autres Anciens Monumens, Depuis La Naissance De Notre-Seigneur: Par le moyen d'une Table Chronologique, o l'on trouve les Olympiades, les années de J.C., de l'Ere Julienne ou de Jules César, des Eres d'Alexandrie & de Constantinople, de l'Ere des Séleucides, de l'Ere Césaréenne d'Antioche, de l'Ere d'Espagne, ... ; Avec Deux Calendriers perpétuels, ... (Band 2) — Paris, 1784 [Cicognara, 2479-II-1-2]

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.29075#0859

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
DES DUCS DE NORMANDIE, DES COMTES D’ANJOU ET DU MAINE. 841

DUCS DE NORMANDIE.

du Dlic Robert I , et d’Harlette , né à
Falaise sur la fm de 1027, fut envoyé,
après la mort de son pere , par le Roi
Henri I, en Normandie, pour prendre
possession de ce Duché, à l’exception
du Vexin françois , que ce Monarque
retint. Le défaut de sa naissance et son
extrême jeunesse donnerent lieu à plu-
sieurs conspirations qui se formerent
potir le dépouiller. Roger de Toéni,
qui tiroit son origine d’un oncle du Duc
Rollon, fut un des premiers qui s’éle-
verent contre lui. II avoit un assez
grand nombre de partisans : mais avant
qu'il les eût rassemblés , il fut tué par
un autre Roger , Seigneur de Beau-
mont. Le sang de ce rebelle n’éteignit
pas le feu de la révolte : il demeura ca-
ché sous la cendre , et éclata par des
éruptions fréquentes, dont la plus dan-
gereuse fut excitée par Gui Comte de
Brione et de Vernon , cousin du Duc
Guillaume, et fils de Renaud I, Cornte
de Bourgogne. Guillaume, avec lequel
il avoit été élevé , l’avoit lui-même gra-
tihé des terres dont il jouissoit en Nor-
mandie ; mais l’ambition étouffa telle-
ment dans son cœur les sentimens de
reconnoissance, qti’il attenta, non seu-
lement au trône , mais à la vie de son
bienfaiteur. Ayant échappé avec peine
au danger , le Duc se réfugie auprès du
Iloi Henri , qui se met lui-même à la
tête d’une armée pour le rétablir. II y
réussit par la victoire qu’il remporta ,
l’an 1047 , sur les factieux au Val des
Dunes , entre Caen et Argentan. Les
services ciu Monarque françois n’étoient
pas gratuits : il avoit exigé d’avance
que le Duc lui cédât pour son dédom-
magement le château de Tillieres, qui
l’incommodoit. Maitre de la place, il la
fit raser, et ensuite la réédifia , contre
la parole qu’il avoit donnée. Ce fut la
cause d’un refroidissement entre ces
deux Princes , qui dégénéra en une
guerre ouverte.

L’an io53, Guillaume, Comte d’Ar-
ques, sollicité par Mauger son frere ,
Archevêque de Rouen, et appuyé de la
France, se révolte contre le Duc de
Normandie , prétendant qu’étant fils
légitime de Richard II, ce Duché lui
devoit appartenir plutôt qu’au bâtard
de Robert II. Bataille clevant le châ-
teau d’Arques assiégé par le Duc et
leCointed’Eu. EngueranclII,Comtede
Ponthieu , allié du rebelle, y périt avec
plusieurs Seigneurs du même parti ;
d’autres sont faits prisonniers. Le Pvoi
de France , campé à S. Aubin , s’en
retourne dès qu’il apprend la défaite
des alliés. L’an 1 o54 (V. S. ), nouvelle
irruption du Monarque françois , as-
sisté du Cornte d’Anjou , dans la Nor-
mandie. II entre en Février dans le
Cornté d’Evreux, tandis qu’Eudes son
frere pénetre dans le Caux par le Beau-
voisis. Mais ce dernier est défait par le
Comte d’Eu près de Mortemer ( x ) , et

C O M T E S D’ A N J O U.

pes sur les terres du Comte, et s’avan-
ce jusqu’aux portes d’Angers. Mais
apprenant que Geofroi Martel accourt
au secours de la place, Guerin se re-
tire dans un poste avantageux, entre
la Maine et la Sarte. Le Comte l’ayant
atteint, le combat s’engage. Guerin
va droit, la lance baissée, à Robert le
Bourguignon qu’il avoit remarqué. Sa
lance se rornpt dans les armes de Ro-
bert sans le blesser. Celle du Bourgui-
gnon le perce de part en part, et le
renverse presque mort. II expire tandis
qu’on l’emporte à Craon. Arrivé dans
cette ville , Geofroi Martel en donne la
Seigneurie au vainqueur de Guerin,
se réservant le Prieuré de S. Clément
de Craon. Mais Guerin laissoit une
fdle unique nommée Berthe, veuve de
Robert de Vitré. Robert le Bourgui-
gnon venoit aussi cle perdre Havoise
de Sablé, sa femrne. Pour lui assurer
la possession tranquille de la terre de
Craon , Geosroi Martel lui fit épouser
la hlle de Guerin, et par là le rendit
l’un des Seigneurs les plu.s puissans
de l’Anjou. ( Ménage, Hist. de Sablè,
pp. 120-120. Morice, Hist. de Bret.
T. I, pp. 73-74.) _

Continuons l’histoire de Geofroi
Martel. Quelqu’habile qu’il fut au mé-
tier de la guerre, la victoire ne cou-
ronna pas toujours ses expéditions.
Ayant osé prendre les armes contre le
Roi Flenri, son Souverain, ce Monar-
que le contraignit par ses victoires et
ses conquêtes à lui demander la paix.
Le Comte d’Anjou voulut se venger de
ses pertes sur Guillaume, Duc de Nor-
mandie, qui avoit servi le Roi contre
lui ; mais il n’y trouva pas son avan-
tage. La prise de Domsront et d’Alen-
çon, qui 11e lui coûta que la peine de
corrompre les princ.ipaux habitans de
ces deux places, lui fit naître à la vé-
rité l’espérance de faire de grancles con-
quêtes en ce pays. Mais ce fut une il-
lusion dont le Duc ne tarda pas à le
faire revenir. Guillaume vint mettre le
siége devant Alençon, et pressa si vive-
ment la place, que les assiégés furent
bîentôt aux abois. Le Comte d’Anjou
ne manqua pas d’accourir à leur se-
cours, et dans sa route il dépêcha au
Duc deux Seigneurs de son parti pour
lui annoncer que dans trois jours il lui
livreroit bataille, monté sur 1111 che-
val de tel poil, et avec telles armoiries :
Simul e.ximid arrogantiâ colorem
equi sui, et armorum insignia quce
habiturus sit, insinuat. II nous paroît
que, surl’article des armoiries, l’Histo-
rien ( c’est le continuateur de l’histoire
de Bede ) fait parler Geofroi Martel
suivant l’usage du tems où il écrivoit :
car il y a des preuves certaines que
ces marques de distinction n’étoient
pas encore en usage du tems de ce
Prince. Guillaume rendit au Comte
rodomontade pour rodomontade. Mais

COMTES DU MAINE.

même dès l’an 1072 au plus
tard , selon Muratori. L’an
io83, Ilubert, Vicomte du
Mans , et gendre de Guillau-
me I, Cointe de Nevers , s’é-
tant brouillé avec le Roi Guil-
laume, se met en garde contre
son ressentirnent. Nepouvant
défendre ses châteaux de Beau-
inontet de Frênai sur la Sarte,
il Ies abandonne , va se can-
tonner dans celui de Sainte-Su-
sanne , sur les confms de l’An-
jou et du Maine, et de là fait
des courses sur les Normands,
chargés de garder la derniere
de cesdeuxprovinces. C’étoit,
ditOrdéric Vital, unSeigneur
d’une haute extraction, d’un
grand courage, d’une valeur
à toute épreuve, et d’une har-
diesse que rien n’étonnoit.
Guillaume étant venu pour
l’assiéger dans Sainte-Susan-
ne , ne put y réussir : des ro-
chers escarpés, qui environ-
noient la place, en défendoient
l’approche. Le Monarque se
contenta de faire construire
un Fortdans le Val-Beugi pour
la tenir en bride, et partit en-
suite pour la Normandie , où
l’appelloit une nouvelle ré-
voîte de Robert son fils. En
c]uittant le Maine, il y laissa
Guillaume et Henri, ses deux
autres fds, pour continuer la
guerre sous la conduite du
Duc de Bretagne. Elle dura
l’espace cle trois ans, pendant
Iesquels Hubert soutint si vail-
lamment les efforts de ses en-
nemis , et leur fit essuyer cle
si grandes pertes avec les se-
cours c]ui lui étoient venus
d’Aquitaine, de Bourgogne, et
d’autres provinces , que dés-
espérant de pouvoir le ré-
duire, le Roi Guillaume, mal-
gré toute sa fierté, prit le parti
cle lui osfrir la paix. Elle se fit
en rétablissant Ie Vicomte
dans tous les biens et hon-
neurs clont il avoit été privé.

( Ordèric , L. VII. ) Le Roi
Guillaume ne survécut guere
plus d’une année à cetévéne-
ment, étant mort le 8 ou le
9 Septembre 1087 ( Voy. les
Ducs de ISormandie. ) Le
Vicomte Hubert paroit l’avoir
suivi de près au tombeau. II
avoit épousé , l’an 1067 , Er-
mengarde, fille de Guillau-
me 1, Comte de Nevers, après
la mort cle laquelle il se re-
maria, versl’an 1086, àGode-
childe. Du premier lit il eut
RaoulIII, son successeur; Go-
dechilde, Abbesse d’Estival;

( 1 ) Et non pas de Mortain, coimne il a ete dit T. I, p. 570 , c51 1 , 1. 6, en reniontant.

Torne //.

D 19
 
Annotationen