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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Lourdes et celle de la crosse de S. Ém. le cardinal Titra ; là encore
le dessin est tout plein de détails : outre les armes, les attributs,
les emblèmes et les ornements, il y a trois sujets, trois légendes reli-
gieuses : saint Pierre dans sa prison, — saint Benoît se précipitant sur
un buisson d’épines, — et saint Jean-Baptiste pressant entre ses bras
l’Agneau sans tache.
Entre les richesses que contient l’exposition d’orfèvrerie lyonnaise,
signalons le calice de Mgr de Fréjus, le reliquaire de la sainte Épine et le
reliquaire du Saint-Mors de Carpentras ; mais il convient de donner une
mention toute spéciale au magnifique retable du maître-autel de Notre-
Dame de Bourg-en-Bresse. M. Jarrin a fait de l’ensemble de l’édicule une
savante et remarquable description ; mais ce qu’il faut surtout louer, c’est
la composition des deux bas-reliefs par Dufraine, dont les figures sont
d’un sentiment exquis, — une Nativité et une Piété, — adorablement
modelées et ciselées, et se détachant en bronze doré sur le marbre, dont
la blancheur crue est tempérée par des rinceaux émaillés et incrustés
à Heur des surfaces. L’effet en est joli, plein d’harmonie, et cette poly-
chromie, douce et discrète, prête à l’ensemble un charme infini.
Pour revenir des ornements religieux à l’orfèvrerie civile, je n’ai pas
de transition meilleure que de parler d’abord de M. Froment-Meurice.
Outre une jolie statuette de la Vierge, dont les chairs sculptées sur cal-
cédoine rose, c’est-à-dire en matière transparente, ont le défaut de
manquer de solidité à l’œil, parleur contraste avec les vêtements d’argent
émaillé, nous trouvons un remarquable ostensoir dessiné par Cameré.
Cette pièce offerte à l’église Notre-Dame du Sacré-Cœur d’Issoudun, par
la comtesse de Bardi, est entièrement revêtue d’émaux champlevés et
flinqués, dont la gamme harmonieuse s’enroule en longues feuilles byzan-
tines sur des formes grasses et souples ; une couronne de lis, sertie en
diamants et gracieusement mouvementée, entoure le cabochon de cristal
qui protégera l’hostie. Cet ostensoir n’a pas la recherche archaïque des
ouvrages de Poussielgue, ni les raffinements des orfèvreries lyonnaises ;
mais il doit être offert comme un excellent spécimen d’ornementation
religieuse.
« Froment-Meurice n’a pas beaucoup exécuté par lui-même, quoi-
qu’il maniât avec beaucoup d’adresse l’ébauchoir, le ciselet et le mar-
teau. 11 inventait, il cherchait, il dessinait, il trouvait des combinaisons
heureuses; il excellait à diriger un atelier, à souiller son esprit aux
ouvriers. Son idée, sinon sa main, a mis un cachet sur toutes ses
œuvres. Comme un chef d’orchestre, il inspirait et conduisait tout un
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Lourdes et celle de la crosse de S. Ém. le cardinal Titra ; là encore
le dessin est tout plein de détails : outre les armes, les attributs,
les emblèmes et les ornements, il y a trois sujets, trois légendes reli-
gieuses : saint Pierre dans sa prison, — saint Benoît se précipitant sur
un buisson d’épines, — et saint Jean-Baptiste pressant entre ses bras
l’Agneau sans tache.
Entre les richesses que contient l’exposition d’orfèvrerie lyonnaise,
signalons le calice de Mgr de Fréjus, le reliquaire de la sainte Épine et le
reliquaire du Saint-Mors de Carpentras ; mais il convient de donner une
mention toute spéciale au magnifique retable du maître-autel de Notre-
Dame de Bourg-en-Bresse. M. Jarrin a fait de l’ensemble de l’édicule une
savante et remarquable description ; mais ce qu’il faut surtout louer, c’est
la composition des deux bas-reliefs par Dufraine, dont les figures sont
d’un sentiment exquis, — une Nativité et une Piété, — adorablement
modelées et ciselées, et se détachant en bronze doré sur le marbre, dont
la blancheur crue est tempérée par des rinceaux émaillés et incrustés
à Heur des surfaces. L’effet en est joli, plein d’harmonie, et cette poly-
chromie, douce et discrète, prête à l’ensemble un charme infini.
Pour revenir des ornements religieux à l’orfèvrerie civile, je n’ai pas
de transition meilleure que de parler d’abord de M. Froment-Meurice.
Outre une jolie statuette de la Vierge, dont les chairs sculptées sur cal-
cédoine rose, c’est-à-dire en matière transparente, ont le défaut de
manquer de solidité à l’œil, parleur contraste avec les vêtements d’argent
émaillé, nous trouvons un remarquable ostensoir dessiné par Cameré.
Cette pièce offerte à l’église Notre-Dame du Sacré-Cœur d’Issoudun, par
la comtesse de Bardi, est entièrement revêtue d’émaux champlevés et
flinqués, dont la gamme harmonieuse s’enroule en longues feuilles byzan-
tines sur des formes grasses et souples ; une couronne de lis, sertie en
diamants et gracieusement mouvementée, entoure le cabochon de cristal
qui protégera l’hostie. Cet ostensoir n’a pas la recherche archaïque des
ouvrages de Poussielgue, ni les raffinements des orfèvreries lyonnaises ;
mais il doit être offert comme un excellent spécimen d’ornementation
religieuse.
« Froment-Meurice n’a pas beaucoup exécuté par lui-même, quoi-
qu’il maniât avec beaucoup d’adresse l’ébauchoir, le ciselet et le mar-
teau. 11 inventait, il cherchait, il dessinait, il trouvait des combinaisons
heureuses; il excellait à diriger un atelier, à souiller son esprit aux
ouvriers. Son idée, sinon sa main, a mis un cachet sur toutes ses
œuvres. Comme un chef d’orchestre, il inspirait et conduisait tout un