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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 3
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Duranty, Edmond: Les écoles étrangères de peinture, [4]: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0330

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le premier de Londres pour les exercices de la palette, évoque avec une
singulière force d’intuition, autour des personnages, toutes les choses,
tout le décor, tout le milieu, où ils vécurent. A l’exposition anglaise,
on ne trouverait nulle part une ligure plus solide de relief et plus
ferme de ton que sa belle danseuse épuisée de fatigue ; une lumière
aussi vive, aussi gaie, aussi fraîche que dans son jardin romain; un
accord aussi distingué, aussi sonore et aussi neuf que dans ses Plaies
cVÉgypte; et une verve de coloris aussi légère et harmonieuse que dans
le fond du palais d’Agrippa, ni une invention aussi amusante et inat-
tendue que celle de la Danse pyrrhique. Il y a dans son œuvre ce
problème curieusement résolu : c’est que le sentiment intense de la
réalité moderne peut donner, et l’originalité la plus imprévue, et le sens
du monde à nous le moins accessible, l’antique. Dans le tableau intitulé
Galerie cle peinture, le jeune homme assis représente le portrait de
M. Deschamps, délégué des Beaux-Arts à l’exposition anglaise, derrière
qui se tient son oncle, M. Gambart, le célèbre marchand de tableaux.
Est-ce une scène antique? Est-ce une scène moderne? Que répondre au
juste? Elle est réelle, elle est vraie, elle nous donne le trait d’union
entre ces anciennes gens et nous. Ils étaient comme nous, nous en
sommes sûrs maintenant, le peintre nous le prouve.

M. Orchardson se tient à part à travers tous les groupes, non pas
qu’il ne descende de Reynolds connue quelques autres, mais il a sa pein-
ture à lui, amoureusement poursuivie dans l’union lumineuse du gris
et du jaune également clairs, jouant dans de fines rousseurs, une pein-
ture vive, facile, spirituelle, toute d’entrain, un peu chiiTonnée dans les
petits sujets, mais qui se raffermit dans ses grands portraits jusqu’à
l’intensité de la physionomie et la force du ton. Beaucoup d’esprit,beau-
coup d’individualité, beaucoup de pénétration, telles sont les qualités de
cet artiste, un des plus remarquables de son pays.

En paysagiste, M. Mark Fisher, se rattache à la peinture française
par ses colorations, tout en restant en plein sentiment anglais, celui du
calme, du repos et de la rêverie au milieu du brouhaha des affaires, du
tintement des guinées et du râle des machines à vapeur. Mistress Joplins
a aussi l’art franchement continental, et encore M. Crofts, qui a peint le
Matin de Waterloo en homme qui vient de contempler Charlet et Horace
Vernet. Avec une acuité froide et un esprit d’ironie flegmatique, M. Grovve
a représenté les Savants français en Égypte} en souvenir de ce mot
fameux des officiers, lors des batailles : « Messieurs les savants et les
ânes, entrez dans le carré. »

Les .orientalistes anglais, les nôtres nous conduisant à ceux-ci, sont
 
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