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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 3
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Bonnaffé, Edmond: Au Trocadéro: causerie
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0340

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326

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

1430 et mort en 1499; avant lui l’art n’existait pas, après lui l’art n’existe
plus. — « Vous plaisantez, dit un autre, avec vos vieilleries; parlez-
nous de Fragonard, de Clodion, des petits-maîtres et des élégances. »
— « Cachez-moi ces magots », dit l’antiquaire. — « Arrière les moder-
nes », murmure une voix préhistorique.

Ainsi vont les amateurs, chacun dans sa chacunière, et je gage que
le savant organisateur du Musée rétrospectif trouve plus commode de
ranger les rois Sassanides dans les cases d’un médaillier que les princes
de la curiosité dans les boxes du Trocadéro.

L’amateur est le pourvoyeur obligé des expositions rétrospectives; il
faut donc compter avec lui, s’attendre à des lenteurs, à des remanie-
ments, à des hésitations, en somme, à un classement équivoque. Ses exi-
gences n’ont rien que de légitime : on lui demande un sacrifice doulou-
reux, c’est bien le moins que l’on prenne son heure et ses convenances.
Vous me direz que l’on pouvait mieux faire; qu’en insistant auprès de
quelques-uns, on aurait obtenu davantage ; que les collections indivi-
sibles étant l’exception, on devait leur réserver deux ou trois salles à la
suite, sans couper la file des autres. C’est fort possible. Mais à quoi bon,
je vous prie, ces critiques du lendemain? L’œuvre est achevée, le spec-
tacle éblouissant; pourquoi gâter votre plaisir? Croyez-moi, laissez vos
doléances à la porte ; savourez sans arrière-pensée le régal de princes
qu’on vous donne. Les antiques, le moyen âge et la renaissance sont
exquis; quant au reste, vous y trouverez encore de bons morceaux à
mettre sous la dent. S’il vous arrive de surprendre un faux frère parmi
les invités, détournez discrètement les yeux; il ne faut affliger personne.
Ne comptez pas sur un menu rigoureux, méthodique, — on ne peut pas
vous le donner, — et ne demandez pas plus de chronologie qu’il n’y en
a sur la carte. »

EDMOND BONNAFFÉ.
 
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