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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Gustave Courbet, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0391

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376

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

bacchante. Tout semble prouver que cette paresseuse est une amou-
reuse.

Venant de Courbet, une telle figure était deux fois intéressante.
L'artiste avait rencontré un beau modèle, et s’apercevant, sur le tard,
que la réalité contient de la poésie, il avait, autant qu’il le pouvait
faire, cherché la distinction du galbe et les élégances de ces lignes ser-
pentines que Hogarth a tant célébrées. Était-ce là une concession à
l’adresse des bourgeois ou le signe d’une inquiétude inespérée? Dans
tous les cas, cette éclatante rupture avec les vulgarités si longtemps
aimées parut heureuse aux honnêtes gens. Courbet s’était d’ailleurs
modifié comme coloriste. Il avait poursuivi une nouvelle combinaison
de tons et de valeurs. Le fond du tableau étant soutenu et fort, dans une
gamme d’un brun verdâtre, la femme nue s’enlève en clair sur ces
vigueurs. Son corps jeune abonde en blancheurs argentées. Sans doute
le glissement de la lumière sur les chairs donne çà et là des effets un
peu vitreux et des brillants de porcelaine; la chevelure (qui fut univer-
sellement condamnée) n’a guère plus de souplesse qu’un amas de copeaux
tombés au bas de l’établi d’un ébéniste; il y a dans cette figure bien des
à peu près et bien des fautes, mais la Femme au perroquet, tableau
original et rare dans l’œuvre de Courbet, le montrait sensiblement
affranchi de ses anciens systèmes et plus curieux des délicatesses que sa
première manière ne permettait de le supposer. La Vénus de Titien
n’était pas, autant qu’on l’a dit, menacée par la courtisane de Courbet;
mais l’évolution était trop visible pour n’être pas remarquée. La Femme
au perroquet attestait chez l’auteur une légère préoccupation de l’idéal.

Pendant une longue saison, Courbet fut singulièrement séduit par
les saveurs delà forme nue et lumineuse. Le sphinx féminin l’intéressa.
11 peignit en 1866 la Baigneuse qui appartient à un amateur de Bruxelles,
et dont nous donnons la gravure. Cette figure, presque ignorée à Paris,
ne nous est connue que par une photographie; mais elle a été décrite et
glorifiée par M. Camille Lemonnier *, et quoique la divination soit, en
critique, un procédé hasardeux, nous voyons un peu le tableau en son-
geant aux œuvres de la même date. La Baigneuse de Bruxelles est
debout, une main ramenée sur la tête, que couronnent des cheveux
ardents; l’autre main, qui termine un bras démesurément allongé, s’ap-
puie sur la branche d’un arbre. La jeune femme avance un pied dans le
ruisseau clair, dont l’onde insuffisante ne rendra pas le bain facile. Le
corps s’enlève en blanc sur des verdures printanières que le soleil perce

t. Courbet et son œuvre, Paris, 1878.
 
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