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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 4
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Mantz, Paul: La peinture française: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0456

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438

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Comment ne pas chercher l’unité dans ces peintures de petite dimen-
sion dont l’œil embrasse si aisément l’ensemble et dont les proportions
sont si bien mesurées aux possibilités de la vision humaine! Quelques-
uns cependant protestent contre la nécessité du sacrifice. M. Firmin Gi-
rard, dont le pinceau est si spirituel, n’élimine pas assez le détail aga-
çant. M. Worms, M. Eugène Leroux, M. Lucien Gros, sont beaucoup plus
sages : ils respectent les yeux des faibles mortels.

Le maître considérable en ces spectacles diminués parfois jusqu’à la
miniature, c’est M. Meissonier. Son exposition est fort belle et mériterait
de longues écritures, car il y a dans la moindre de ses compositions un
amour de l’art, un culte pour la perfection, qui sont véritablement admi-
rables. Nous ne pouvons étudier Lune après l’autre ces peintures si pré-
cieusement élaborées. Notre sentiment personnel pourrait d’ailleurs en
quelques points n’être pas tout à fait d’accord avec les préférences que
le public a manifestées. Et pourquoi ne pas le dire? nous avons été sur-
tout intéressé par un petit portrait de femme qui, dans sa belle exécution,
a les libertés hautaines et le charme de l’inachevé. Mais M. Meissonier
est un finisseur acharné et, même dans ses plus étonnants tableaux, il dit
trop de choses. 11 voit aussi, au second plan, au troisième plan, dans les
profondeurs du lointain, des détails que nous ne voyons pas. Cette question
de la perspective dans les colorations et dans la lumière n’est pas de
celles sur lesquelles il soit possible de faire des concessions. M. Charles
Blanc lui-même, parlant l’autre jour dans le Temps de l’exposition de
M. Meissonier, a dû, sur ce point, formuler des réserves. Pour nous, pour
tous ceux qui veulent rester amoureux de l’unité, la protestation doit
être constamment renouvelée. Une figure qui, placée à un kilomètre du
spectateur, se permet de parler aussi haut que les personnages du premier
plan, est absolument une intrigante. Il est véritablement fâcheux que
M. Meissonier ne consente pas à discipliner les acteurs qu’il met en
scène : prises isolément, ses figurines sont charmantes, et, dans certains
morceaux, l’artiste est bien près de la perfection.

L’exposition des paysagistes ne nous montre que des œuvres con-
nues. Elle est belle, sans avoir l’accent souverain, la note émouvante
qu’on entendait résonner chez Corot, chez Daubigny. Le respect pour
les réalités a mis en échec l’ancien enthousiasme poétique, et, en ces
dix dernières années, il ne s’est point formé de maîtres qui puissent
remplacer nos morts glorieux. Il en est quelques-uns cependant à qui
les vérités banales ne suffisent pas. M. Emile Breton, dont le pinceau
a de belles audaces, ajoute volontiers un sentiment à la représentation
de ses solitudes, et il peint dans une gamme désolée les mélancolies de
 
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