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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 4
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Mantz, Paul: La peinture française: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0457

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LA PEINTURE FRANÇAISE.

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l’hiver. M. Ségé, qui est un des vétérans du paysage, a eu l’heureuse
fortune de résumer un jour ses études et son talent en un tableau défi-
nitif, les Chaumes. Dans cette grande vue d’une plaine de la Beauce
après la moisson, il y a la poésie muette de l’horizontalité et ce silence
des couleurs et des lignes que nous aimons tant chez les maîtres.
M. Auguste Pointelin, qui est presque un nouveau venu, est aussi un
peintre délicat des vallées solitaires, un observateur qui, dans l’effet
lumineux, cherche avant tout l’unité et la transparence. A ces noms qu’il
faut retenir si l’on les connaît, qu’il faut apprendre si l’on les ignore,
s’ajoutent ceux de paysagistes diversement remarquables, comme
M. Dernier si robuste dans son Bois de Quimerch} M. Pelouse, dont la
manière est variée, mais qui excelle surtout à silhouetter sur les pour-
pres du soleil couchant les fines ramures des arbres, M. Hanoteau, qui
a de la largeur et de l’énergie, et un peintre dont nous prisons très
haut le talent, M. Guillemet, l’auteur de Villerville et de Bercy en
décembre. Il est bien entendu que nous n’avons aucun dédain pour
M. Karl Daubigny, dont la Vallée de Portville a une véritable grandeur ;
pour les belles marines de Mme La Villette, pour les rivages de M. Lan-
syer et pour les paysages panoramiques de M. Herpin, dans lesquels
on voit le topographe se doubler d’un coloriste plein de sève. Et com-
ment, dans cette rapide revue de nos richesses, oublier les beaux ani-
maux de M. Van Marche et surtout ceux de M. Yuillefroy, un vrai peintre
à qui le succès semble hésiter à rendre justice. N’avons-nous pas enfin
le petit groupe des successeurs de Chardin, M. Bergeret, dont les Cre-
vettes sont célèbres ; M. Philippe Rousseau, qui peint des fleurs, des
fruits, des salades, des confitures, des flacons pleins de liqueurs ver-
meilles, et qui reste le premier de tous en ce genre familier, parce que,
lorsqu’il sert à boire et à manger, il ajoute toujours à son dessert l’ap-
point de l’esprit ?

Deux chagrins nous ont fidèlement accompagné dans cette longue
étude des œuvres de l’école française à l’Exposition universelle. Le pre-
mier est un souci qui tient à notre situation particulière : nous avons
été, en ces dernières années, un « salonnier » exact à remplir notre
office, et il se trouve que nous avons déjà eu l’occasion de faire beau-
coup de phrases sur presque tous les tableaux réunis au Champ de Mars.
On serait trop puni si l’on était obligé de se rappeler tout ce qu’on a
écrit; malheureusement l’oubliable n’est pas toujours oublié, et devant
le tableau revu, même après dix ans, on sent s’agiter dans la mémoire
des lambeaux de souvenirs, tout à fait gênants pour l’écrivain qui
aimerait à ne pas se répéter. Nous avons dû nous livrer à quelques
 
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