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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 18.1878

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Nr. 4
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Mantz, Paul: La peinture française: exposition universelle
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https://doi.org/10.11588/diglit.22838#0458

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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efforts pour ne point commettre cette impertinence. Mais nous avons eu
aussi un ennui, il faudrait dire un regret, bien autrement grave. En
présence de tant de travaux qui appellent souvent la discussion, mais où
l’intention sérieuse et l’honnête désir sont si lisibles, il aurait fallu,
d’une part, ne point négliger quelques œuvres intéressantes, d’autre
part, examiner de plus près celles devant lesquelles nous nous sommes
arrêté et les étudier de nouveau avec le loisir patient et l’investigation
raisonnée dont elles sont dignes. Le critique n’est pas un bourreau :
c’est un juge, et il ne doit point condamner sans enquête. Il faut du
temps pour bien juger, et quand la sentence est prononcée, il faut du
papier pour la transcrire. Ces comptes rendus de nos Expositions
annuelles ou décennales sont nécessairement incomplets : il n’est guère
possible d’y voir autre chose que des notes sommaires, des appré-
ciations essentiellement provisoires qui pourront être plus tard déve-
loppées et révisées. D’une forêt profonde et touffue on n’aperçoit pas
tous les arbres. L’important est de savoir où poussent les grands chênes,
en quelle partie du sol sont les sèves fécondes.

Nous avons essayé, dans cette promenade à l’Exposition, de désigner
les personnalités qui dominent la foule et d’indiquer les départements
de l’art où se produisent les résultats généreux. Cette géographie du
terrain actuellement exploité par nos maîtres ne laisse à l’idéal qu’une
très faible part, si du moins on veut donner à ce grand mot une signi-
fication étroite et n’y voir que la formule rigoureuse d’une tradition
limitée. Il est bien vrai que le culte des réalités quotidiennes tient
beaucoup déplacé dans les préoccupations de nos artistes, et que lesouci
de la beauté pure paraît étranger au rêve de la plupart d’entre eux;
mais ce n’est point ainsi que la question doit être posée : il faut tenir
compte des grandes lois de l’histoire, se souvenir des transformations
successives de l’idéal et reconnaître que la majesté sereine de l’art
antique n’est plus de ce monde, ou du moins qu’elle a cessé d’être la
religion de l’heure présente. Notre temps est troublé par des complica-
tions de toutes sortes, et il ajoute à son inquiétude un élément qui est à
la fois une force et un danger, l’esprit raisonneur, la clairvoyance de la
recherche positive. De là moins d’enthousiasme et plus de sagesse, plus
d’exactitude graphique et moins de beauté. Dans les batailles de la pein-
ture moderne, le dieu a souffert. Que reste-t-il? Il reste l’homme et la
nature. C’est assez. Les grandes fêtes de l’art ne sont pas finies.

PAUL MANTZ.
 
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