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Revue archéologique — 12.1865

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Daremberg, Charles: Études d'archéologie médicale sur Homère, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0100

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96

REVUE ARCHEOLOGIQUE.

aient passé avant d’arriver aux notions les plus élémentaires de
la vie domestique. « Sans doute, dit l’auteur de VAncienne Méde-
cine (1), dans les premiers temps l’homme n’eut pas d’autre nour-
riture que celle qui suffit au bœuf, au cheval et à tous les êtres en
dehors de l’humanité, à savoir les simples productions de la terre,
les fruits, les herbes et le foin. La nourriture dont on se sert de nos
jours me semble une invention qui s’est élaborée dans le long cours
des ans. » Il n’y a pas de proposition qui soit plus contraire à l’his-
toire et à la physiologie : à la physiologie, car nous n'avons ni les
dents faites pour broyer le foin, ni l’estomac construit pour le digé-
rer; à l’histoire, car cette espèce de sauvagerie,‘pire encore que celle de
l’ancienne Amérique ou de l’Océanie, est tout imaginaire : nous savons
ce que valent et ce que peuvent les vrais sauvages; jamais ils ne
sortent de leur étal primitif par la propre activité de leur esprit; le
contact même prolongé de la civilisation suffit à peine pour leur faire
franchir quelques degrés; le fétichisme a des racines trop profondes
pour que jamais une idée médicale entre dans la tête du sauvage.

D’autres auteurs, loin de rabaisser l’homme comme le fait Hippo-
crate, cherchent les origines de notre science dans l’intervention di-
recte de la divinité, et soutiennent que les premiers médecins furent
des dieux ou des prêtres. De telles opinions, je n’ai pas besoin de le
dire, ne peuvent être vérifiées ni par les textes ni par les monuments.

Quand s’ouvrent nos annales, c’est-à-dire au moment où le vieil
Homère chante les luttes héroïques de l’Occident contre l’Orient, et
quand déjà ont eu lieu les deux guerres de Thèbes et l’expédition
des Argonautes, nous voyons l’art médical entre des mains expéri-
mentées, non pas entre les mains des dieux, mais entre celles des
hommes. Au siège d’Ilion, les Grecs et les Troyens ont leurs mé-
decins, qui ne sont revêtus d’aucun caractère sacerdotal, et dont le
poëte a dit qu’on doit les tenir pour les plus utiles des humains.
Il y a bien aussi dans YOdyssée des magiciens et des magiciennes,
mais on ne voit les temples s’ouvrir pour les malades et le culte des
dieux-médecins s’établir qu’à une époque comparativement récente,
lorsque les prêtres ont pu apprendre des vrais médecins certains

(1) § 3, t. I, p. 575-77, éd. Littré. — Cf. Eschyle, Prom., kh2 et suiv.—Un poëte
tragique, Moschion (Incert. fab. fragm. 7, éd. de Nauck), qui vivait peu de temps
après Hippocrate, est du môme sentiment. — Voy. aussi fragm. 1 d’un autre tragi-
que, Critias (né vers l’an Zj56). — C’est un tableau tout contraire, mais aussi peu res-
semblant, qu’Hésiode (Op. et dies, 90 sqq. et 112 sqq.) nous trace de la vie des pre-
miers hommes. — Ainsi pour les uns, c’est l’âge d’or, et pour les autres, l’âge de fer
par lequel commence l’humanité.
 
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