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LA FOUDRE ET LE FEU SAINT-ELME DANS D’ANTIQUITÉ.
fluence du défrichentent des forêts et du dessèchement des lacs et des
marécages, il est difficile decroire que l’état météorologique de notre pays
ait changé à ce point.
§4. — Parties intégrantes du 'phénomène suivant les anciens : éclair ou foudre
proprement dite, tonnerre, souffle, rupture des nuages.
Ce phénomène complexe qu’on nomme foudre ou tonnerre se compose
de deux parties principales, savoir : de l’éclair, traînée lumineuse, qui
apparaît dans les nuages, et qui prend plus spécialement le nom de fou-
dre quand elle descend jusqu’à terre; et du tonnerre, bruit qui suit l’ap-
parition de l’éclair (1). A ces deux parties beaucoup d’auteurs anciens en
ajoutent une troisième : en effet, ils remarquent que les objets frappés
de la foudre sont agités avant et après; ils en concluent qu’un vent rapide
précède, accompagne et suit la foudre, et ils considèrent ce vent comme
une partie intégrante du météore, comme un état particulier de la foudre
même (2). De là l’expression si fréquente dans les auteurs latins (3), ful-
mine afftari, et l’expression plus précise encore de Virgile (4), fulminis
ufftari ventis. Enfin, le phénomène qui produit l’apparition de la foudre
est, suivant beaucoup d’auteurs anciens (5), un choc ou un brisement des
nuages. De ces quatre parties, les deux dernières figurent surtout dans les
hypothèses des anciens sur la cause de la foudre: nous nous en occupe-
rons dans la deuxième partie de cette dissertation. Nous verrons bientôt
(§ 14) que l’imagination de quelques auteurs anciens ajoutait au phéno-
mène une cinquième partie, une pierre, élément solide delà foudre. Mais
les deux premières parties seules appartiennent réellement à ce météore,
et se prêtent à des observations détaillées : nous allonsexposer ici celles que
les anciens nous ont transmises.
(1) Voyez surtout Aristote, Méléorol., II, 9, et 111,1; Sénèque, Quæst. nut. I, 1,
et 11, 11-59; Pline, II, 50-55, s. 51-56; Stobée, Ecl. phys., I, 30; Lucrèce, VI,
95-377, etc.
(2) Aristote, Méléor., III, 1, § 14; Arrien, dans Stobée, Ecl. phys., I, 30, p. 604
(Heerenj; Plutarque, Questions de table, IV, 2, § 2; Lucrèce, VI, 299-321 ; Sénè-
que, Q. n-, II, 12 et 20; Pline, II, 54, s. 55, n. 142, t. 1, p. 157 (Sillig); le faux
Plutarque, Op. des philos., III, 3; le faux Galien, Hist. philos., ch. 19. Comparez
Ideler, sur la Météo roi. d’Aristote, III, 1, t. 2, p. 260.
(3) Tite-Live, XXVIII, 23; Ovide, Ep. ex Ponto, III, 6, v. 17; Stace, Theb., V,586,
et X, 674; Sénèque, Q. n., II, 40; Pline, II, 54, s. 55, n. 142; et Julius Obse-
quens, c. 2 (56 Lycosthenis).
(4) Æn., II, 649.
(5) Aristote, Météor., 11,9, §5, 6 et 9; Epicure, dans Diogène de L., X, 100; Arrien,
dans Stobée, Ecl. ph., I, 30, p. 602 (Heeren) ; le faux Aristote, Du monde, ch. 4; Jean
de Lydie, Des mois, III, 52, p. 40; IV, 96, p. 100 (Bckker) ; Alexandre Problèmes,
I, 83 ; Lucrèce, VI, 282 et 293 ; Ovide, Me’tam., XV, 10 ; Sénèque, Q. n., 11, 22 et 27 ;
Pline, II, 43, s. 43, n, 112, et II, 49, s. 50, n. 133, p. 143 et 153 (Sillig).
LA FOUDRE ET LE FEU SAINT-ELME DANS D’ANTIQUITÉ.
fluence du défrichentent des forêts et du dessèchement des lacs et des
marécages, il est difficile decroire que l’état météorologique de notre pays
ait changé à ce point.
§4. — Parties intégrantes du 'phénomène suivant les anciens : éclair ou foudre
proprement dite, tonnerre, souffle, rupture des nuages.
Ce phénomène complexe qu’on nomme foudre ou tonnerre se compose
de deux parties principales, savoir : de l’éclair, traînée lumineuse, qui
apparaît dans les nuages, et qui prend plus spécialement le nom de fou-
dre quand elle descend jusqu’à terre; et du tonnerre, bruit qui suit l’ap-
parition de l’éclair (1). A ces deux parties beaucoup d’auteurs anciens en
ajoutent une troisième : en effet, ils remarquent que les objets frappés
de la foudre sont agités avant et après; ils en concluent qu’un vent rapide
précède, accompagne et suit la foudre, et ils considèrent ce vent comme
une partie intégrante du météore, comme un état particulier de la foudre
même (2). De là l’expression si fréquente dans les auteurs latins (3), ful-
mine afftari, et l’expression plus précise encore de Virgile (4), fulminis
ufftari ventis. Enfin, le phénomène qui produit l’apparition de la foudre
est, suivant beaucoup d’auteurs anciens (5), un choc ou un brisement des
nuages. De ces quatre parties, les deux dernières figurent surtout dans les
hypothèses des anciens sur la cause de la foudre: nous nous en occupe-
rons dans la deuxième partie de cette dissertation. Nous verrons bientôt
(§ 14) que l’imagination de quelques auteurs anciens ajoutait au phéno-
mène une cinquième partie, une pierre, élément solide delà foudre. Mais
les deux premières parties seules appartiennent réellement à ce météore,
et se prêtent à des observations détaillées : nous allonsexposer ici celles que
les anciens nous ont transmises.
(1) Voyez surtout Aristote, Méléorol., II, 9, et 111,1; Sénèque, Quæst. nut. I, 1,
et 11, 11-59; Pline, II, 50-55, s. 51-56; Stobée, Ecl. phys., I, 30; Lucrèce, VI,
95-377, etc.
(2) Aristote, Méléor., III, 1, § 14; Arrien, dans Stobée, Ecl. phys., I, 30, p. 604
(Heerenj; Plutarque, Questions de table, IV, 2, § 2; Lucrèce, VI, 299-321 ; Sénè-
que, Q. n-, II, 12 et 20; Pline, II, 54, s. 55, n. 142, t. 1, p. 157 (Sillig); le faux
Plutarque, Op. des philos., III, 3; le faux Galien, Hist. philos., ch. 19. Comparez
Ideler, sur la Météo roi. d’Aristote, III, 1, t. 2, p. 260.
(3) Tite-Live, XXVIII, 23; Ovide, Ep. ex Ponto, III, 6, v. 17; Stace, Theb., V,586,
et X, 674; Sénèque, Q. n., II, 40; Pline, II, 54, s. 55, n. 142; et Julius Obse-
quens, c. 2 (56 Lycosthenis).
(4) Æn., II, 649.
(5) Aristote, Météor., 11,9, §5, 6 et 9; Epicure, dans Diogène de L., X, 100; Arrien,
dans Stobée, Ecl. ph., I, 30, p. 602 (Heeren) ; le faux Aristote, Du monde, ch. 4; Jean
de Lydie, Des mois, III, 52, p. 40; IV, 96, p. 100 (Bckker) ; Alexandre Problèmes,
I, 83 ; Lucrèce, VI, 282 et 293 ; Ovide, Me’tam., XV, 10 ; Sénèque, Q. n., 11, 22 et 27 ;
Pline, II, 43, s. 43, n, 112, et II, 49, s. 50, n. 133, p. 143 et 153 (Sillig).