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REVUE ARCHEOLOGIQUE.
eu la force de se soulever un peu du sol où il gît, en présentant au
public sa main fermée avec le pouce élevé comme pour lui demander
de ne pas abaisser le doigt en signe de mort, attitude donnée à plu-
sieurs des gladiateurs vaincus dans les célèbres sculptures du tom-
beau de Scaurus à Pompéi. Le dernier groupe se compose de Calamus,
CALAMYS, qui s’avance contre son adversaire Hermès, HERMES,
lequel l’attend de pied ferme et avec une contenance tranquille.
Le costume de ces gladiateurs est pour tous le môme. Un casque à
aigrette, une cuirasse dessinant les formes du thorax, et au-dessous
de laquelle passe l'extrémité d’une courte tunique (le seul Calamus a
sa tunique par dessus la cuirasse), des jambières de mêlai (ocreæ),
au bras gauche un grand bouclier recourbé en forme de demi-cylin-
dre, dans la main droite un long poignard légèrement courbe comme
le yatagban des Orientaux (sica). C’est l’accoutrement d’une partie
des gladiateurs du tombeau de Scaurus, de l’Astyanax de la mosaï-
que du cardinal Massimi, publiée par Winckelmann (1), et commen-
tée par Marini (2), enfin des personnages de plusieurs scènes de
l'amphithéâtre dessinées à la pointe sur les murailles d’un édifice de
Pompéi, et publiées par Aveliino à la planche l du tome Y des Mé-
moires de l’Académie d'Herculanum.
Depuis Fabretti, qui en a donné le premier l'exemple (3), on a pris
l’habitude de désigner sous le nom de Samnites les gladiateurs re-
présentés avec cet armement. Mais nous croyons, avec Aveliino,
qu’une telle désignation n’est pas exacte. Le bouclier semi-cylindri-
que de nos gladiateurs n’offre en aucune façon le rétrécissement ca-
ractéristique par en bas que Tite-Live (4) signale dans le bouclier
samnite : Forma erat senti summum latins, qua peclus aut humeri
teguntur, fastigio œquali, ad imum cuneatior mobilitatis caussa. De
plus, une autre particularité non moins essentiel de l’armement du
Samnite, l’absence de l’ocrea sur la jambe droite, la gauche étant
seule couverte, particularité que relate également Tite-Live et que
mentionne aussi Juvénal (5),
Balteus et manicae et cristae, crurUque sinistri
Dimidium tegmen,
ne se remarque pas dans le costume des gladiateurs de notre vase et
(1) Mon. ined., n° 197.
(2) Atti degli Fratelli Arvali, p. 165.
(3) De col. Traj., p. 227.
(4) IX, 40.
(5) Sat. VI, v. 255,
REVUE ARCHEOLOGIQUE.
eu la force de se soulever un peu du sol où il gît, en présentant au
public sa main fermée avec le pouce élevé comme pour lui demander
de ne pas abaisser le doigt en signe de mort, attitude donnée à plu-
sieurs des gladiateurs vaincus dans les célèbres sculptures du tom-
beau de Scaurus à Pompéi. Le dernier groupe se compose de Calamus,
CALAMYS, qui s’avance contre son adversaire Hermès, HERMES,
lequel l’attend de pied ferme et avec une contenance tranquille.
Le costume de ces gladiateurs est pour tous le môme. Un casque à
aigrette, une cuirasse dessinant les formes du thorax, et au-dessous
de laquelle passe l'extrémité d’une courte tunique (le seul Calamus a
sa tunique par dessus la cuirasse), des jambières de mêlai (ocreæ),
au bras gauche un grand bouclier recourbé en forme de demi-cylin-
dre, dans la main droite un long poignard légèrement courbe comme
le yatagban des Orientaux (sica). C’est l’accoutrement d’une partie
des gladiateurs du tombeau de Scaurus, de l’Astyanax de la mosaï-
que du cardinal Massimi, publiée par Winckelmann (1), et commen-
tée par Marini (2), enfin des personnages de plusieurs scènes de
l'amphithéâtre dessinées à la pointe sur les murailles d’un édifice de
Pompéi, et publiées par Aveliino à la planche l du tome Y des Mé-
moires de l’Académie d'Herculanum.
Depuis Fabretti, qui en a donné le premier l'exemple (3), on a pris
l’habitude de désigner sous le nom de Samnites les gladiateurs re-
présentés avec cet armement. Mais nous croyons, avec Aveliino,
qu’une telle désignation n’est pas exacte. Le bouclier semi-cylindri-
que de nos gladiateurs n’offre en aucune façon le rétrécissement ca-
ractéristique par en bas que Tite-Live (4) signale dans le bouclier
samnite : Forma erat senti summum latins, qua peclus aut humeri
teguntur, fastigio œquali, ad imum cuneatior mobilitatis caussa. De
plus, une autre particularité non moins essentiel de l’armement du
Samnite, l’absence de l’ocrea sur la jambe droite, la gauche étant
seule couverte, particularité que relate également Tite-Live et que
mentionne aussi Juvénal (5),
Balteus et manicae et cristae, crurUque sinistri
Dimidium tegmen,
ne se remarque pas dans le costume des gladiateurs de notre vase et
(1) Mon. ined., n° 197.
(2) Atti degli Fratelli Arvali, p. 165.
(3) De col. Traj., p. 227.
(4) IX, 40.
(5) Sat. VI, v. 255,