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Revue archéologique — 12.1865

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Daremberg, Charles: Études d'archéologie médicale sur Homère, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24254#0354

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350 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

gation de leur libre arbitre pour s’abandonner aveuglément à l’in-
fluence divine ou à la destinée. C’est le cas d’appliquer ici l’apo-
phthegme e longinquo reverentia. On voit bien que dans Homère il
n’y a pas longtemps que les dieux se sont séparés des hommes. Les
dieux eux-mêmes, sauf peut-être le grand Jupiter (1), sont sous la dé-
pendance les uns des autres, sans que cela, non plus, paraisse gêner
beaucoup la liberté de leurs mouvements.

Maintenant que je crois avoir montré la faiblesse des arguments
négatifs mis en avant pour établir qu’il n’y avait pas et qu’il ne
pouvait pas y avoir de médecine au temps d’Homère, je vais allé-
guer à mon tour une preuve positive de son existence tirée d’un
poëme homérique; cette preuve, je la trouve dans un passage que
M. Malgaigne a cité (2) sans y avoir remarqué un petit mot caracté-
ristique. Lorsque, dans YOdyssée (3), Antinoüs, l’un des prétendants
à la main de Pénélope, reproche au porcher Eumée d’avoir introduit
dans le palais Ulysse, qui avait pris la figure d’un mendiant, Eumée
lui répond : « Antinoüs, tu ne parles pas comme il faut, tout sensé
que tu es. Qui va-t-on chercher au dehors si ce n’est un de ces
hommes dont l’industrie profite au public (oî hiu.'.ozpyol ea<riv), un
devin, un médecin des maux (Uir/jpa xaxœv), un menuisier ou un
devin aëde qui charme par ses accents. Voilà les mortels qu’on ap-
pelle chez soi dans toute l’étendue de la terre immense. »

Quel est donc ce médecin? Est-ce un guérisseur de blessures, un
chirurgien ou un rebouteur? Non. c’est un médecin des maux (4),
un médecin des maladies, un de ces hommes dont l’industrie profite
au public et qu’on reçoit volontiers dans sa maison (5) C’est là un

(1) Æsch., Prom., 50 : eXsuOepo; yàp oimç êatl 7tXr]v Aïoç.

(2) Organis., etc., p. 304.

(3) Od. XVII, 374 sqq.

(4) Dans un autre passage, Od., V, 397, xocxôty]ç est également pris dans le sens de
maladie, comme 'synonyme de voxxjoç. Cf. Od., XXII, 481. — Dans le 1er vers de
Y Hymne XV, Asclépiade est appelé médecin des maladies (voewv), mot qui correspond
évidemment à xaxwv du vers 4. — Cf. Empédocle, v. 462 : <pâpp.axa xaxwv. Soph.
Trach. 1209 : lax-qpa Ipiov xaxwv, et Frag. 519. Plat. Axioch. 366 A : ai Ivxàç xaxoxriTeç
{les maladies internes), d’où l’épithète, àXe^txaxoç, qui chasse les maladies ou les
maux — Voy. dans ce dernier sens II. X, 20. — On lit aussi dans Cœlius Aurelianus
(Prœf. Chrcnic. morh.) : « Graeci Asdepium [tjtuw; àoxst toùç vouoimaç. Etymo-
logie des Scholiastes], nomen sumpsisse dixerunt, quod dura primus superaverit
vitia. » D’où l’on voit que Soranus (traduit par Cœlius) n’est pas tout à fait du senti-
ment deCelse ou de Galien. — Cf. aussi p. 254, note 1.

(5) Peut-être faut-il voir ici la première mention de ces médecins périodeutes
voyageurs), que nous voyons plus tard parcourir la Grèce et l’Asie Mineure.
 
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