LES GOUGÀD-PATEREU.
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quoises, etc. etc. Plus petits que les grains ambrés, ils sont à peu
près semblables quant à la forme; quelques-uns cependant sont
régulièrement sphériques, d’autres olivaires. Dans le collier que j’ai
offert au musée de Saint-Germain, on remarque deux grains en agate
veinée de couleur rougeâtre, d’une forme très-allongée et taillés en
prisme à facettes. La déformation des trous dont ilssontpercés et l’effa-
cement des arêtes témoignent d’un long usage et d’une haute antiquité.
Aux deux premières espèces de grains sont souvent ajoutés des
grains en lignite, en obsidienne, en émail et en pâte vitrifiée, affec-
tant des formes bizarres peu régulières. Les grains d’émail sont le
plus souvent côtelés et sillonnés de lignes onduleuses bleues, blanches
ou vertes, sur fond brun.
Les grains de verre (patereu-guezr), blancs ou colorés en jaune
uniforme, tranchent au milieu des autres. Au premier aspect, ils
dénotent une industrie plus expérimentée, et, pour cette raison,
donnent l’idée d’une provenance moins ancienne. Quelques-uns sont
taillés avec art en rose ou en brillant ; le plus grand nombre rap-
pelle les fausses perles qui ornent fréquemment les châsses des tom-
beaux du moyen âge. — Chose curieuse ! ces grains de verre blanc
sont surtout réputés pour la guérison des maladies des yeux. Du reste,
en langue bretonne, le mot guezr, verre, semble avoir la même
racine que le mol guel, qui signifie la vue.
Tel que nous l’avons décrit, le gougad-patereu de Bretagne est un
talisman rare qui personnifie une coutume et des pratiques super-
stitieuses qui n’ont plus guère d’adeptes que parmi les vieilles femmes
du pays de Plumelec, Saint-Jean-Brevelay, Bignan, Moustoirac et
Locminé, dans l’ancien Doyenné de Porhoët.
Le beau gougad présenté récemment à une des séances de la
Société polymatique par M. Salrnon, notre bibliothécaire, a été acheté,
je crois, dans les environs de Bignan. — Celui que j’ai offert au
musée de Saint-Germain avait été trouvé dans la vase d’un étang,
près de Lockmariaker, contrée celtique comme Bignan, mais où, de
mémoire d’homme, l’usage de ces colliers est inconnu.
Nous ne savons rien sur l’origine des gougad-patereu; rien sur la
date et le lieu de leur fabrication. La tradition est muette ; les paysans
déclarent que le gougad est d’héritage. Ils ne savent pas autre chose.
Les Gougad-patereu, transmis religieusement de génération en
génération dans quelques familles privilégiées, ont néanmoins subi
des altérations inévitables et des transformations, avant d’arriver
jusqu’à nous. A mesure que le collier héréditaire voyait diminuer le
nombre de ses grains primitifs, par suite de partage entre les enfants
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quoises, etc. etc. Plus petits que les grains ambrés, ils sont à peu
près semblables quant à la forme; quelques-uns cependant sont
régulièrement sphériques, d’autres olivaires. Dans le collier que j’ai
offert au musée de Saint-Germain, on remarque deux grains en agate
veinée de couleur rougeâtre, d’une forme très-allongée et taillés en
prisme à facettes. La déformation des trous dont ilssontpercés et l’effa-
cement des arêtes témoignent d’un long usage et d’une haute antiquité.
Aux deux premières espèces de grains sont souvent ajoutés des
grains en lignite, en obsidienne, en émail et en pâte vitrifiée, affec-
tant des formes bizarres peu régulières. Les grains d’émail sont le
plus souvent côtelés et sillonnés de lignes onduleuses bleues, blanches
ou vertes, sur fond brun.
Les grains de verre (patereu-guezr), blancs ou colorés en jaune
uniforme, tranchent au milieu des autres. Au premier aspect, ils
dénotent une industrie plus expérimentée, et, pour cette raison,
donnent l’idée d’une provenance moins ancienne. Quelques-uns sont
taillés avec art en rose ou en brillant ; le plus grand nombre rap-
pelle les fausses perles qui ornent fréquemment les châsses des tom-
beaux du moyen âge. — Chose curieuse ! ces grains de verre blanc
sont surtout réputés pour la guérison des maladies des yeux. Du reste,
en langue bretonne, le mot guezr, verre, semble avoir la même
racine que le mol guel, qui signifie la vue.
Tel que nous l’avons décrit, le gougad-patereu de Bretagne est un
talisman rare qui personnifie une coutume et des pratiques super-
stitieuses qui n’ont plus guère d’adeptes que parmi les vieilles femmes
du pays de Plumelec, Saint-Jean-Brevelay, Bignan, Moustoirac et
Locminé, dans l’ancien Doyenné de Porhoët.
Le beau gougad présenté récemment à une des séances de la
Société polymatique par M. Salrnon, notre bibliothécaire, a été acheté,
je crois, dans les environs de Bignan. — Celui que j’ai offert au
musée de Saint-Germain avait été trouvé dans la vase d’un étang,
près de Lockmariaker, contrée celtique comme Bignan, mais où, de
mémoire d’homme, l’usage de ces colliers est inconnu.
Nous ne savons rien sur l’origine des gougad-patereu; rien sur la
date et le lieu de leur fabrication. La tradition est muette ; les paysans
déclarent que le gougad est d’héritage. Ils ne savent pas autre chose.
Les Gougad-patereu, transmis religieusement de génération en
génération dans quelques familles privilégiées, ont néanmoins subi
des altérations inévitables et des transformations, avant d’arriver
jusqu’à nous. A mesure que le collier héréditaire voyait diminuer le
nombre de ses grains primitifs, par suite de partage entre les enfants