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Revue égyptologique — 2.1881

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Nr. 1
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Revillout, Eugène: Second extrait de la chronique démotique de Paris, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.10049#0012

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2

Eugène IIevillotjt.

raons. Pour elle — comme pour le commentateur des prophéties éthiopiennes — Harmachis
et Anchtu n'étaient que des précurseurs qu'allait bientôt suivre un troisième roi, véritable
Messie égyptien, quoique de race éthiopienne; car le texte précise expressément : «C'est le
» dieu HarSefi qui créera le chef qui sera. — Il est dit que c'est, un homme d'Ethiopie
» qui sera après les nations, les Grecs!»

Une telle glose aurait été très dangereuse pour son auteur si la police macédonienne
l'avait trouvée et surtout l'avait bien comprise. Mais, tout en faisant sa distinction complète
entre la révolte contre les Perses qu'il appelle toujours les Mèdes et la révolte contre les
Grecs auxquels il donne, comme les décrets trilingues, leur nom traditionnel d'Ionien (copte :
o-5-cinm), tout en les traitant chacune séparément et en détail dans son commentaire de la
prophétie éthiopienne que nous avons déjà lue, notre exégète eut bien soin de prendre ses
précautions en cas de surprise; et c'est pour cela qu'il revient, immédiatement après, à l'époque
du roi Amyrtée et de ses successeurs égyptiens, à propos de tablettes prophétiques de Memphis,
tablettes auxquelles il continue le précédent numérotage.

En apparence tout ce que nous allons lire aujourd'hui semblait donc sous Épiphane
concerner le passé ; et si les Grecs se trouvaient mêlés au récit, il eût été facile de répondre,
comme le prêtre de Thèbes le faisait à Hérodote : «Vous autres Grecs, vous n'êtes que des
» enfants, vous ne connaissez pas même votre propre histoire, tandis que nous avons la sagesse
» des siècles ». — Qu'est-ce qui prouvait en effet que cette prophétie — postérieure, il est vrai,
aux premières tablettes relatives à Amyrtée, mais antérieure aux secondes qui revenaient
sur le même sujet, — loin de concerner les Macédoniens, ne regardait pas au contraire
quelque invasion anté-historique des Grecs, ou bien encore les Ioniens, compagnons de Psammé-
tique, Apriès, Amasis, etc.? L'excuse était facile et certains passages à double entente, dont
nous parlerons dans la suite, devaient compléter l'illusion en laissant croire aux Grecs qu'on
faisait l'éloge d'un de leurs rois et que tout le reste se rapportait seulement au passé.

En réalité — hâtons-nous de le dire — le passé importait peu à notre glossateur, qui
nous donne cependant à ce sujet des renseignements très curieux. Ce qu'il voulait faire,
c'était un pamphlet politique contre les étrangers qui opprimaient l'Egypte : et derrière ses
habilités de mise en scène, tout dans son œuvre concordait à ce but, même dans la seconde
partie, quoique d'une façon plus détournée que dans la première : nous le prouverons bientôt
à propos du passage relatif à la couronne Manche, «.couronne du sud», que les Égyptiens
auraient d'abord, (et que possédèrent en effet Harmachis et Anchtu), et de la couronne
rouge, symbole du nord, qu'ils devaient bientôt acquérir après le triomphe longtemps attendu
des Lycopolitains et de leurs alliés. — « Eéjouissez-vous! jeunes gens qui savez patienter! c'est-
» à-dire, explique-t-il, que les jeunes gens, qui seront au jour de la délivrance et qui auront
» su patienter, ne seront pas malheureux comme ceux qui sont en ton jour. » — Après les
Perses, les Grecs devaient encore subjuguer l'Egypte, un temps court, ou dans un temps
court, (car le texte permet ces deux sens); mais ensuite arriverait le salut. Nous revien-
drons du reste plus loin sur tout ceci. Pour le moment bornons-nous à rappeler ce que nous
avons dit dans notre préface, au sujet de la rédaction plus tardive de la deuxième prophétie,
dont on va nous donner le commentaire, par rapport à la première prophétie éthiopienne,
reproduite plus haut ; et laissons la parole à notre exégète égyptien :
 
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