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Revue égyptologique — 2.1881

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https://doi.org/10.11588/diglit.10049#0056

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46

Eugène Revillout.

autrefois les idées de M. Pierket, crut devoir changer d'opinion, pour en présenter une toute contraire, dans
la Bévue de l'histoire des religions (tome Ier, Ier n°, p. 119 et suiv.). Un changement d'opinion est toujours
permis; cependant, comme nous le faisait remarquer, à M. Pierret et à moi, le meilleur ami de M. Maspero,
qui se trouvait avoir aussi écrit dans le même sens que M. Pierret, il ne faut pas en ce cas brûler avec
trop d'ardeur les dieux que l'on a adorés; et on doit se rappeler que des pages presque identiques se trouvent
dans VHistoire d'Egypte rédigée par M. Maspero.

Quoi qu'il en soit de ce détail, rien de plus consciencieux que les ouvrages de M. Pierret sur la
mythologie.

Dans son Panthéon égyptien, M. Pierret s'attache à prouver deux points:

1° que derrière des symboles nombreux, il y avait pour les initiés un véritable monothéisme;

2° que le dieu unique, sans second, infini, éternel des textes égyptiens avait pour principale manifestation
le soleil, qui est dit être «son corps».

C'est, on le voit, tout-à-fait, le culte de l'empereur Julien, dans ses deux parties essentielles.

En ce qui concerne le premier point, M. Pierret s'attache lui-même à montrer qu'il n'a pas inventé
pour l'Egypte l'opinion soutenue par lui : « C'est ce qu'ont reconnu, dit-il, mes devanciers les plus autorisés.
»Champolliox-Figeac, interprétant les idées de son frère, écrivait dans son Egypte ancienne (p. 245) : «Quelques
» mots peuvent suffire pour donner une idée vraie et complète de la religion égyptienne : c'était un mono-
athéisme pur, se manifestant extérieurement par un polythéisme symbolique.»

«La religion égyptienne, a dit Emmanuel de Bougé', comprend une quantité de cultes locaux.
» L'Egypte, que Ménès réunit tout entière sous son sceptre, était divisée en nomes, ayant chacun une ville
» capitale; chacune de ces régions avait son dieu principal, désigné par un nom spécial; mais c'est toujours
» la même doctrine qui revient sous des noms différents. Une idée y domine, celle d'un dieu un et primor-
» dial ; c'est toujours et partout une substance qui existe par elle-même et un dieu inaccessible. »

«D'après M. Chabas2, le dieu unique, existant avant toutes choses, celui qui représente l'idée pure
»et abstraite de la divinité, n'est pas nettement spécialisé par un personnage unique du vaste Panthéon
«égyptien. Ni Ptah, ni Seb, ni Thot, ni Ea, ni Osiris, ni aucun autre dieu ne le personnifie constamment;
» cependant les uns et les autres sont parfois invoqués dans des termes qui les assimilent intimement au
»type suprême; les innombrables dieux d'Égypto ne sont que des attributs ou des aspects de ce type unique.»

«Selon M. Maspero3, les noms variés, les formes innombrables que le vulgaire est tenté d'attribuer
»à autant d'êtres distincts et indépendants n'étaient pour l'adorateur éclairé que des noms et des formes
» d'un même être. Tous les types divins se pénétraient réciproquement et s'absorbaient dans le dieu suprême.
»Leur division, même poussée à l'infini, ne rompait en aucune manière l'unité de la substance divine; on
» pouvait multiplier à volonté les noms et les formes de dieu, on ne multipliait jamais dieu.»

M. Pierret résume ailleurs4 en ces termes ses conclusions : «Ce qui distingue la religion égyptienne
»des autres religions de l'antiquité, ce qui lui constitue un caractère absolument original, c'est que, poly-
» théiste en apparence, elle était essentiellement monothéiste. » Les différents dieux que représentent les monuments
ne sont pas des dieux, mais des symboles. «Leur forme même nous démontre qu'il n'y faut point voir des
» êtres réels : un dieu représenté avec une tête d'oiseau ou de quadrupède ne peut avoir qu'un caractère
» allégorique, de même que le lion à tête humaine, appelé sphynx, n'a jamais passé pour un animal réel.
» Tout cela n'est que de l'hiéroglyphisme.- Les divers personnages du Panthéon représentent, non les attributs,
» comme on l'a cru long-temps, mais les rôles divins, les fonctions du dieu suprême, du dieu unique et
» caché, qui conserve dans chacune de ces formes son identité et la plénitude de ses attributs5.»

Dans la Pevue de l'histoire des religions6, M. Maspero reproduit lui-même ce passage et il ajoute:
« Telle est la thèse : M. Pierret la poursuit jusque dans ses moindres détails, et l'appuie de textes
»bien choisis. Malgré le talent qu'il a déployé dans l'accomplissement de sa tâche, j'avoue qu'il ne m'a

» convaincu.......Le fait, dans la religion égyptienne, c'est l'existence d'un nombre considérable de per-

» sonnages divins, ayant des noms et des formes différentes. C'est ce que M. Pierret appelle une apparence
» polythéiste; c'est ce que j'appelle un polythéisme bien caractérisé. Que ces personnages soient des attributs,

1 Conférence sur la religion des anciens Egyptiens, p. 13.
1 Calendrier des jours fastes et néfastes, p. 107.

• Histoire ancienne des peuples de l'Orient, p. 28 ot 29.

* Essai, p. 6.

5 Essai, p. G et 7.

■ Ier" année, n° I, p. 120.
 
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