Second extrait de la chronique démotique de Paris.
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rappelé fort à propos par M. Wiedemann que Xechtaneb fit plusieurs expéditions heureuses,
particulièrement eu Arabie, et d'une autre part, par Diodore, Isocrate2 et Démosthène qu'il
vainquit d'abord le roi des Perses avant d'être soumis par lui. Lors de sa dernière lutte même
il avait fait d'immenses préparatifs, rapportés par les historiens grecs, et il avait pu prononcer
alors des paroles de forfanterie analogues à celles que lui prête notre texte démotique:
« .le me suis revêtu de la tête aux pieds. — C'est ce que tu dis, à savoir : j'ai fait
^resplendir le basilique d'or. On ne l'écartera pas de ma tête. — Il dit cela, le roi
» Nechtaneb !
«Ma pourpre est sur mon dos — c'est-à-dire mes vêtements resplendissent sur mon
»dos — on ne les écartera pas.
« Le sceptre est en ma main — c'est ce que le prophète dit à savoir : Est-ce que par
» hasard tu n'as pas dit en ton cœur : La puissance suprême est en ma main, on ne
» l'écartera pas de moi — le sceptre de la puissance qui resplendit sur toi, c'est le -/opes
»splendide qu'on l'appelle.
«Il agit si tu agis. Il vainc si tu vaincs — c'est-à-dire le dieu fera pour toi comme
»les choses que tu feras — tu donnes la victoire à ton cœur. Il vaincra encore plus.
«Apis! Apis! Apis! — c'est-à-dire Ptah, P-Ra, Horsiési, qui sont les maîtres de la puis-
»sance suprême — tu les oublies! — tu comptes acquérir encore des biens. Ton cœur a été
» endurci par le triple nom d'Apis, c'est-à-dire par les trois dieux qu'il a dits plus haut : Apis
» Ptah, Apis-P-Ra, Apis-Horsiési !3 »
1 Ciiampollion, Monum., Il, 196. — Rosellixi, pl. 154, n° 2 (cf. Wiedemann).
2 Diodore, XVI, 48, 2. — Isocrate, Philippi, §§ 101, 118, 160 (cf. Wiedemann).
3 C'est à ces forfanteries que fait encore allusion notre papyrus dans un autre passage (v. précé-
dent numéro, pl. 11 et suiv.) que je n'avais d'abord pas compris eu entier :
«La parole n'a pas eu de réalisation — c'est-à-dire la parole que tu as dite n'a pas eu de réali-
» sation. — Et nous, nous faisons connaître la parole des dieux, celle-là.
«Celui qui échappera pleurera sa femme — c'est-à-dire le malheur arrivera à son summum — Il
«pleurera sans savoir prolonger sa vie, parce que les dieux n'ont pas fait un roi remplir le trône.
«Les jeunes gens s'en vont dans les champs — Chnoum leur donne des fruits sauvages. — C'est-
» à-dire les jeunes gens qui sont en ton jour ont eu faim. — Us s'en vont — Chnoum de Memphis leur
» donne le fruit sauvage qui (d'ordinaire) ne fait pas une nourriture, quand il est sur le sycomore, appelé
» Maut, et d'autres arbres encore ...»
Immédiatement après, l'auteur développe sa pensée, disant :
«Le grand fleuve grandit sa tête à Éléphantine — Les sep vivent. Il dit cela au roi Nechtaneb,
» à savoir : ils ont fait venir les nations pour être maîtres de l'Egypte après vous — C'est l'eau qui grandit
» en son jour — Les sep vivent au jour nommé.
«Réjouissez-vous, jeunes gens qui savez patienter — c'est-à-dire les jeunes gens qui seront au jour
»(de la délivrance) et qui auront su patienter ne seront pas malheureux comme ceux qui sont en ton jour.
L'opposition entre la misère des temps d'invasion et le bonheur du jour de la délivrance est ici
bien mise en relief. C'est pour cela que, dans ma première analyse, si rapide, j'avais cru que le jour heu-
reux dont il parlait était le jour de la conquête grecque; car le texte ajoute aussitôt :
«Les jeunes gens qui viennent de la mer (v. pl. 13) ont établi la rive du Nil dans le partage de
» leurs mains, c'est-à-dire il arrivera encore au jour nommé que les Grecs qui viendront en Egypte sub-
jugueront l'Egypte dans un temps rapide.
«Vivent les chiens! le grand chien sait patienter. Il établira les Égyptiens dans le bonheur au
» temps nommé.»
Mais nous avons établi plus haut dans quel sens il fallait comprendre ces paroles. Les Grecs repré-
sentaient une nouvelle épreuve qu'il fallait supporter encore. Mais bientôt viendraient la délivrance et le
bonheur, après l'expulsion des derniers étrangers.
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rappelé fort à propos par M. Wiedemann que Xechtaneb fit plusieurs expéditions heureuses,
particulièrement eu Arabie, et d'une autre part, par Diodore, Isocrate2 et Démosthène qu'il
vainquit d'abord le roi des Perses avant d'être soumis par lui. Lors de sa dernière lutte même
il avait fait d'immenses préparatifs, rapportés par les historiens grecs, et il avait pu prononcer
alors des paroles de forfanterie analogues à celles que lui prête notre texte démotique:
« .le me suis revêtu de la tête aux pieds. — C'est ce que tu dis, à savoir : j'ai fait
^resplendir le basilique d'or. On ne l'écartera pas de ma tête. — Il dit cela, le roi
» Nechtaneb !
«Ma pourpre est sur mon dos — c'est-à-dire mes vêtements resplendissent sur mon
»dos — on ne les écartera pas.
« Le sceptre est en ma main — c'est ce que le prophète dit à savoir : Est-ce que par
» hasard tu n'as pas dit en ton cœur : La puissance suprême est en ma main, on ne
» l'écartera pas de moi — le sceptre de la puissance qui resplendit sur toi, c'est le -/opes
»splendide qu'on l'appelle.
«Il agit si tu agis. Il vainc si tu vaincs — c'est-à-dire le dieu fera pour toi comme
»les choses que tu feras — tu donnes la victoire à ton cœur. Il vaincra encore plus.
«Apis! Apis! Apis! — c'est-à-dire Ptah, P-Ra, Horsiési, qui sont les maîtres de la puis-
»sance suprême — tu les oublies! — tu comptes acquérir encore des biens. Ton cœur a été
» endurci par le triple nom d'Apis, c'est-à-dire par les trois dieux qu'il a dits plus haut : Apis
» Ptah, Apis-P-Ra, Apis-Horsiési !3 »
1 Ciiampollion, Monum., Il, 196. — Rosellixi, pl. 154, n° 2 (cf. Wiedemann).
2 Diodore, XVI, 48, 2. — Isocrate, Philippi, §§ 101, 118, 160 (cf. Wiedemann).
3 C'est à ces forfanteries que fait encore allusion notre papyrus dans un autre passage (v. précé-
dent numéro, pl. 11 et suiv.) que je n'avais d'abord pas compris eu entier :
«La parole n'a pas eu de réalisation — c'est-à-dire la parole que tu as dite n'a pas eu de réali-
» sation. — Et nous, nous faisons connaître la parole des dieux, celle-là.
«Celui qui échappera pleurera sa femme — c'est-à-dire le malheur arrivera à son summum — Il
«pleurera sans savoir prolonger sa vie, parce que les dieux n'ont pas fait un roi remplir le trône.
«Les jeunes gens s'en vont dans les champs — Chnoum leur donne des fruits sauvages. — C'est-
» à-dire les jeunes gens qui sont en ton jour ont eu faim. — Us s'en vont — Chnoum de Memphis leur
» donne le fruit sauvage qui (d'ordinaire) ne fait pas une nourriture, quand il est sur le sycomore, appelé
» Maut, et d'autres arbres encore ...»
Immédiatement après, l'auteur développe sa pensée, disant :
«Le grand fleuve grandit sa tête à Éléphantine — Les sep vivent. Il dit cela au roi Nechtaneb,
» à savoir : ils ont fait venir les nations pour être maîtres de l'Egypte après vous — C'est l'eau qui grandit
» en son jour — Les sep vivent au jour nommé.
«Réjouissez-vous, jeunes gens qui savez patienter — c'est-à-dire les jeunes gens qui seront au jour
»(de la délivrance) et qui auront su patienter ne seront pas malheureux comme ceux qui sont en ton jour.
L'opposition entre la misère des temps d'invasion et le bonheur du jour de la délivrance est ici
bien mise en relief. C'est pour cela que, dans ma première analyse, si rapide, j'avais cru que le jour heu-
reux dont il parlait était le jour de la conquête grecque; car le texte ajoute aussitôt :
«Les jeunes gens qui viennent de la mer (v. pl. 13) ont établi la rive du Nil dans le partage de
» leurs mains, c'est-à-dire il arrivera encore au jour nommé que les Grecs qui viendront en Egypte sub-
jugueront l'Egypte dans un temps rapide.
«Vivent les chiens! le grand chien sait patienter. Il établira les Égyptiens dans le bonheur au
» temps nommé.»
Mais nous avons établi plus haut dans quel sens il fallait comprendre ces paroles. Les Grecs repré-
sentaient une nouvelle épreuve qu'il fallait supporter encore. Mais bientôt viendraient la délivrance et le
bonheur, après l'expulsion des derniers étrangers.