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Revue égyptologique — 2.1881

DOI issue:
Nr. 2-3
DOI article:
Revillout, Eugène: Les affres de la mort, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.10049#0108

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70

Eugène Kevillout.

» même aussi, il y en a qui sont dans des lieux de repos, selon leurs bonnes œuvres. Quand
» l'homme sort de ce monde, ce qui est passé est passé. —Après m'avoir dit cela il ajouta:
» — Prie pour moi aussi, mon fils, jusqu'à ce que je te voie. — De cette façon je m'en allai
» à mon habitation où je me mis à faire selon l'ordre de mon père saint l'abbé Pesunthius.
» Au premier samedi (suivant), je remplis Une cruche d'eau, et (je pris) du froment détrempé,
» conformément à la ration de sa nourriture, selon son ordre. Car il m'avait fixé deux éphas,
»(«nn), qu'il avait divisés pour tout le carême, (pour les 40 jours), et il avait pris une
» mesure avec laquelle il avait mesuré le froment en disant : quand tu viendras le samedi
» emporte cette quantité là avec de l'eau pour me visiter. Je pris donc la cruche d'eau et
» ce peu de froment détrempé, et j'allai au lieu où il s'était retiré. Lorsque j'en approchai
» j'entendis quelqu'un, pleurant et suppliant mon père, dans une grande amertume de cœur.
» Il disait : — Je t'en supplie, Monseigneur et père, prie le Seigneur pour moi, afin qu'on ne
» me laisse plus dans ces tourments, et qu'on ne m'y soumette plus encore. J'ai bien souffert.
»— Moi je pensais que c'était un homme qui parlait avec mon père; car le lieu était très
» sombre. Je m'assis donc et j'écoutai mon père. C'était une momie qui parlait avec lui. —
» Mon père dit à la momie : De quel nome es-tu ? — Il dit : Je suis de la ville d'Hermonthis.
» — Qui fut ton père ? — Agricolaos fut mon père, et Eustathia ma mère. — Qui adoraient-
» ils ? — Ils adoraient celui qui est dans les eaux, c'est-à-dire Poséidon (Neptune ). — Mon
» père reprit : — Tu n'a pas entendu dire, avant de mourir, que le Christ était venu dans le
» monde ? — Il répondit : Non mon père. Mes parents étaient hellénisants, et moi aussi, je
» vécus de leur vie.. Malheur! Malheur! Malheur à moi d'avoir été engendré au monde.
» Pourquoi donc le sein de ma mère n'est-il pas devenu mon tombeau ? 11 arriva que lorsque
» j'en vins à la nécessité de la mort, les Kosmocrator furent les premiers qui vinrent auprès de
» moi. Ils me parlèrent de tous les péchés que j'avais faits et me dirent : — qu'ils viennent
» maintenant te sauver des supplices dans lesquels on va te jeter. — Ils avaient des fourches
» de fer dans les mains ainsi que des dards de fer, aigus comme des lances, et dont ils me
» lardaient les flancs, en grinçant des dents contre moi. Un peu après, mes yeux s'ouvrirent,
» et je vis la mort suspendue au dessus de ma tête sous les aspects les plus variés. A cette
» instant des anges sans pitié tirèrent du corps ma malheureuse âme, et l'attachèrent sous
» un cheval noir. Je fus entraîné à l'Amenti. 0 malheur à tous les pécheurs de ma sorte
» qui ont été engendrés au monde ! Ô mon père ! à combien de tourmenteurs sans pitié, dont
» chacun différait de l'autre, ne fus-je pas livré ! Ô combien de bêtes j'ai vu dans le chemin !
» Ô combien de puissances terribles ! On m'a conduit aux ténèbres extérieures. J'ai vu un
» lieu profond de plus de deux cent coudées, plein de reptiles, dont chacun avait sept têtes
» et dont tout le corps était hérissé de scorpions. Il y avait dans ce lieu de grands vers
» d'une taille énorme et terribles à voir. Les dents de leurs bouches semblaient des clous
» de fer. On me prit. On me jeta à ce ver qui ne repose jamais et qui me dévore contiuuelle-
» ment. Toutes les bêtes se réunissent autour de lui, et, quand il emplit sa gueule, ils remplissent
» la leur. — Mon père dit : Depuis que tu es mort jusqu'à aujourd'hui, on ne t'a donné aucun
» repos et l'on ne t'a pas laissé un instant sans te tourmenter? — Il répondit : Oui, mon père,

1 Voir la Pistis Sophia,
 
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