Le papyrus grec 13 de Turin.
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»taruen conatuum rationem redditurus doctis viris exhibui quidquid vel legeram vel legisse
» milii visus eram in Papyro maie mulctato. »
Peyron reproduisit donc tout ce qu'il avait pu lire du papyrus; mais il ne donna que
moitié de la traduction du document et la fit suivre de la note suivante :
«Reliqua ad finem usque qui velit enarrare, in multas conjecturas se conjiciet, quarum
» facile illum paenitebit. Quare prudentissimum esse ratus ab bis abstinere, finem hic facio
» illustrandi Papyri. »
C'est peut-être à nous, dont la spécialité est l'égyptologie, bien de la présomption et
de l'audace que de tenter une œuvre à laquelle un helléniste aussi éminent que Peyron a
renoncé et dont il a dit que quiconque l'entreprendrait aurait à s'en repentir! Et cependant
nous avouerons qu'il nous paraît plus utile de suivre ici l'exemple de Peyron que son pré-
cepte. On se rappelle ce qu'il a fait, en particulier, pour les papyrus de Zoïs, déjà publiés par
Petrettini, et qui, grâce à lui, sont sortis de l'obscurité et du vague. Les secondes copies et
les secondes études ont souvent cet avantage, surtout pour les documents écrits en très mau-
vaise cursive; et il faut dire que le premier lecteur, qui a commencé à débrouiller le chaos, a
toujours le principal mérite et doit recueillir la plus grande gloire. Il en est ainsi pour toutes
les questions de déchiffrement, qu'il s'agisse de grec cursif ou d'égyptien cursif. A la première
vue échappent toujours quelques détails qu'une seconde vue peut reconnaître. Telles sont les
raisons qui m'ont décidé, et j'espère qu'un troisième examen fait par quelque autre laissera
l'œuvre pleinement achevée. Les papyrus de Zoïs auraient aussi besoin d'une telle révision;
car, maintenant encore, il manque à leur lecture bien des mots et même des lignes entières.
Cela dit, il ne me reste plus qu'à recommander mes faibles essais à l'indulgence du
lecteur, avant d'aborder l'étude du document et son commentaire détaillé. Pour ces deux
parties, nous prendrons pour modèle l'admirable travail de Peyron sur les papyrus de Zoïs.
TEXTE DU PAPYRUS.
De même que Peyron l'a fait pour le papyrus de Zoïs, nous allons d'abord mettre en
regard la première et la seconde lecture de notre texte *.
Texte selon Peyron : Texte selon moi :
E-cjç ko iu(3t s cv Mepwpa tou MejAipiTOU, yzr- Etsuç ào tu(3t g ev MejAipei tou Ms[jiçitou.
u.awjsmov Taç BastXiy.aç ÂAeSavopo; AXeÇavSpou, XpYj{Jt06Ttc[Jioi twv vrtq BaaiXuwiç.
1 De même que Petron, nous n'accentuerons pas le texte grec de notre papyrus. c'est, du reste, la
méthode que Peyron suivait toujours; et je la crois bonne pour les papyrus que leurs auteurs auraient pu
accentuer, s'ils l'avaient voulu, et si tel avait été l'usage contemporain. Évidemment les esprits et les règles
de phonétique qui en sont la suite existaient de tout temps. Mais il en était pour le grec comme pour
l'hébreu ancien dont les accents n'ont été notés par les Massorètes, d'une façon continue, qu'à une époque
très tardive. Les papyrus grecs accentués les plus anciens ne contiennent que des poésies, comme les frag-
ments de l'Iliade d'Homère {Papyrtis yrecs du Louvre, édition de l'Académie, p. III et suiv.) et les poésies
d'Alcman (ibid., p. 416 et suiv.). A propos de ce dernier papyrus M. Egger a fort bien dit : « Quelques mots
» portent des signes d'accent et d'aspiration, placés conformément aux règles dont Aristophane de Byzance
» parait avoir été l'inventeur. Ainsi l'accent grave y désigne l'absence d'intonation aiguë et non pas, comme
> dans nos usages modernes, l'abaissement de cette intonation. Tous les mots, d'ailleurs, n'étant pas accentués,
»on est disposé à croire que les accents ne figurent là que pour le besoin d'une explication que le maître
» faisait à ses élèves sur quelques exemples spécialement choisis dans le texte.»
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»taruen conatuum rationem redditurus doctis viris exhibui quidquid vel legeram vel legisse
» milii visus eram in Papyro maie mulctato. »
Peyron reproduisit donc tout ce qu'il avait pu lire du papyrus; mais il ne donna que
moitié de la traduction du document et la fit suivre de la note suivante :
«Reliqua ad finem usque qui velit enarrare, in multas conjecturas se conjiciet, quarum
» facile illum paenitebit. Quare prudentissimum esse ratus ab bis abstinere, finem hic facio
» illustrandi Papyri. »
C'est peut-être à nous, dont la spécialité est l'égyptologie, bien de la présomption et
de l'audace que de tenter une œuvre à laquelle un helléniste aussi éminent que Peyron a
renoncé et dont il a dit que quiconque l'entreprendrait aurait à s'en repentir! Et cependant
nous avouerons qu'il nous paraît plus utile de suivre ici l'exemple de Peyron que son pré-
cepte. On se rappelle ce qu'il a fait, en particulier, pour les papyrus de Zoïs, déjà publiés par
Petrettini, et qui, grâce à lui, sont sortis de l'obscurité et du vague. Les secondes copies et
les secondes études ont souvent cet avantage, surtout pour les documents écrits en très mau-
vaise cursive; et il faut dire que le premier lecteur, qui a commencé à débrouiller le chaos, a
toujours le principal mérite et doit recueillir la plus grande gloire. Il en est ainsi pour toutes
les questions de déchiffrement, qu'il s'agisse de grec cursif ou d'égyptien cursif. A la première
vue échappent toujours quelques détails qu'une seconde vue peut reconnaître. Telles sont les
raisons qui m'ont décidé, et j'espère qu'un troisième examen fait par quelque autre laissera
l'œuvre pleinement achevée. Les papyrus de Zoïs auraient aussi besoin d'une telle révision;
car, maintenant encore, il manque à leur lecture bien des mots et même des lignes entières.
Cela dit, il ne me reste plus qu'à recommander mes faibles essais à l'indulgence du
lecteur, avant d'aborder l'étude du document et son commentaire détaillé. Pour ces deux
parties, nous prendrons pour modèle l'admirable travail de Peyron sur les papyrus de Zoïs.
TEXTE DU PAPYRUS.
De même que Peyron l'a fait pour le papyrus de Zoïs, nous allons d'abord mettre en
regard la première et la seconde lecture de notre texte *.
Texte selon Peyron : Texte selon moi :
E-cjç ko iu(3t s cv Mepwpa tou MejAipiTOU, yzr- Etsuç ào tu(3t g ev MejAipei tou Ms[jiçitou.
u.awjsmov Taç BastXiy.aç ÂAeSavopo; AXeÇavSpou, XpYj{Jt06Ttc[Jioi twv vrtq BaaiXuwiç.
1 De même que Petron, nous n'accentuerons pas le texte grec de notre papyrus. c'est, du reste, la
méthode que Peyron suivait toujours; et je la crois bonne pour les papyrus que leurs auteurs auraient pu
accentuer, s'ils l'avaient voulu, et si tel avait été l'usage contemporain. Évidemment les esprits et les règles
de phonétique qui en sont la suite existaient de tout temps. Mais il en était pour le grec comme pour
l'hébreu ancien dont les accents n'ont été notés par les Massorètes, d'une façon continue, qu'à une époque
très tardive. Les papyrus grecs accentués les plus anciens ne contiennent que des poésies, comme les frag-
ments de l'Iliade d'Homère {Papyrtis yrecs du Louvre, édition de l'Académie, p. III et suiv.) et les poésies
d'Alcman (ibid., p. 416 et suiv.). A propos de ce dernier papyrus M. Egger a fort bien dit : « Quelques mots
» portent des signes d'accent et d'aspiration, placés conformément aux règles dont Aristophane de Byzance
» parait avoir été l'inventeur. Ainsi l'accent grave y désigne l'absence d'intonation aiguë et non pas, comme
> dans nos usages modernes, l'abaissement de cette intonation. Tous les mots, d'ailleurs, n'étant pas accentués,
»on est disposé à croire que les accents ne figurent là que pour le besoin d'une explication que le maître
» faisait à ses élèves sur quelques exemples spécialement choisis dans le texte.»