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Revue égyptologique — 2.1881

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Nr. 2-3
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Revillout, Eugène: Aug. Mariette-Pacha, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.10049#0356

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318

Eugène Revillout.

M. de Loxgpérter, alors conservateur du Musée des antiquités auquel on avait réuni provisoire-
ment le Musée égyptien, songea à attirer au Louvre le jeune professeur de Boulogne pour le classement
des antiquités égyptiennes, délaissées d'une si triste manière depuis la mort de Champollion. Il parla de
ce projet au directeur des Musées nationaux, M. Jeanron; et celui-ci écrivit aussitôt (le 1er mai 1849)
à M. Mariette la lettre suivante :

«Monsieur, Monsieur le conservateur du Musée des antiques, à qui j'ai demandé avec intérêt si il
»ne serait pas possible d'être aidé dans l'appropriation des monuments égyptiens jusqu'ici non exposés que
«nous désirons classer dans une nouvelle salle, m'a donné à connaître que vous pourriez nous être très
» utile. Je m'empresse donc de vous prier de mettre à notre disposition, dans l'intérêt du public, votre
» dévouement et vos lumières. Le Musée n'a pas beaucoup de ressources. Je ne pourrai donc disposer que
» temporairement d'une somme de 1G6 francs, G(i centimes, par mois, et je ne pourrai vous employer que j usqu'au
»ler octobre, si, suivant l'appréciation de notre conservateur, ce temps suffit pour achever le travail dont
» vous voudriez bien vous charger. Ce n'est pas, Monsieur, je le sais, la rétribution que vous considérez
«dans cette affaire, mais le charme pour vous de travailler en présence de monuments et le plaisir que
«vous aurez d'avoir été utile à notre collection. Veuillez me dire si je puis compter sur vous. Agréez etc. »

M. Mariette répondit, poste pour poste, de Boulogne, le 3 mai 1849 :

«Monsieur le directeur, J'accepte avec empressement les offres que vous me faites par votre lettre
»du 1e1' mai, relativement à la nouvelle galerie égyptienne du Musée du Louvre.

«J'ai l'honneur de vous annoncer que je me mettrai à votre disposition, aussitôt que la demande
»de congé, que j'ai faite hier, 2 mai, à M. le recteur de notre académie, me sera accordée. Vous concevez
»que je ne puis, sans nuire gravement au service du collège, abandonner mon poste, avant que l'autorité
«supérieure m'ait désigné un remplaçant. Du reste, ce congé, je l'espère, ne tardera que de très peu de
«jours à arriver.

«Permettez-moi, Monsieur le directeur, de vous prier de vouloir bien disposer de mes services tout
«entiers. Personne plus que moi n'a le désir de vous être utile et de remplir avec tout le zèle possible
» l'honorable mission que vous avez bien voulu me confier.

« J'ai l'honneur d'être, Monsieur le directeur, votre tout dévoué serviteur. »

M. Mariette put en effet prendre bientôt possession de son nouveau poste. Un mois après la lettre
que nous venons de rapporter, il était déjà depuis quelque temps au Louvre et sollicitait un congé pour
aller voir sa famille. Le directeur lui répondit en ces termes:

«Paris, le 9 juin 1849.
«A M. Mariette, employé temporaire aux travaux de la galerie égyptienne.
«Monsieur, Suivant la demande que m'a transmise M. de Longpérier, je vous ai accordé d'aller voir
«votre familJe par un congé de huit jours, sans que cela nuise en rien aux conventions faites avec vous
«pour votre travail!.

«Agréez mes salutations distinguées.»

M. Mariette travailla dès lors sans relâche au classement des monuments égyptiens. C'était au
Louvre le seul homme compétent pour cette partie; car M. Dubois2, conservateur adjoint des antiques,
chargé spécialement des antiquités égyptiennes, était mort depuis le 19 décembre 1846 et n'avait été rem-
placé par aucun égyptologue. M. Mariette formait donc tout le personnel du département égyptien. Mais
bientôt un jeune savant, qui devait rapidement conquérir une illustration bien méritée, M. e. de Bougé,
se fit, lui aussi, aggréger à notre Musée. M. de Rouge était riche. Aussi ne demanda-t-il d'abord aucun
traitement. Un arrêté du 27 juillet de cette année 1849, signé par M. Dueaure, le nomma conservateur
honoraire du Musée égyptien et l'« attacha en cette qualité au Département des antiques et de la sculpture
«à partir du 1er août 1849», en même temps qu'un autre arrêté le chargeait d'une mission aux Musées
de Leyde et de Berlin. A partir de cette époque M. de Bougé eut à diriger les travaux de classement dont
M. Mariette était chargé. M. de Longpérier n'en resta pas moins le chef hiérarchique de M. Mariette, et
c'est par son intermédiaire que toutes les demandes de congé, d'augmentation de traitement etc. durent
être adressées à M. le directeur des Musées. Nous trouvons ainsi dans les archives une lettre du 20 oc-
tobre 1849 qui est ainsi conçue:

1 M. de Longpérier, lo 10 février 1817, avait succédé au comte do Clarac, (mort le 20 janvier 1817), comme conservateur des
antiques au Louvre. Il avait passé auparavant de longues années à la bibliothèque royale, à partir de 1835.

2 M. Dubois était d'abord entré au Louvre le 25 novembre 1826 comme dessinateur des antiquités égyptiennes, dont Champollion
avait été nommé conservateur le 15 mai 182(i. Le département des antiquités égyptiennes, alors créé par Charles X, devait comprendre,
comme au Eritish Muséum actuel, toutes les antiquités orientales ; et un cours d'archéologie égyptienne y était dès lors annexé. Cham-
pollion s'occupa activement de son Musée, dont il publia le catalogue dès 1827. Mais après sa mort (arrivée le 4 mai 1832), il n'eut pas
de successeur. On réunit provisoirement son département à celui des antiques et on chargea son dessinateur, M. Dubois, de s'en occuper
spécialement en qualité de sous-conservateur. C'est à cette époque qu'on fit découper les vignettes de nos papyrus pour les coller sur
du carton et les fixer sur des pieds en bois. M. de Longpérier nous a dit avoir eu toutes les peines du monde pour empêcher l'ad-
ministration des palais royaux de scier nos grands monuments égyptiens afin d'en faire des bancs destinés aux jardins des Tuileries.
 
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