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Mancino, Léon: Un précurseur, [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0025
Croquis a la plume par Paul Huet.
UN PRÉCURSEUR
J'étais fort jeune ; je faisais ma seconde
année de droit, mais d'instinct, par je ne sais
quelle attraction magnétique, je me sentais bien
plus entraîné vers les choses de l'art dont les
moindres manifestations me lançaient dans d'in-
terminables rêveries, sans parler des convoitises
secrètes que provoquait la vue de toute œuvre
d'un caractère artistique bien accentué et d'une
franche originalité surtout. Ces convoitises-là,
bien entendu, je ne pouvais que très-rarement
les satisfaire. Aussi ma première conquête est-
elle restée un de mes meilleurs souvenirs; c'est
un cahier de grandes eaux-fortes signées d'un
Croquis à la plume par Paul Huet. n°m qUe Ie Savais HlllSt» Sans avoir pu m'en
rendre compte, car dans mon pays, que je
n'avais alors jamais quitté, les œuvres du peintre initiateur du paysage moderne en France étaient
demeurées inconnues. En attendant, ce cahier d'eaux-fortes magistrales de Paul Huet m'enthou-
siasmaient ; elles m'ouvraient des horizons nouveaux ; je me voyais pour la première fois en face
d'un artiste qui savait interroger l'âme de la nature et en traduire toute la poésie. Je ne me
lassais pas d'admirer ces superbes épreuves d'un art alors bien abandonné, et ce fut pour moi
une indicible joie de constater combien Gustave Planche en avait excellemment apprécié quelques-
unes dans son Salon de 1834, où il déclare qu'elles « rivalisent de transparence et de légèreté,
de grandeur et de souplesse, avec les meilleurs ouvrages de l'école flamande. La gravure ainsi
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UN PRÉCURSEUR
J'étais fort jeune ; je faisais ma seconde
année de droit, mais d'instinct, par je ne sais
quelle attraction magnétique, je me sentais bien
plus entraîné vers les choses de l'art dont les
moindres manifestations me lançaient dans d'in-
terminables rêveries, sans parler des convoitises
secrètes que provoquait la vue de toute œuvre
d'un caractère artistique bien accentué et d'une
franche originalité surtout. Ces convoitises-là,
bien entendu, je ne pouvais que très-rarement
les satisfaire. Aussi ma première conquête est-
elle restée un de mes meilleurs souvenirs; c'est
un cahier de grandes eaux-fortes signées d'un
Croquis à la plume par Paul Huet. n°m qUe Ie Savais HlllSt» Sans avoir pu m'en
rendre compte, car dans mon pays, que je
n'avais alors jamais quitté, les œuvres du peintre initiateur du paysage moderne en France étaient
demeurées inconnues. En attendant, ce cahier d'eaux-fortes magistrales de Paul Huet m'enthou-
siasmaient ; elles m'ouvraient des horizons nouveaux ; je me voyais pour la première fois en face
d'un artiste qui savait interroger l'âme de la nature et en traduire toute la poésie. Je ne me
lassais pas d'admirer ces superbes épreuves d'un art alors bien abandonné, et ce fut pour moi
une indicible joie de constater combien Gustave Planche en avait excellemment apprécié quelques-
unes dans son Salon de 1834, où il déclare qu'elles « rivalisent de transparence et de légèreté,
de grandeur et de souplesse, avec les meilleurs ouvrages de l'école flamande. La gravure ainsi
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