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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Chasrel, T.: Le meuble d'art à l'Exposition universelle de 1878
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0361

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LE MEUBLE D'ART

A L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878

I

epuis qu'il y a une nation française, il y a une spécialité d'art dans
le mobilier, parce qu'il y a un goût français qui, de l'aveu de tous,
se confond avec le goût même, nous dirions avec le goût idéal, si
nous ne craignions de forcer la note. Nous ne ferons pas l'histoire
du meuble d'art depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours.
Nous n'irons pas en rechercher les rudiments embryonnaires dans
les cavernes préhistoriques ou dans les dolmens de l'âge du bronze.
Ce qui nous intéresse en ce moment c'est le meuble civilisé, le
meuble arrivé, pour ainsi parler. A ce point de vue, dès le moyen
âge il est incontestable que la France est au premier rang. La
Renaissance, troublant l'ordre logique du développement national
dans la littérature et les arts, assure à l'Italie une suprématie qui bientôt rayonne sur l'Europe
entière. La France prompte à se redresser, habile à profiter des exemples des maîtres étrangers
qu'attirent chez elle des monarques intelligents et soucieux de la grandeur industrielle et artistique
du pays, ne tarde pas à s'assimiler leurs enseignements pour les approprier à son génie. D'élève
qu'il était le goût français redevient maître. Un siècle ne s'est pas écoulé que toutes les nations
ont les regards tournés vers la France, et que partout les inventions nobles ou élégantes de ses
maîtres décorateurs et de ses artisans donnent le ton et imposent les types que l'imitation
étrangère ne réussit guère qu'à alourdir pour peu qu'elle s'efforce d'y ajouter. Le xvme siècle
est l'apogée du goût français dans le meuble d'art. Le style empire marque une éclipse
qui fort heureusement n'a pas duré. Il semblait impossible de se relever jamais d'une pareille
décadence. Et cependant ce relèvement s'est accompli. Le meuble français a reconquis ses titres
de noblesse, et les différentes expositions universelles qui ont eu lieu depuis plus d'un quart de
siècle ont prouvé que la tradition des belles époques de l'art décoratif est toujours vivace.

L'Exposition universelle de 1878 offre, entre le présent et le passé, des éléments de compa-
raison dont les trésors accumulés dans les collections nationales doublent le prodigieux intérêt.
A l'exposition rétrospective du Trocadéro, par exemple, dans la belle collection de M. le baron
Sellière, au Louvre notamment, parmi les merveilles qu'une initiative vraiment artistique et patrio-
tique a sauvées du palais de Saint-Cloud avant l'investissement de Paris, au Garde-Meuble où se
trouve, par exemple, la célèbre pendule de Caffieri, au musée de Cluny enfin, abondent les
splendides témoignages de cette primauté du meuble d'art français à toutes les époques.

Par suite, une question inévitable se pose au sortir de l'exposition industrielle du Champ-
de-Mars : Cette primauté, la France la conserve-t-elle à l'heure qu'il est ? Malgré les indiscu-
tables progrès des autres nations, nous croyons que la réponse n'est pas douteuse, et que cette
réponse doit être résolûment affirmative. Peut-être même cette primauté française se maintient-
elle plus solide et plus haute dans le département du mobilier que sur le terrain des beaux-arts
proprement dits, la sculpture exceptée. Voilà, en effet, quelque cinquante ans que la peinture fran-
çaise tient une grande école internationale dont le monde entier suit avidement les leçons. Ses
exemples n'ont pas été perdus, et les galeries des beaux-arts du Champ-de-Mars montrent que
 
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