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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Nécrologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0163

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H4

L'ART.

NECROLOGIE

Il n'y a pas longtemps que nous rendions compte de
la magnifique donation faite au Louvre par M. His de la
Salle : « 434 dessins pre'cieux de maîtres anciens et modernes
de toutes les écoles, une vingtaine de peintures pleines
d'intérêt et quelques marbres antiques1 ». La mort du noble
bienfaiteur de nos musées nationaux a suivi de près cet acte
de libéralité. Aimé-Charles His de la Salle s'est éteint le
29 avril, âgé de quatre-vingt-trois ans révolus. Il était né le 11
février 179 5. Sa biographie est l'histoire de sa passion éclairée
pour les arts et de sa générosité artistique. Ancien officier de
cavalerie, ses connaissances hippiques lui inspirent le goût
de la peinture chevaline. Il s'éprend de Géricault, et réunit
une superbe collection de ses œuvres. C'est ainsi qu'il
devient amateur d'art. On ne pouvait mieux commencer.
Après ce début M. His de la Salle a parcouru toute la
série des collections depuis les temps les plus reculés jusqu'à
nos jours, depuis l'infiniment petit jusqu'à l'infiniment
grand. Amateur sincère, il n'était pas de ceux qui cachent
leurs trésors; il aimait non-seulement à les montrer mais
à les donner. Sa colossale donation au Louvre est le cou-
ronnement d'une longue vie incessamment consacrée à
l'enrichissement des galeries publiques du pays. Avant
d'introduire au Louvre le gros lot de ses collections, il avait
donné à l'École des beaux-arts cent dessins de premier
ordre, au musée de Dijon d'admirables Poussin, au Louvre
une suite de gravures d'après ce maître, au Cabinet des
estampes d'autres pièces très-rares, au musée de Rouen un
tableau de Géricault, et des dessins aux musées de Lyon,
d'Alençon et d'Orléans. Ses derniers moments ont été
marqués par une dernière donation. Sentant ses forces
décliner, il envoyait au Louvre un Léopold Robert, la
Joueuse de tambourin, un paysage de Marilhat, la Course
de chevaux montes de Géricault, et une copie de ce maître
d'après la Justice divine de Prud'hon. M. le ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts venait de le nommer
ollicier de la Légion d'honneur. La reconnaissance publique
avait ratifié cette distinction. La mort de cet homme de bien
a excité d'universels regrets.

— Un peintre qui eut son moment de vogue, plus
bourgeoise qu'artiste, Claudius Jacqoand, né à Lyon, élève
de Fleury-Richard, vient de mourir, après une longue et
laborieuse carrière. Jacquand avait deux tableaux au
Luxembourg : l'Amende honorable dans un couvent des
Frères Chevaliers, ermites de Saint-Maurice (Salon de
1853), et la Dernière entrevue de Charles Ier avec sesenfants
(Salon de 1855). Il était chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1839. La gravure à la manière noire et la lithogra-
phie ont largement exploité ses compositions pseudo-histo-

1. Voir CArt, 4U année, tome Ier, page 263.

riques, sentimentales, adroitement banales, d'une facture
monotone, d'une couleur saucée, qui avaient failli faire
illusion un instant, mais dont le public n'avait pas tardé à
se fatiguer.

— La mort vient de frapper un jeune artiste qui don-
nait des espérances, Victor Thirion, élève de M. Bougue-
reau. Sa Psyché endormie avait été remarquée au Salon de
1877. Il avait envoyé au Salon de cette année une Italienne,
qui accuse, assure-t-on, un progrès notable.

— L'école allemande a fait une perte assez sensible
par la mort de Frédéric Preller, auteur des fresques de
l'Odyssée qui décorent le musée de Weimar. Ces fresques
sont le chef-d'œuvre de l'artiste, mais pour les bien juger
il faut s'en tenir aux cartons, remarquables par le style des
compositions et du dessin, et bien supérieurs aux peintures
exécutées à la cire d'une main lourde et gauche. Une des
salles du palais grand-ducal de Weimar, la salle Wieland,
est ornée de peintures de Preller, dont les sujets sont
empruntés aux œuvres du po'jte allemand.

Frédéric Preller était venu à Weimar dans sa jeunesse,
muni d'une recommandation pour Gœthe. L'auteur de
Faust, qui appréciait son intelligence, lui donna des conseils
et des encouragements. Après avoir travaillé en Italie et à
Paris, Preller s'était fixé à Weimar, où il a longtemps
professé la peinture à l'Académie, et où il s'est éteint âgé
de soixante-quatorze ans.

— La mort de Jaroslaw Cermak atteint à la fois
l'Autriche, à laquelle ce peintre se rattache par la naissance,
— Cermak était né à Prague, — et l'école belge dont il
procède directement comme élève et imitateur de Louis
Gallait. Son meilleur tableau est un Épisode de la propa-
gande catholique en Bohême, œuvre sérieuse que n'ont pas
fait oublier, malgré leur succès, les sujets qu'il se plaisait à
emprunter depuis quelques années aux mœurs, aux sites
et aux costumes d'un Monténégro et d'une Herzégovine de
ballade. Il a plusieurs tableaux à l'Universelle.

— Le 28 avril est décédé à Paris, dans sa cinquante-
sixième année, M. Emmanuel Sano, d'Anvers. Peintre de
marines distingue, il avait obtenu de légitimes succès aux
diverses expositions belges, quand il se décida à quitter le
pays natal pour s'établir à Paris, et dès lors il ne peignit
plus qu'en amateur et à de rares intervalles. Intimement
lié avec M. Otto Mundler, il lui fut fort utile par sa très-
sérieuse connaissance des diverses écoles italiennes. La
National Gallery de Londres s'est successivement enrichie
d'un grand nombre de peintures italiennes de premier
ordre signalées par M. Sano qui fut le créateur de la collec-
tion du prince Napoléon au Palais-Royal.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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