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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Marseille
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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0138

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LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE MARSEILLE. 119

périlleux de juger de l'effet d'un plafond en dehors de sa place.

Nous devons mentionner encore quelques jolies aquarelles
de MM. Cabasson, Duveyrier, Maglione et Toussaint. M. Lagier
a deux grands dessins, rehausse's de pastel, deux portraits vrai-
ment re'ussis. Celui - surtout de la dame en mantille de dentelle
noire serait très-remarquable, si la disposition des bras ne for-
mait un V de'sagre'able. Je n'ai que des éloges pour la gouache de
M. Alph. Moutte. La pose de sa jeune femme au piano est d'un
naturel parfait, et il n'était guère possible de mieux rendre le
mouvement qu'elle fait pour atteindre de la main droite les notes

basses. Il n'était peut-être pas nécessaire de chercher ce geste un
peu forcé, mais il est certain qu'il est merveilleusement saisi.

Nous arrêterons ici ces indications sommaires. Il n'a pas
dépendu de nous de les pouvoir donner plus complètes. Sans
doute j'ai dû oublier plus d'un artiste marseillais. La faute en est
à la rapidité avec laquelle j'ai dû parcourir cette exposition, et
aussi au catalogue, que j'ai reçu depuis et qui ne donne que les
noms des exposants sans mentionner leur origine.

Eugène Véron.

CHRONIQUE FRANÇAISE

Au Collège de France. — Le cours d'esthétique récem-
ment institué au Collège de France s'est ouvert le lundi 29
avril, à 3 heures. Le titulaire de la nouvelle chaire, M. Charles
Blanc, de l'Académie française, a reçu de son auditoire, très-nom-
breux, un accueil des plus sympathiques.

Après avoir fait à l'éminent professeur une entrée encoura-
geante, mais dont la cordialité était mitigée par une discrétion
de bon goût, sinon par une réserve prudente, le public n'a pas
tardé à s'échauffer et l'orateur a été interrompu à plusieurs re-
prises par des applaudissements d'une sonorité bien nourrie, et
d'une sincérité évidente. Une des plus belles salves de bravos a
été soulevée par de magnifiques citations de Quinet et de
Victor Hugo.

Beaucoup de monde, avons-nous dit. Ii y avait des dames,
dont plusieurs prenaient des notes, peine inutile, car le cours
sera publié. M. Charles Blanc s'est demandé s'il lirait ses leçons
ou se laisserait aller à l'improvisation. Il a hésité un instant,
puis il a pris le bon parti, c'est-à-dire ni l'un ni l'autre, ou plu-
tôt l'un et l'autre. Il rédige ses leçons pour les absents, et se
livre devant son public aux hasards d'une improvisation savam-
ment préparée.

Au sortir de cette séance inaugurale, nous entendions
une des plus attentives preneuses de notes résumer ainsi
son impression : « Impossible d'imaginer rien de plus clair,
et le professeur fait d'autant mieux comprendre l'art qu'il
n'en parle pas en artiste. » L'éloge est sévère. Est-ce à dire
que dans cette première leçon d'esthétique M. Charles Blanc
ait fait de la haute philosophie ? Il a cité Platon, c'était
inévitable ; il a risqué quelques allusions, assez timides
d'ailleurs, aux spéculations de l'esthétique allemande ; mais sa
méthode personnelle a paru plus agréable que sûre et précise,
plus facile que forte et profonde. C'est ainsi que voulant, sinon
définir le beau, du moins en déterminer les conditions dans l'art,
il s'arrête à ces trois termes: * Ordre, proportion, unité », trois
choses dont se soucie fort peu la nature qui ne connaît guère
que la sublime immensité du désordre, mais trois caractères
essentiels de l'homme, et partant trois conditions 'nécessaires
de l'art. Ordre, proportion, unité, voilà qui ne fait pas
mauvais effet, mais qui ne signifie pas grand'chose , car
ordre implique proportion; l'ordre est trop facile dans l'unité,
et l'unité n'est pas tout l'art. A ces trois termes qui ne satisfont
pas même complètement aux conditions de l'art, nous préférons,
avouons-le, ceux de l'école de Kant, qui ont l'avantage de

s'appliquer aussi aisément à l'art et à l'homme qu'à la nature
elle-même, quelle que soit l'immensité sublime de son désordre :
Unité, variété, harmonie. Cela dit tout, mais cela est bien vieux,
et l'on ne peut en vouloir à M. Charles Blanc d'avoir fait un
effort, même infructueux, pour rajeunir un lieu commun.

Avant de donner la définition du beau, M. Charles Blanc a
expliqué ce qu'il n'est pas. Il ne faut pas, a-t-il dit, le confondre
avec le bon, l'utile, l'agréable. Il peut être tout cela, mais il n'y
est pas obligé. La définition positive du beau est plus difficile
que ces explications négatives ; du reste l'orateur en est convenu,
mais d'ici à sa prochaine leçon il aura eu le temps d'y songer.

Le Temps annonce que M. Charles Blanc se propose de
donner prochainement aux artistes, artisans et chefs d'industrie,
un échantillon de son cours en faisant quatre leçons sur la
céramique.

Voilà une excellente idée à laquelle nous applaudissons bien
sincèrement.

— Notre collaborateur M. Ph. Burty vient d'être désigné
par les délégués de la Société des gens de lettres comme membre
du Congrès littéraire international. On sait que les plus graves
questions concernant les intérêts réciproques des littérateurs
étrangers doivent être traitées dans ce Congrès.

— Dans une vente toute récente d'estampes modernes, que
nous avons d'ailleurs signalée, l'œuvre du naïf et sincère aquarel-
liste anglais Edwin-Edward a été adjugé 355 francs pour le
compte de notre Cabinet national des estampes. Le lot comprenait
environ 120 pièces: paysages, auberges historiques, cathédrales
célèbres, côtes du pays de Galles, vues de la Tamise dans Londres,
à Sunbury, etc. Toutes les épreuves étaient de premier choix et
pour la plupart sur japon.

On assure que cet œuvre curieux et rare ne restera pas
dans les magasins et sera prochainement livré au public dans
les volumes réglementaires. Nous aurons donc à féliciter les
conservateurs de ce Cabinet si riche, si complet en tout ce qui
ne tient pas à l'École française. La préoccupation qu'ils viennent
de montrer à l'endroit des œuvres d'un artiste contemporain est
d'un bon signe. Malgré les obligations du dépôt légal, si oné-
reuses pour les éditeurs, les suites les plus estimées d'eaux-fortes
modernes sont ici étrangement incomplètes, et ne se peuvent
mettre en comparaison avec celles que possède le Cabinet des
estampes du British Muséum. Quoiqu'il soit déjà tard pour com-
bler les lacunes, le fait que nous citons nous donne l'espoir
que MM. H. Delaborde et G. Duplessis y sont décidés.
 
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