Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

DOI Artikel:
Véron, Eugène: Histoire de la Société des Amis des Art de Bordeaux
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0306

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
I

HISTOIRE DE LA SOCIETE DES AMIS DES ARTS

DE BORDEAUX

« Comme les peuples heureux, la Société des Amis des Arts
de Bordeaux n'a pour ainsi dire point d'histoire,... mais en
présence de résultats heureux, on peut prendre aisément son
parti d'une uniformité féconde qui a bien aussi son charme, i

C'est par ces lignes que M. Sourget. le secrétaire de la
Société, commence le compte rendu de la commission adminis-
trative pour l'année 1868. La Société, fondée en 1851, existait
déjà à ce moment depuis dix-sept ans ; et de cette époque jusqu'à
aujourd'hui, aucun fait particulier n'est venu déranger la régu-
larité de son existence. Il est difficile de trouver ailleurs un
exemple semblable d'uniformité dans le progrès et de constance
dans le développement. Elle commence avec 672 actions1 repré-
sentant 16,800 fr., et d'année en année elle gagne du terrain.
En 1854, elle arrive à 855 actions; dix ans plus tard, elle en
a 932, et aujourd'hui elle atteint le chiffre de 1,148. Elle avance
lentement, mais ne recule jamais.

Les coups les plus terribles, comme la guerre de 1870, ne
peuvent rien contre sa vitalité. Loin de l'abattre, ils la stimulent.
La comparaison de certains chiffres est à cet égard singulièrement
significative.

Quel est le but d'une Société des Amis des Arts? C'est évi-
demment de répandre le goût des arts, là où il ne pénétrerait pas
sans elle. Elle a , pour savoir si elle l'atteint, un critérium
infaillible, c'est le chiffre des sommes qu'elle fait dépenser en
œuvres d'art. Quand, dans une ville, il se trouve beaucoup de
personnes qui consacrent chaque année des sommes considé-
rables en achats de cette nature, on peut dire que cette ville
a le goût des arts, et quand la proportion de ces sommes va
croissant, on a le droit d'en conclure que la Société est en bonne
voie et qu'elle mérite de plus en plus la reconnaissance et
l'appui de ceux auxquels elle a ouvert ces sources nouvelles de
jouissances.

Or, nous voyons par les comptes rendus de la Société de
Bordeaux, qu'en 1877 elle avait acheté ou fait acheter pour
1,424,430 fr. d'oeuvres d'art, ce qui, partagé entre ses vingt-cinq
années, donne une moyenne annuelle de 66,506 fr. Mais ce chiffre
ainsi considéré en bloc, manque un peu de précision. Si nous
partageons l'existence de la Société en deux parties, d'une part
depuis la fondation jusqu'à la guerre, et de l'autre depuis la
guerre jusqu'à aujourd'hui, nous nous rendrons un compte beau-
coup plus net du progrès accompli.

Pour les dix-neuf premières expositions,— de 1851 à 1870,—
nous trouvons des achats pour une somme de 973,000 fr., ce qui
donne une moyenne annuelle de 51,210 fr.; mais de 1872 à 1877
la moyenne s'élève subitement à 92.459 fr. Nous ne connaissons
que la ville de Reims dont la moyenne — 106,000 fr. — soit
supérieure à celle-là.

Cette progression répond suffisamment à certaines accusa-
tions d'immobilité qui ont été lancées contre la Société de Bor-
deaux. Il faut supposer que ces reproches tiennent surtout au
peu de goût qu'elle manifeste pour les changements de personnes.
La première commission administrative, nommée lors de la fon-

dation, en 1851, se composait de neuf membres qui étaient :
MM. A. de Carayon-Latour, président ;

T. B. G. Scott ) .

> vice-presidents;
D. Guestier )

B. de Gernon, trésorier;

Adrien Bonnet, secrétaire;

Ch. Foussat, Th. Booscasse, Desmaisons du Pallans,
Ad. Charroppin.

Chacun de ces membres a été régulièrement réélu, chaque
fois qu'expiraient ses pouvoirs, jusqu'à ce que la mort forçât à
faire des choix nouveaux. Il est bien probable que, sans la
nécessité de combler les vides, nous retrouverions encore
aujourd'hui dans la commission les mêmes noms qu'au commen-
cement. C'est chez elle un système, et l'on ne voit pas qu'il ait
eu jusqu'à présent d'inconvénient sensible.

Le Conseil d'administration est aujourd'hui composé de
15 membres, qui sont :

MM. Adrien Bonnet, président ;

D. Guestier, Dan. Lawton, vice-présidents ;
N. J. Cuginaud, trésorier ;
F. H. Brown, secrétaire ;

Azam, Th. Bouscasse, F. Brown, Henri Cabanes,
Edouard de Gernon, E. Lawton, E. Mareilhac,
M. Schroder, Adrien Sourget, comte du Vivier.

La Société des Amis des Arts de Bordeaux a beaucoup con-
tribué à enrichir le musée de Bordeaux,—auquel il reste encore
beaucoup à faire pour devenir digne d'une pareille ville2. —
En 1853, le conseil municipal a acheté pour 20,000 fr. le
tableau de Léon Cogniet : le Tintoret peignant sa fille morte. En
1863, il achetait pour 13,000 fr. la Toilette de Venus, par
P. Baudry, le Marchand d'images, d'Antigna, et les Bords de
l'Oise, par Daubigny. En 1868, il dépensait encore plus de
8,000 fr. en tableaux pour son musée. Au total la ville a acheté
aux expositions de la Société pour près de 100,000 fr. en vingt
ans. Mais il est regrettable que cette excellente tradition semble
se perdre. Depuis quelques années aucun achat n'a été fait et
cette abstention du conseil municipal fait également tort et au
musée et aux expositions de la Société.

En effet un des inconvénients inhérents à la constitution des
Sociétés des Amis des Arts est la nécessité de multiplier les achats
de petits tableaux, afin d'accroître dans la même proportion les
chances des souscripteurs à la loterie annuelle. La Société,
n'ayant que des ressources restreintes, ne peut consacrer plus
de 20,000 à 25,000 fr. à l'achat des lots.

D'un autre côté les particuliers ne sont guère tentés
d'acheter de grandes toiles, vu la difficulté de les caser dans des
appartements trop exigus. C'est donc seulement dans les musées
que peuvent trouver place les œuvres importantes. Il serait
déplorable que les municipalités se désintéressassent des efforts
des Sociétés artistiques, car il n'y a guère que leur intervention et
celle de l'État qui puissent engager les artistes à envoyer aux

1. Les actions sont de 25 francs. Une action donne droit au titre de souscripteur, plusieurs à celui de fondateur.

2. Bordeaux achève en ce moment la construction d'un bâtiment pour installer son musée. Cette circonstance, jointe à la nomination récente de M. Vallet,
un de nos collaborateurs et artiste distingué, comme directeur du musée, nous fait espérer une amélioration prochaine.

Tome XIII. , ■.
 
Annotationen