L' art: revue hebdomadaire illustrée (4.1878 (Teil 2))

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expositions départementales des tableaux au-dessus d'une cer-
taine dimension et d'un certain prix. C'est ce que M. Adrien
Bonnet, le président actuel de la Société de Bordeaux,
a fort bien expliqué à diverses reprises, notamment dans ses
comptes rendus des années 1861 et 1863 : « Nous avons déjà
remarqué, dit-il, que les achats faits au nom de la ville tendaient
à relever le niveau de l'exposition en y appelant des œuvres
d'un caractère plus élevé. Nous ne saurions trop insister sur ce
point de vue. Il faut que nos expositions ne soient pas privées
entièrement des œuvres du grand art, l'enseignement public que
l'on attend d'elles est à ce prix. Pour atteindre ce but les efforts
de la Société et ceux des amateurs ne suffisent pas ; la ville rem-
plit dignement le rôle qui lui appartient, mais l'Etat aurait un
grand devoir à remplir, et il ne fait rien pour s'en acquitter. Si

RT.

l'administration supérieure annonçait l'intention de faire une
partie de ses acquisitions dans les expositions sérieusement orga-
nisées en province, les œuvres de haut style s'y produiraient avec
des chances de rémunération. Cette répartition plus équitable
des fonds publics aurait pour effet de multiplier en France
les nobles plaisirs et les hautes leçons que tout le monde ne
peut pas aller chercher à Paris. Il serait plus facile encore de
faire figurer dans quelques expositions les œuvres les plus
importantes acquises par l'Etat avant de leur donner leur place
définitive dans les musées. Par ces deux moyens employés con-
venablement, .l'administration pourrait facilement, et sans aug-
mentation de dépenses, rendre à l'art françaisde précieux services.»

C'est ce rôle qu'ont pris un certain nombre d'amateurs
bordelais. Une exposition rétrospective organisée par la Société

{/î/étAicDc-

Chasseur landais.
Dessin de P. Salzedo a'aprùs sou tableau. (Salon de Bordeaux.)

de Bordeaux en 1852 comprenait 478 œuvres d'art, parmi les-
quelles on trouve les noms de Philippe de Champaigne, le Pous-
sin, Rembrandt, Velasquez, Murillo, Fragonard, Watteau,
Van Dyck, Wouwerman, Téniers, Salvator Rosa, Rubens,
Alonso Cano, Van Ostade, Lucas de Leydc, Chardin, Raphaël,
Titien, Paul Potter, Géricault, Ribera, Boucher, Aelbert Cuyp,
Karel Dujardin, Hobbema, Van Goyen, Ruisdael, Léonard de
Vinci, Paul Véronèse, Zurbaran, Jordaens, André del Sarte,
Memling, Holbein, Antonio Moro, Greuze, Goya, Pru-
d'hon, etc., etc. C'est à cette exposition que le comte Duchâtel
vit et acheta les deux Antonio Moro et le Memling qu'il vient
de léguer au Louvre ; ils appartenaient alors au général
d'Armagnac qui les avait rapportés d'Espagne. Le compte rendu
constate que, sans sortir de Bordeaux, on pourrait encore trouver
de quoi organiser une seconde exposition rétrospective non
moins intéressante que la emière.

A l'exposition de 1856, la Société était parvenue à grou-
per 56 toiles de Troyon. En 1868, Mm0 la comtesse Duchâtel
avait prêté la Source, d'Ingres ; l'année suivante, M. Amédee
Larrieu envoyait plusieurs Rousseau et Delacroix. En 1870,
M. John Saulnier laissait prendre dans sa riche galerie le Jésus
dans la barque, de Delacroix ; le Calme de la campagne en été,
par Marilhat ; des animaux de Troyon et deux admirables
paysages de Th. Rousseau. Dans les dernières années, M. Bon-
net, dont le dévouement à la Société ne s'est jamais lassé, a
obtenu de la direction des beaux-arts l'envoi régulier d'un
certain nombre de toiles importantes.

Aussi les expositions de Bordeaux se sont-elles toujours
tenues à un niveau remarquablement élevé, et la Société peut
se rendre ce témoignage qu'elle a véritablement atteint son but.
C'est elle qui par son intervention auprès de la municipalité a
décide l'achat de la plupart des œuvres modernes qui figurent