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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Pau
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0253

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LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE PAU

e fondateur de la Société
des Amis des Arts de Pau
est M. Le Cœur. M. Le
Cœur était architecte à
Paris, lorsque la maladie
le força à abandonner cette
carrière. Les médecins
l'envoyèrent aux pays du

soleil. Après avoir visité

Lettre du chevalier K. A. Petitot,

gravée Par Bossi. l'Italie, l'Espagne, et s'être

arrêté à Nice, à Cannes,
à Antibes, il se fixa à Pau, dont le climat lui parut le plus favo-
rable à sa santé.

Travailleur actif et curieux par nature, indépendant par
situation de fortune, il employa d'abord ses loisirs à des excur-
sions artistiques dans le département, recueillant çà et là des
notes et des dessins qui ont été depuis publiés en deux volumes
sous le titre de Promenades archéologiques en Béarn. Là sont
réunis un grand nombre de faits et de documents qui épargne-
ront bien des recherches à ceux qui voudront plus tard faire
l'histoire complète du Béarn.

Une fois qu'il eut exploré le département et mis au jour ses
richesses artistiques, M. Le Cœur s'occupa de chercher les
moyens de ramener le goût des arts dans ce pays, où il semblait
singulièrement refroidi. En 1865 il proposa de fonder à Pau
une Société des Amis des Arts. La brochure où il exposait cette
idée serait à citer tout entière. Nous nous bornerons à quelques
lignes :

« Pour rendre le séjour de Pau agréable aux étrangers, il
faut, dit-on, chaque jour leur offrir des distractions attrayantes.
Mais quelle plus attrayante distraction peut leur être offerte
qu'une exposition publique de tableaux et d'objets d'art, appelés
de tous les points de la France ? Le concours des étrangers qui
passent l'hiver à Pau ne peut manquer à la Société, car la
plupart, nés dans une grande aisance, élevés dans des villes
florissantes où le regard rencontre presque sans les chercher des
collections de tableaux et d'objets d'art, ils ont une éducation
artistique et un goût éclairé que leur fortune leur permet de
satisfaire dans des limites plus ou moins étendues.

« Or, pour qu'une Société soit prospère, il ne faut pour ainsi
dire qu'une chose, un chiffre de souscriptions qui la mette à
même de convier à ses expositions, non-seulement des œuvres
estimables, mais encore des œuvres d'un mérite réel. Mais doit-
on douter d'un nombre suffisant de souscriptions dans une ville
où, l'on peut le dire sans flatterie, toutes les fois qu'on s'adresse
au cœur ou à l'intelligence, aucun concours ne fait défaut ? »
M. Le Cœur ne se trompait pas, son appel fut entendu.
Le préfet et le maire s'empressèrent de mettre leur influence
au service de son idée. Le préfet était alors M. d'Auribeau, frère
du peintre Guillaume. M. d'Auribeau était d'avance gagné à la
cause de la Société des Amis des Arts, car personne n'aimait
plus les arts que lui. Ce préfet était en même temps un carica-
turiste très-distingué. Il a laissé à Pau des caricatures touchées
à l'aquarelle, qui sont frappantes par la ressemblance, et qu'il
enlevait en quelques coups avec une liberté, une maestria et un
esprit d'observation des plus remarquables. Ses amis le compa-
raient à Daumier. C'était beaucoup dire ; mais on conçoit avec
quel empressement dut accueillir l'ouverture de M. Le Cœur un
fonctionnaire qui poussait l'amour de l'art jusqu'à le pratiquer
sous sa forme la moins officielle.

Le maire était M. O'Quin, qui était en même temps député,
et qui depuis fut gouverneur de la Banque de France. Son

influence à Pau était très-considérable ; il était en complet
accord avec le conseil municipal. Aussi son concours fut-il très-
utile pour assurer le succès de la fondation nouvelle.

Le préfet fit obtenir à la Société la souscription de l'Empe-
reur et des dons du ministère des beaux-arts. Le maire fit
restaurer l'ancien palais de justice et le mit à la disposition de
la Société qui s'y établit aussitôt.

Les membres de la Commission administrative sont en ce
moment :

MM. Stewart, président ;

Le Cœur, président honoraire;

Cherfils (Alphonse), vice-président ;

Lafont (Paul), secrétaire :

Rigoulet, trésorier;

Pastrana (duc de) :

Elin ;

Drake del Castillo (J.) :
Salettes (de) ;
Ginot ;

Mello de Cadaval (N.).

Pour être membre de la Société, il faut souscrire une ou
plusieurs actions nominales de 25 francs chacune.

La première exposition ouvrit le 15 mars 1864 et ferma le
15 mai suivant. Cette exposition réussit, car, dans le compte
rendu qu'en fit M. Le Cœur, le 9 novembre 1864, nous lisons :
« Le but de la Société, il est écrit en tête de ses statuts, il tend
à propager le goût des arts. Ses avantages, ils ont été clairement
démontrés par le fait même de notre exposition, et par le nombre
de ses visiteurs, dont le chiffre semble protester énergiquement
contre l'indifférence artistique qu'on attribuait à la population
de notre ville. La marche de la Société, nous l'avons montrée à
ses débuts, faible, hésitante, mais aussitôt fortifiée, encouragée
par l'adhésion, par la présence du premier magistrat du dépar-
tement, par les adhésions, par la présence du maire et des
principaux habitants, par celle des deux vice-consuls et des
étrangers amis des arts. »

Le succès des expositions de Pau s'affirma de plus en plus
en 1865, 1866, 1867. L'exposition de 187S est la quatorzième
qu'organise la Société.

En 1868, M. Paul Belin fut nommé secrétaire; il remplit
ces fonctions jusqu'en 1874 avec un goût et un esprit d'ordre
auxquels tout le monde a rendu pleine justice. Ces fonctions ont
été conférées, en 1876, à M. Paul Lafont, qui est à la fois un
amateur et un artiste. M. Lafont s'appliqua surtout à donner
aux ventes une forte impulsion, convaincu, avec grande raison,
que c'est là le vrai, le seul moyen d'attirer aux expositions de
province des œuvres de mérite. Grâce à son zèle et à son activité,
les achats d'œuvres d'art s'élevèrent rapidement à des chiffres
jusqu'alors inconnus.

La moyenne des achats pour 1876, 1877 et 1878 est d'environ
Cm tableaux, représentant de 45 à 50,000 francs.

M. Lafont a été énergiquement secondé dans ses efforts par
le vice-président, M. Alph. Cherfils, non moins passionné pour
les arts. Grâce à leurs relations avec un grand nombre d'ateliers
parisiens, ces deux hommes ont rendu à la Société des Amis des
Arts de Pau des services signalés. C'est ainsi qu'ils ont pu
attirer à leurs expositions Corot, Courbet, Daubigny, Vollon, et
bien d'autres qu'on ne voit guère si loin de Paris. Ils ne se sont
pas contentés d'avoir beaucoup de tableaux, ils ont pris au sérieux
la mission que se marque la Société par l'article premier de ses
statuts, la propagation du goût de l'art, non pas de l'art acadé-
mique et convenu, mais de l'art sincère et vivant. Il y a fort à
 
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