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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Mancino, Léon: Un précurseur, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0044

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i

UN PRÉCURSEUR

i

(suite '.)

« Lui aussi, continuait Gustave Planche dans son excel-
lente appréciation du génie initiateur de Paul Huet, lui
aussi il veut la nature et la réalité, mais la réalité vraie,
c'est-à dire poétique, vivement sentie, finement et coura-
geusement étudiée; il veut surtout traduire ses impressions
personnelles et intimes. Il n'a pas comme tant d'autres
l'orgueilleuse présomption de faire le portrait en pied d'un
parc ou d'un ruisseau. Il voit, il regarde, il s'en va, il se
souvient, et emporte avec lui des traces ineffaçables, des
gages certains de ses voyages et de ses études; puis, quand
vient l'heure de l'invention, quand il veut composer, il
choisit dans ses souvenirs, il fait dans ses croquis un triage
sévère, il rallie et groupe les éléments que la nature lui
donne, autour d'une idée grande et poétique. Il se propose
une impression à produire, un effet à atteindre, un but à
toucher, et une fois à l'œuvre , il lutte selon ses forces,
avec un louable courage, pour accomplir son projet. Le
succès a-t-il couronné ses efforts? Oui, si l'on compare le
pas qu'il vient de faire à ses premiers débuts. En 1827, il
n'avait pas encore résolu, même approximativement, le pro-

Croquis à la plume par Paul Huet. 1 11 r

blême qu'il avait posé. Cette année , s'il n'a pas trouvé le
caractère définitif, la forme dernière et irrévocable à laquelle il prétend s'arrêter, s'il n'a pas encore
pleinement révélé la poésie qui lui tient au cœur, au moins pouvons-nous assurer que l'initiation
pittoresque, commencée il y a quatre ans, est aujourd'hui fort avancée. Involontairement, par un
soudain et inévitable retour de pensée, les débuts de M. Paul Huet rappellent les premières Mé-
ditations de Lamartine. En présence de ses œuvres comme à la lecture des Méditations, on éprouve
la même impression; c'est la même rêverie vague et immense, le même entraînement vers des
pensées graves et indéfinissables; on voit s'ouvrir devant soi le même horizon lointain et infran-
chissable.

« Convient-il que la peinture, qui, de toutes les formes de l'imagination, est la plus positive
et la plus réelle, se propose et tâche de réaliser et de traduire de semblables impressions?
Appartient-il au pinceau de lutter avec la poésie et la musique, de prétendre comme elles à la
fantaisie, à la fantaisie pure? De pareilles et si délicates questions ne sauraient se résoudre, en
théorie, d'une façon décisive. 11 n'appartient qu'à l'histoire de les trancher. »

Quarante-quatre ans plus tard, un esprit des plus sagaces et des plus réfléchis, notre colla-
borateur M. Pierre Petroz, publiait ce remarquable livre qui a nom : L Art et la Critique en
France depuis 18222 . Admirateur aussi intelligent que passionné de Théodore Rousseau, il ne
permettait pas à son enthousiasme de l'empêcher d'être équitable, et appréciait ainsi la place
considérable que Paul Huet occupe dans la révolution artistique 3 : « Un changement de méthode

1. Voir l'Art, 4* année, tome II, page 15.

». Un volume in-18 de jjt) pages. Paris, Germer Baillière, 1875. Voir l'Art, ir- année, tome H, page 28;.
Pages 197 et suivantes.

Tome XIII. f
 
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