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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Cartault, A.: Notre bibliothèque
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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0258

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CHRONIQUE

point de ces charmantes choses un joli pot très-bien monté,
orné de deux perroquets perchés sur un tronc tordu qui se ter-
mine en rieurs gigantesques ; l'un tourne du côté du spectateur
son grand œil étonné, l'autre penche vers la terre un bec ouvert
et avide.

Auprès des Rouen qu'il écrase de son luxe reluit tout
chamarré d'or un pot de vieux Delft d'Adrian Pynacker,
un peu bourgeois de forme , tout empourpré de fleurs
rouges épanouies, et sillonné de grands zigzags bleu foncé;
il est magnifique, comme un gros négociant de Hollande
richement paré pour une kermesse ; il est accompagné d'une
assiette qui, sans avoir le même rayonnement, est, elle aussi,
chargée d'un pompeux décor et toute fulgurante de zigzags bleus,
Une petite plaque également de Delft brille au contraire par la
finesse harmonieuse des tons, par ses verts clairs, par ses roses
tendres : au milieu, sur des branches gracieusement recourbées,
un perroquet rouge et jaune se pavane avec orgueil. Que de
choses à citer si l'on voulait être complet : un petit amour en
faïence de Marseille, porté par un aigle et dont le corps
enfantin est si grassement potelé et si mignonnement souple;

FRANÇAISE. 231

une autre statuette, également de Marseille, représentant l'Asie
avec son costume oriental et sa trompe d'éléphant sur la tète !
Mais la plume se refuse à lutter contre ces petits chefs-d'œuvre
indescriptibles qui réservent à l'amateur tant de délicates jouis-
sances.

Ce livre, que l'auteur dédie « à son propriétaire » (M. le
baron Alphonse de Rothschild), ne fera pas seulement honneur à
M. Cousin qui par ses patientes recherches en a réuni les
éléments, qui par sa prose vive et alerte a établi un lien entre
ces objets si divers et qui a surveillé l'exécution de son œuvre
avec un goût sûr et une impitoyable sévérité. Cet essai honore
l'imprimerie Danel de Lille, qui expose dans sa vitrine à l'Expo-
sition universelle les différents tirages des faïences merveilleuse-
ment reproduites par la chromotypie. M. Danel, que ses
impressions de commerce ont rendu millionnaire, ne saurait faire
un plus noble usage de ses immenses ressources et de l'expé-
rience de ses collaborateurs ; puisse le succès l'engager dans
cette voie !

A. Cartault.

CHRONIQUE FRANÇAISE

Au Louvre. — La plupart des travaux dont nous avions
démontré l'urgence et dont M. Reiset a hâté l'exécution avant
l'ouverture de l'Exposition universelle sont aujourd'hui achevés.
On a refait le dallage de la partie du premier étage qui se trouve
entre l'escalier Henri II et l'escalier Henri IV; une mosaïque
sans luxe mais en harmonie avec les autres parties de l'édifice a
remplacé les affreux carreaux de terre. On a terminé également
la réfection du parquet usé de la salle des bijoux antiques. La
nouvelle salle de sculpture moderne ouverte par M. Reiset est
aussi complètement aménagée et l'on finit en ce moment les
peintures qui doivent en couvrir les murailles. Enfin des rideaux
neufs ont remplacé ceux qui étaient fanés. Il ne reste plus main-
tenant qu'à entreprendre les travaux signalés par M. Tirard dans
son rapport sur le budget de l'année dernière et que leur impor-
tance force d'ajourner. Nous voulons parler de la décoration
des salles de la colonnade où était autrefois le musée des souve-
rains, de la canalisation des galeries si malheureusement inter-
rompue et si nécessaire cependant pour protéger nos précieuses
collections contre l'incendie, de l'établissement des caves sous
toute la partie du vieux Louvre qui en est dépourvue, et que
l'envahissement du salpêtre menace d'une destruction rapide.
Quant à l'installation des peintures de Delacroix, d'Ingres, etc.,
qui est aujourd'hui si pitoyable dans l'espèce de grenier que l'on
sait, aucun parti n'a encore été adopté. Se résoudra-t-on enfin
à transporter le musée de marine aux Invalides, où serait sa
véritable place, et à utiliser autrement les nombreuses salles du
Louvre qu'il encombre ? Ou bien appropriera-t-on pour les
peintres modernes l'ancienne salle provisoire des États qui
occupe, au milieu des galeries du premier étage, une place
énorme et entièrement perdue ? Voilà ce qu'il est impossible de
dire à l'heure qu'il est.

Comme acquisition nouvelle, il n'y a à signaler que le beau
tableau de Daubigny intitulé la Vendange, acheté 10,000 francs
pour le musée à la vente du maître. On a placé dans la salle de
la République où se trouvent les Géricault les quatre toiles que
s'était réservées M. His de La Salle, et que le généreux donateur
a envoyées quelques jours avant sa mort pour compléter le
magnifique cadeau qu'il venait de faire au Louvre. En même
temps était ouverte, dans une des galeries de la colonnade, la
salle Duchâtel : au milieu est le buste du comte Duchàtel, par

M. Chapu ; à droite, sur une tenture de velours rouge, le grand
Ex-voto de Memling et les deux volets de triptyque d'Antonio
Moro, perles précieuses dont l'éclat profond et le charme austère
vous remplissent d'admiration ; en face l'Œdipe et la Source
d'Ingres. A côté de la salle Duchâtel est exposé momentanément
le grand retable de Beaune, dont la restauration vient d'être
terminée par les soins de l'administration du Louvre. C'est une
des plus belles œuvres du xv° siècle et que l'on doit aller admirer
avant qu'elle ne quitte le Louvre pour la province, où l'on doit
la retransporter après une exposition de deux mois. Peint de
1443 à 1547 par Rogier Van der Weyden, pour le chancelier de
Bourgogne Rollin, ce retable représente le Jugement dernier.
Les travaux de restauration dont il vient d'être l'objet n'ont pas
duré moins de trois ans.

Musée du Luxembourg. —■ La nouvelle salle de sculpture à
laquelle on travaillait depuis de longs mois et qui a été installée
par l'architecte au rez-de-chaussée, à côté de l'ancienne, est
maintenant ouverte. Elle comprend les locaux jadis occupés,
dans l'aile droite du palais, par les bureaux du Sénat. Grâce à
cette galerie, on a pu mettre quelque ordre dans la collection de
sculptures modernes qu'il y avait au musée et que le manque de
place avait fait entasser pèle-mèle. L'architecture de cette galerie
est fort simple ; elle présente une série d'arcades au milieu
desquelles de larges fenêtres répandent à flots une belle lumière ;
les portes, vraies ou simulées, sont toutes revêtues de glaces qui
en prolongent indéfiniment la perspective.

Le conservateur, M. Dubois, y a disposé avec goût une
partie des sculptures qui encombraient l'ancienne salle ; mais
sauf les quatre bronzes qui se trouvaient au premier étage, dans
la salle de la Rotonde, et le Faucheur de M. Guillaume, aucune
œuvre nouvelle n'y est exposée. Au contraire, les deux galeries
offrent au regard une quantité de piédestaux solitaires, veufs de
leur groupe, de leur bronze ou de leur marbre, avec une brève
inscription explicative : Pour cause d'exposition universelle. En
effet la plupart des artistes ont fait retirer leurs œuvres du
musée pour les exposer au Champ-de-Mars. On compte dix-
huit sculptures absentes.

Au premier étage, dans les galeries de peinture, on a dû
procéder à un remaniement général des tableaux pour que les
vides laissés par les toiles qui ont été transportées au Champ-de-
 
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