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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Chronique française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0259

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232 L'A

Mars ne soient pas trop sensibles. Quarante-six peintures ont été
enlevées ; on nous épargnera d'en donner la nomenclature.

Musée de Cluny. — C'est peut-être celui de nos musées où
ont été exécutés dans ces derniers temps les plus importants tra-
vaux. La semaine dernière, M. Du Sommerard a rendu publiques
les galeries nouvelles dans lesquelles ont été placées les récentes
acquisitions, dont plusieurs sont d'un intérêt capital. Ces galeries
sont au nombre de trois ou quatre. D'abord la petite salle
romaine contigué au boulevard Saint-Michel; elle avait souffert
du voisinage des bâtiments dans lesquels elle se trouvait enclavée;
dont la conservation en est maintenant assurée. Puis la grande
salle prenant jour sur la rue Du Sommerard dont on vient
d'achever la construction, celle qui a été établie au-dessus de la
salle des carrosses anciens; enfin les deux ingénieuses passerelles
installées dans la salle des tapisseries et la salle des tombeaux,
qui ont permis à l'actif conservateur du musée d'exposer les
nombreuses collections léguées par divers donateurs depuis 1874.

Sur la passerelle de la salle des tapisseries, M. Du Somme-
rard a fait placer une vingtaine d'armoires anciennes, de ces
solides et belles armoires normandes, aux sculptures si originales,
dans lesquelles il a disposé, après en avoir fait évider les portes,
les legs suivant leur nature et leur caractère. Ici l'on voit les
magnifiques coffrets en fer des xve et xvic siècles, les meubles en
bois sculpté, les armes et les faïences données par M. Girard,
greffier au tribunal de la Seine. Plus loin, c'est,la série des armes
anciennes léguées par M. P. A. Labouchère, les meubles du
xvic siècle légués par Mlnc veuve Grillon et par M. Lafine, la
collection Cottenot, comprenant plus de cinquante pièces d'armes
de tout premier ordre et de la plus précieuse valeur. Voici
l'armoire réservée au legs de M. Jauvin d'Attainville, ce géné-
reux ami des arts, mort l'année dernière, et qui contient d'admi-
rables pièces de céramique italienne, des bijoux anciens, des
émaux, des ivoires, des coffrets, de merveilleuses tapisseries parmi
lesquelles il en est une du xvie siècle représentant VAdoration des
mages qui est véritablement éblouissante. Voici encore les dons
faits par Mmc veuve Humbertde Molard, comprenant une grande
et belle coupe en émail de Limoges de Pierre Courtoys, des
bijoux en or, des pièces d'étoffe, des broderies anciennes, ainsi
que de nombreux objets intéressants des xive, xv° et xvic siècles,
donnés par le comte E. Batthyani, le baron Davillier, MM. Drey-
fus, Guichard, Mathieu-Meusnier, la baronne Dornier, Mme de
Brebisson, MM. Bosredon, Thomas Charton, Billard, Arthur
Foussier, etc. L'histoire de la vie civile des Français comme celle
du livre est représentée dans ces vitrines de forme nouvelle.
Telle armoire nous montre les premiers livres qui aient été
imprimés, des traités rarissimes de mécanique ou d'astronomie,
des manuscrits à miniatures, des livres de plain-chant; telle autre
offre les jetons relatifs à l'histoire de Paris, pièces du plus haut
intérêt et d'une valeur immense ; une autre encore contient
tous les instruments de poids et mesures en usage dans les
diverses villes de France pendant le moyen âge : une autre la
vaisselle vulgaire employée jadis par le peuple, des gobelets,
des assiettes, etc.

La passerelle qui vient ensuite et qui se trouve dans la
salle des tombeaux est réservée entièrement à la collection des
faïences de Rhodes que M. Du Sommerard a acquise au prix de
mille soins, collection magnifique, d'un aspect imposant et sans
rivale dans tous les musées de l'Europe. Les vases, les aiguières,
les plats et les coupes, plus de 600 pièces de toute beauté, dont
quelques-unes valent à elles seules des milliers de francs, rayon-
nent sur les murs, dans les caprices d'une coloration éclatante,

RT.

dans la grâce et le pittoresque de leur forme infiniment variée,
dans la richesse et la liberté de leur décor. Il faudrait un
volume pour décrire toutes ces merveilles et en montrer l'impor-
tance historique.

C'est dans la salle au haut de laquelle ont été placées ces
belles faïences que l'on a mis les fragments des cinq tombes des
grands maîtres français de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
acquis à l'île de Rhodes, sur l'avis de la commission des monu-
ments historiques. Ces tombes, d'un intérêt considérable, après
avoir été retenues pendant quatre mois sur les quais de Rhodes,
par les autorités locales, ont enfin, grâce à l'intervention de la
diplomatie française à Constantinople, été livrées à notre agent
consulaire. Elles portent toutes des inscriptions. Au milieu de la
salle, sur un fût de colonne, un splendide fanal de galère véni-
tienne, en cuivre repoussé et richement sculpté, semble éclairer
ces mémorables et solennels monuments de pierre.

D'autres acquisitions, d'une importance non moindre, ont eu
pour effet de sauver les fragments encore debout d'édifices des
siècles passés aujourd'hui réduits en ruine ; tels sont les fonts
baptismaux de l'église de Betton, en granit sculpté, monument
d'art breton du xvi" siècle, les vitraux de la chapelle de Saint-
Gilles, du même édifice, la porte du chœur de l'ancienne église de
Guérande, etc. La série des étoffes, des ornements brodés et des
tissus, a pris aussi un grand accroissement. Une grande partie
de ces acquisitions trouveront place dans la galerie nouvelle
qui vient d'être établie au-dessus de la salle des carrosses, dont
l'accès n'est point encore permis.

Le Roi.i.a de M. Gervex. — Un tableau de M. Gervex intitulé
Rolla, exclu des galeries du Palais de l'Industrie par scrupule
de moralité, a été exposé rue de la Chaussée-d'Antin où tout
Paris a voulu le voir. Le peintre, en s'inspirant du poème
de Musset, a choisi le moment où Rolla, ruiné, s'est rendu chez
Marion pour dissiper dans une dernière nuit de plaisir les
quelques louis qui restent au fond de sa bourse. Marion dort,
étendue sur le lit. A ses côtés est le collier d'or ; sur une chaise
et à terre sont épars les vêtements de la jeune fille. L'aube qui
se lève au dehors se confond avec la lueur indécise qu'une lampe
projette dans la chambre. Quant à Rolla, il est appuyé au bord
de la fenêtre, rêveur, amer, résolu à la mort. L'œuvre atteste
une incontestable virtuosité de palette.

La Société des études historiques, qui avait choisi cette
année pour sujet de concours l'Histoire du portrait en France,
a décerné le 12 mai les récompenses aux concurrents en séance
publique.

M. Raphaël Pinset, instituteur primaire à Paris, a remporté
la première médaille de 500 francs. Seconde médaille, d'une
valeur de 500 francs, à M. Jules d'Auriac, avocat, chef du cabinet
du préfet des Côtes-du-Nord, fils de M. Eugène d'Auriac,
conservateur à la Bibliothèque nationale. Enfin une mention
très-honorable a été accordée à M. Marquet de Vasselot,
statuaire.

L'Exposition des peintres militaires. — Cette exposition
s'est ouverte le lundi 20 mai dans les galeries de la maison
Goupil, rue Chaptal,o. Elle comprend une vingtaine de tableaux
et autant d'aquarelles et dessins. Nous en rendrons compte
prochainement.

Le Musée des arts décoratifs.— Nos lecteurs apprendront
avec intérêt que ce musée, à l'institution duquel l'Art a pris
une part active, pour ne pas dire plus, a enfin trouvé un local,
le pavillon de Flore, qui lui est concédé à bail par l'État,
moyennant une redevance de pure forme.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉRON.
 
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