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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Énault, Louis: Le Mont-Saint-Michel, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0071

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LE MONT-SAINT-MICHEL

IV

(SUITE1

omme il arrive trop souvent dans les cons-
tructions qui relèvent du gothique flam-
boyant, la voûte du chœur est surchargée
jusqu'à la confusion. Ici il y a excès, et
« l'excès en tout est un défaut. »

L'ornementation du chœur de cette
noble basilique répondait jadis à sa beauté
architecturale. Mais les vicissitudes subies,
à diverses reprises, par l'illustre abbaye
ne l'ont pas épargné plus que le reste
de l'édifice. C'est en vain que l'on cher-
cherait aujourd'hui ce maître-autel du xvi"
siècle, revêtu de lames d'argent, ainsi que
ses gradins et son tabernacle ; surmonté
de la statue de l'Archange exterminateur,
avec l'image poétiquement chimérique et
finement ciselée du Dragon infernal, qui
se tordait, se débattait sous les pieds
de son vainqueur. Aujourd'hui, derrière
l'autel nouveau, absolument moderne, on
voit encore un groupe de l'Archange et
du Démon, d'après Raphaël. Le saint Michel
muse et d'un ange a la tète de l'Apollon,
et les formes d'un dieu antique, comme si son auteur, se souvenant moins de l'ange que de la
muse, avait voulu être plus païen que chrétien.

On ne retrouverait pas davantage l'aigle en cuivre sculpté, aux ailes éployées, placé au milieu
du chœur, en 1488, pour servir de lutrin aux chantres ; ni les stalles des chevaliers, œuvre des
plus habiles sculpteurs du xiv" siècle. Tout cela a disparu, avec le grand balustre aux fines
couleurs, les six grands chandeliers des fêtes solennelles, le bras de saint Aubert, enchâssé dans
For, et la crosse de dix mille livres du révérend père abbé.

Les fresques qui régnent autour du chœur, sur une saillie en pierre de Caen, ont encore, malgré
certaines altérations, une très-réelle valeur. Des bas-reliefs d'une bonne conservation, et d'une
réelle habileté de main, nous prouvent que la sculpture s'unissait à la peinture pour décorer plus
dignement le Grand-Œuvre. Quelques-uns de ces bas-reliefs sont d'une exécution vraiment
remarquable. J'en citerai un particulièrement, que la naïveté, et, en même temps, la puissance
d'expression des physionomies recommandent à l'attention des visiteurs. On pourrait l'intituler la
Barque. C'est un souvenir christianisé du paganisme. Cette barque, c'est la nef fatale qui passe les
âmes de ce monde dans l'autre; c'est la barque de Carou, chantée par Virgile, parodiée par Lucien,
immortalisée par Dante et par Delacroix. Ici le nocher infernal est remplacé par le doux Jésus,
debout, tenant en main une croix, autour de laquelle flotte une banderole. La barque est fragile,

Lettre manuscrite tirée d'une Bible de Charles-le-Chauve (IXe siècle).

du grand artiste que l'on a si bien appelé le fils d'une

1. Voir l'Art, 4* année, tome Ier, pages 241 et 27}.
 
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