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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Cérésole, Victor: Les origines de la dentelle de Venise et l'école du point de Burano à l'Exposition universelle de Paris en 1878, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0123

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io6

L'ART.

veut savoir les tarifs, s'ils ont baissé et où vont les produits, quels sont enfin les pays qui en
consomment le plus.

Cette lettre est du 16 août 1669. La réponse de l'ambassadeur n'ayant pas été conforme
à ses désirs, Colbert l'invita à faire soigneusement observer et découvrir les marchands qui
continuaient leurs correspondances avec Venise, « afin que l'on pût travailler deçà à les en dé-
goûter ».

Dès le 9 novembre 1666, le roi Louis XIV avait déjà écrit à M. de la Bourlie, gouverneur à
Sedan, qu'il a « pris de grandes précautions contre la malice des marchands qui avaient accoutumé
de faire travailler à Venise et de débiter dans sa cour et dans son royaume les ouvrages de
cette ville-là ».

Établie le j août 1665 avec un privilège exclusif de dix années, la manufacture des points de
France donnait trois ans après un dividende de 30 pour 100, qui augmenta les années suivantes.
L'établissement créé, il fallut le soutenir contre la concurrence des produits vénitiens ; on ne

Portrait de Cencia Scarpariola,
Directrice de l'école de dentelles de Burano en 1872.
Gravure de Pontenier.

négligea rien et les fabriques des points de France se multiplièrent bientôt. A côté de celle
d'Alençon, renommée entre toutes, — dit M. P. Clément dans son Histoire de Colbert — et qu'i
fallut protéger un jour contre une émeute d'un millier de femmes, anciennes ouvrières que ruinait
le privilège, Chantilly, Gisors, Sedan, Charleville eurent leur célébrité.

Un des frères de Colbert ayant été nommé évêque d'Auxerre, il le conjura, au nom du spirituel
et du temporel des habitants, de s'intéresser aux manufactures qu'il y avait fondées.

A Reims, un atelier privilégié fut fondé avec six Vénitiennes, sous la surveillance de Marie
Colbert, religieuse au couvent de Sainte-Claire, nièce du ministre. Près de deux cents Vénitiennes
furent ainsi successivement attirées en France pour y enseigner l'art de la dentelle.

M. Yriarte, en établissant dans son beau livre sur Venise, auquel nous avons largement puisé,
que Louis XIV et son ministre étaient arrivés à introduire en France dès 1673 cette industrie
vénitienne, ajoute : « Si les autres pays d'Europe parvinrent à implanter chez eux une industrie
qui avait pris naissance en Italie, et à créer des centres de production aussi florissants qu'Alençon,
Argentan, Sedan, Mirecourt, Hornton, Bedfort, Buckingham, Oxford, Malines, Bruges, Bruxelles,
il n'en reste pas moins vrai que l'initiative avait été prise par les Vénitiens. »
 
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