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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Véron, Eugène: La Société des Amis des Arts de Marseille
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0134

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LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS DE MARSEILLE

a Société des Amis des Arts de Mar-
seille est de beaucoup la mieux et la
plus complètement organisée que nous
avons trouvée jusqu'à ce jour. Partout
ailleurs les Sociétés de ce genre, uni-
quement fondées en vue d'une expo-
sition annuelle, paraissent n'entrer en
activité qu'au moment où se fait cette
Lettre composée et gravie exposition. Le reste du temps la
par Jean Bouton. Société est en sommeil et ne pos-

sède qu'une énergie virtuelle et latente. C'est-à-dire que les
arts ne s'imposent à leurs préoccupations qu'environ un mois ou
deux sur douze.

A Marseille la situation est toute différente, parce que la
cheville ouvrière, l'organisation prépondérante est, non pas la
Société des Amis des Arts, mais le Cercle artistique. Le Cercle
constitue un centre de réunion où l'on se rencontre tous les jours,
où l'on cause, où l'on s'entend sur toutes choses. Si une idée
utile se produit, elle peut être communiquée, discutée, élaborée,
complétée immédiatement ; on n'a pas besoin de convocations,
de dérangements. Or il y a mille chances que des idées d'amé-
lioration se produisent continuellement, grâce aux relations
quotidiennes entre un grand nombre de personnes préoc-
cupées des mêmes pensées. Il faut donc féliciter bien
vivement les jeunes gens qui en 1867 conçurent l'heureuse
idée de cette organisation, et qui eurent le courage d'en pour-
suivre la réalisation, à travers toutes les difficultés, malgré les
faibles ressources dont ils disposaient, et, ce qui est plus encore,
en dépit de précédents qui n'étaient pas faits pour les encou-
rager. Il y avait déjà eu successivement, à Marseille, deux fonda-
tions du même genre, le Cercle des Beaux-Arts et l'Union des
Arts. Ces deux tentatives avaient échoué, et l'on ne se faisait pas
faute d'objecter ce double échec aux jeunes téméraires qui vou-
laient tenter une troisième fois la fortune. Ils persistèrent, con-
vaincus que leurs prédécesseurs n'avaient pas su se mettre en
rapports assez fréquents, assez cordiaux pour ainsi dire avec le
public. Ils s'étaient trop enfermés chez eux, n'entr'ouvrant leurs
portes qu'avec défiance.

C'était précisément le contraire de ce qu'il fallait faire. Les
fondateurs du Cercle artistique en avaient le très-juste senti-
ment. A peine eurent-ils réuni le nombre de souscripteurs
strictement nécessaire pour couvrir les premiers frais, —
ils étaient une centaine, payant 50 francs par an, — ils
ouvrirent leurs portes toutes grandes, et offrirent gra-
tuitement au public des concerts, des expositions, des con-
férences scientifiques et littéraires. Comme les sujets des confé-
rences et les conférenciers étaient bien choisis, les concerts
intéressants et les expositions habilement organisées, le public
accourut et nos jeunes gens, désormais sûrs de leur point d'ap-
pui, n'hésitèrent pas à louer au centre de la ville, pour le Cercle
à peine né, un local parfaitement disposé en vue des expositions
et des concerts. Ils s'y transportèrent le 8 octobre 1868. Le
loyer était hors de toute proportion avec leurs revenus. — Ils
étaient à ce moment 150, mais ils savaient — la plupart étant
industriels ou commerçants — qu'il y a des dépenses qu'il faut
savoir faire parce qu'elles sont productives. Le Cercle installé
dans des conditions favorables devait par cela même devenir de
plus en plus attractif. Cette audace intelligente reçut bientôt sa
récompense. Quelques mois après le Cercle comptait 400 mem-
bres.

Alors, sûr de vivre, on s'organisa définitivement.

Comme le but réel, unique de la fondation était de travailler
à la diffusion du goût artistique, le Cercle commença par fonder
sous son patronage une Société des Amis des Arts. Sa fonction
principale a toujours été d'attirer et de recruter des adhérents à
cette Société. Aussi le irr article porte-t-il que « tous les membres
du Cercle sont tenus de faire partie de la Société des Amis des
Arts ». La cotisation pour le Cercle est de 25 fr. et celle pour la
Société est de 70.

Le Cercle est administré par un président, trois vice-
présidents, un secrétaire général et un secrétaire adjoint,
un trésorier, un bibliothécaire-archiviste et douze com-
missaires. Ceux-ci sont successivement et suivant l'ordre du
tableau, chargés chacun pendant un mois de la police des détails
journaliers; ils visent tous les comptes régulièrement arrêtés, mais
ils n'en payent aucun ; ils veillent à l'exécution du règlement et
des délibérations de l'administration.

Pour éviter tout tiraillement, « le Comité de la Société des
Amis des Arts se compose du bureau du Cercle artistique et de
neuf membres désignés par sa commission. Ces membres orga-
nisateurs s'adjoignent d'autres membres en nombre indéter-
miné et ils se répartissent en trois sections chargées :

« La première, des détails relatifs aux beaux-arts et aux
expositions de peinture ; la deuxième, des concerts et auditions
musicales ; la troisième, des conférences littéraires et scientifi-
ques. »

Rien de plus simple ni de mieux entendu. Aussi les résultats
ne se firent-ils pas attendre.

La commission de littérature commença par procurer au
Cercle un nombre considérable de journaux, revues et ouvra-
ges se rapportant aux divers arts. La bibliothèque comprend
aujourd'hui plus de deux mille volumes, sans compter 250 par-
titions pour piano et pour chant, 120 symphonies, ouvertures,
pièces d'orchestre, et 500 morceaux de musique instrumentale,
soli, duos, trios, quatuors. Le Cercle artistique donne une
dizaine de conférences par an, sur les sujets les plus variés, et son
exemple a été suivi par d'autres Sociétés. C'est au Cercle que le
Congrès des orientalistes a tenu ses séances, et que l'Académie de
Marseille tient ses réunions solennelles ; c'est au Cercle que la
Société de géographie nouvellement fondée à Marseille a trouvé
une hospitalité gracieusement offerte et dernièrement a pu rece-
voir Stanley, à son retour d'Afrique.

La commission de littérature a même tenté un essai qui
lui a trop bien réussi pour qu'elle ne le renouvelle pas ; elle a
par souscription réédité les œuvres de Gustave Bénédit, un des
esprits les plus originaux de la littérature provençale.

La commission de musique a utilisé la grande salle du Cercle,
qui peut contenir près de 800 personnes, pour donner des con-
certs. Le 8 octobre 1868 elle donnait son concert d'inauguration.
Elle a organisé un orchestre et un chœur composés en partie
des membres du Cercle. Elle y a adjoint des artistes des théâ-
tres de Marseille. C'est ainsi qu'elle a pu, depuis 1868, donner
6} grands concerts, sans compter les auditions qui se succèdent
sans relâche. Plusieurs compositeurs marseillais lui doivent
d'avoir pu faire connaître leurs œuvres au public. La Société
met d'ailleurs gratuitement la salle et même son orchestre à la
disposition des artistes marseillais ou étrange rs qui en font la
demande. Depuis 1868, 132 concerts particuliers ont été donnés
dans cette salle. La commission de peinture n'a pas montré
moins d'activité. Elle ne se contente pas, comme la plupart des
 
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