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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Colvin, Sidney: Études sur quelques maîtres graveurs du XVᵉ et du XVIᵉ siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0170

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ifo L'ART.

je essyroye. Et devans tous autres hautains je commençay a regarder les Evesques desquelz
l'ancienne sainteté a anobli plusieurs liuvres par leur bonne affection. Quant je regarde les
Evesques présents qui fourvoient des anciens lesquelz par larmes et oroisons soloient esmouvoir
les vertus des cieux contre ceulx qui contrarioient à leur deuotion : j'ay veu forgier heaumes de
mittres aux prestres, des croches lances, et de leurs saincts vestemens haubergons contre la paix
et franchise des innocens et simples hommes. J'ay veu assegier chasteaux et eulx essoyr de feu
bouter et violences et de sang humain espandre. Et je ainsi mocque des evesques tournay l'œil
de ma pensée a L'Empereur de maintenant, mais tantost je muay mon conseil entendu que il
aime mieux la gloire de bachus de thebes qui est le dieu du vin qu'il ne fait la resplendisseur ni
le honneur de mars ytalien qui est le dieu des batailles, lequel empereur est endormi soubz le vent
de bise au derrain anglet du monde entre les mangiers et les hanaps de vin. Mais quoy a la fin
entrent en mon corage ceulx qui portent couronnes royaulx et veulent estre tenus pour roys et
ils sont asnes sauvages a beaux harnois, especialement ceux qui en ce temps régnent. »

Suit une revue des rois contemporains. Le roi de France, qui vient en tête, est renvoyé
comme étant un homme non-seulement illettré, mais qui tient les lettres en mépris ; « a si grans
hommes qui ainsi peu scevent et qui dampent la chose aux roys par quoy vilains sont anoblis,
n'ay volut mon œuvre destiner. » Le roi d'Angleterre ne passe pas non plus, c'est « un homme
hardi et orgueilleux pour les bonnes fortunes » ; le roi de Hongrie est qualifié de souverain
« batailleur et qui. est plus vaillant par multitude de peuple que par la vertu »; le roi de Sicile, lui,
est censé trop « féminin et mol ». Enfin dans sa perplexité l'auteur a une idée qui lui semble
lumineuse, celle de ne plus chercher parmi les princes et seigneurs, mais d'offrir la dédicace de
son ouvrage à quelque bon et loyal ami d'entre les premiers venus.

« Et tandis que ie m'ejioyssoye de cette considération, et tantost tu machmertus vins en ma
pensée comme si tu fusses cheu du ciel. Lors je parlay a moy mesmes. O jehan bocace, pourquoy
cerches tu entre les bestes sauvages qui recanent mieulx qu'elles ne parlent et qui sont ennemies
de la philosophie qui est la maîtresse des choses, la chose tres-desiree que tu tiens en ton sain :
Ne vois tu pas ton ami Machmerd souvent approuve par ta science, duquel souvent as approuve
la loyauté, l'amour et la magnificence. Quel autre donc quiers tu? »

L'auteur entre alors dans des développements que nous épargnons à nos lecteurs sur les
bonnes relations qu'il a toujours entretenues avec Cavalcanti, lui rappelant qu'il est parrain de
son enfant, louant ses dispositions pour la philosophie, « bien qu'il n'y soit pas plainement
instruit », et citant en même temps les titres d'honneur de sa famille. Après quoi, « je te prie,
ajoute-t-il, que ce liuvre reçeu tu le lises quand tu pourras par honneste loisir. Car certes tu ne
t'en repentiras pas de l'avoir leu se ie congnais assez ton engin et en lisant ne te ennuyé de
amender les choses qui ne sont pas deuement faites. Et quand bon te semblera communique le
entre tes amis. Et au derrenier je te prie que par ton bon eur tu le monstres en commun afin que ce
liuvre selon ses forces anoblisse ton grant nom et le mien d'aucune splendeur par les bouches
des hommes. Dieu te garde. »

L'explication de notre planche n'offre désormais aucune difficulté. L'homme à genoux au
milieu de la composition n'est autre que Boccace, qui offre son livre à son ami debout, sans se
soucier des dignitaires de l'église et du monde qui se trouvent là, depuis le pape, sur son trône
flanqué de deux cardinaux, jusqu'à l'évêque et au juge qui ont place à sa droite, et jusqu'à l'em-
pereur qui, avec un roi, fait face à ces derniers du cùté gauche du trône pontifical.

Assez fréquente dans l'art du moyen âge, cette espèce d'ordonnance hiérarchique, qui se
détache sur un fond d'architecture, rappelle singulièrement celle qu'ont adoptée les artistes en
pierre qui ont représenté, sur les dalles de la cathédrale de Sienne, la gloire de l'empereur
Sigismond.

La gravure dont il est question fait partie de la belle collection du Fit{jpilliam Muséum à
Cambridge. Elle est, selon toute apparence, unique, au moins dans l'état où nous la reproduisons.
On connaît en effet trois autres épreuves de la môme planche, l'une au British Muséum, la
seconde qui se trouve au Cabinet des estampes du musée de Berlin, et la troisième qui sert d'ornement
 
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