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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Nécrologie
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NÉCROLOGIE

Un de nos plus sympathiques collaborateurs, homme
excellent, peintre distingué, très-épris de son art qu'il a
pratique' jusqu'à la dernière heure, Louis-Antoine-Léon
Riesener, est mort il y a quelques jours dans un âge
avancé. Il nous avait donné (voir tome XII, page 179) un
article sur les Cartons de M. Chenavard, et nous atten-
dions de lui un essai sur « les crayons des coloristes ».
Dans cette étude que la mort ne lui a pas laissé le temps
d'écrire, Riesener se proposait de démontrer que les colo-
ristes, bien qu'on leur reproche souvent d'ignorer le
dessin ou d'en faire trop peu de cas, dessinent générale-
ment beaucoup mieux que les académistes, les hommes du
contour rigoureux, du trait précis et glacial. A l'appui de
sa thèse il nous avait confié plusieurs dessins de sa collec-
tion, parmi lesquels le charmant portrait de Delacroix si
finement croqué à la plume par Gavarni, que nous repro-
duisons aujourd'hui même (page 258), et quelques dessins
de Delacroix lui-même, son parent, son ami et son maître.
Car Riesener, élève de Gros, était un fervent disciple et
admirateur de Delacroix, son cousin. Fils d'un peintre qui
eut une certaine réputation sous l'empire, petit-fils du
célèbre ébéniste du xviii" siècle, il s'est fait connaître par
divers ouvrages de mérite, peintures décoratives pour le
palais du Luxembourg, l'Hôtel de ville , l'hospice de
Charenton et l'église •Saint-Eustache. Sa Léda eut un
grand succès au Salon de 1841 ; elle appartient maintenant
au comte de Butenval. Chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1873, Riesener avait été médaillé au Salon de 1836,
à l'Exposition universelle de 1855, et enfin au Salon de
1864, ce qui faisait dire à W. Burger : « Qu'est-ce donc
qui a pu recommander M. Riesener, si différent des
peintres anémiques et mélancoliques ? Ses sujets, proba-
blement. Heureux ceux qui font des femmes nues, aujour-
d'hui ! L'empire des arts est à eux. Pourvu cependant que
ces poseuses déshabillées prennent des noms mythologi-
ques. A cette condition on peut même s'écarter du Poussin
et s'égarer jusqu'à Rubens et Jordaens. Riesener n'est pas
de l'école de Flandrin, mais de celle d'Eugène Delacroix.
Il a toujours aimé les bacchantes, les naïades et les dryades,
qui prêtent encore mieux à la couleur qu'à l'idéal. Il n'a
pas été vers les fantaisies du public : c'est le goût actuel
qui est venu vers sa Nymphe et son Érigone. La Nymphe,
couchée sur le ventre, appartient au ministère de la maison
de l'empereur. L'Erigone est renversée sur le dos, tète en
bas, jambes en l'air, et jouant avec une panthère. C'est
toujours l'histoire des deux Vénus de l'an passé l'une
par-ci, l'autre par-là, et qui, à elles deux, sont comme la
médaille de l'art de notre temps, avec sa face et son revers.
Dans Y Erigone de M. Riesener, les raccourcis sont éton-
nants et les tons de chair délicieux. C'est de la peinture
assez jordanesque, où la figure vivante est bien enveloppée
dans les pampres et les feuillages d'un paysage chaleureux. »
Le souvenir de Jordaens semble hanter la critique lors-
qu'elle apprécie les oeuvres de Riesener. Théophile Gau-
tier comme W. Burger songe à Jordaens à propos du
peintre de YÉrigone qui, donnée par l'auteur en 1874,
appartient au musée du Luxembourg. Riesener avait
envoyé au Salon de 187S un gracieux portrait de sa
petite-fille, M"" Gabrielle L..., et un petit tableau,

'. La Vénus de M. Cabanel et la Perle et la Vague de M. Baudry.

Début dans les Charades. Le vénérable artiste est mort le
pinceau à la main, entouré de l'affection des siens, et de
l'estime de tous ceux qui l'ont connu.

— Le célèbre statuaire Dantan aîné est mort le 25 mai
à Saint-Cloud, âgé de quatre-vingts ans. Né à Saint-Cloud
le 8 décembre 1798, Antvine-Laurent Dantan était fils
d'un modeste sculpteur sur bois qui lui enseigna les pre-
miers éléments de son art, ou plutôt de son métier. C'est
par le métier que commença l'enfant, aidant son père à
gagner sa vie ; mais déjà l'art l'attirait. Le soir il suivait
les cours gratuits. Sa vocation était irrésistible. Bientôt,
il entrait dans l'atelier de Bosio. En 1826 il obtenait le
second prix de Rome, en 1828 le premier grand prix, mais
il n'avait pas attendu ces succès académiques pour faire
preuve de talent. Dès 1819 il avait exposé au Salon un
Télémaque, une promesse confirmée au Salon de 1824
par sa statue allégorique de l'Asie qui lui valut une
médaille de 1" classe. Après ses quatre années de Rome,
Dantan reparaît au Salon de Paris en 1833 avec un
Ma^aniello ; au Salon de 1835 ou expose un Jeune
baigneur jouant avec son chien, un bas relief l'Ivresse de
Silène et le buste de M110 Horace Vernet, il remporte la
première médaille. Le 6 juin 1843 il est nommé chevalier
de la Légion d'honneur. Ses principaux ouvrages, indé-
pendamment de ceux que nous venons de citer, sont :
Vendangeuse napolitaine jouant du tambourin, statue en
bronze (Salon de 1838); Juvénal des Ursins pour la façade
de l'Hôtel de ville, 1838 ; l'Ange Saint Raphaël pour la
Madeleine, 1839 ; la statue colossale en bronze de l'Amiral
Duquesne, à Dieppe, 1843 ; le Maréchal de Villars, le
Prince de Condé et plusieurs autres statues pour le musée
de Versailles ; un groupe, Moïse et l'Ange, pour l'église
Saint-Gervais ; deux statues pour la façade de l'église de
la Villette, 1846; Malherbe, statue en bronze, à Caen ;
la Ville de Lyon, au palais de Sydenham ; la Reine
d'Angleterre, pour l'Exposition universelle de 1851 à
Londres ; la Puissance, groupe d'angle du pavillon Lesdi-
guière; Jacques Lemercier, pour le Louvre dont il fut
l'un des architectes; Saint Louis, pour la tour Saint-
Jacques; Saint Denis, pour la tour de Saint-Germain-
l'Auxerrois ; l'Heureux âge, statue en marbre (Salon de
1869), et un grand nombre de bustes parmi lesquels nous
citerons : le baron Mounier et le maréchal marquis Maison
(palais du Luxembourg) ; l'acteur et auteur Picard et
M"c Rachel (Théâtre-Français) ; Mlle Doze ; le général
Perrin-Jonquière et plusieurs autres bustes pour le musée
de Versailles ; Mm0 de Mirbel, la miniaturiste, pour le
Louvre ; J. J. Granville ; et Jung Bahadour Sing, ambas-
sadeur du prince indien du Népaul, pour le palais de
Sydenham. Voilà certes une carrière bien remplie. On
s'étonne qu'après tant de travaux et de succès l'Institut
n'ait pas songé à Dantan aîné ; mais l'artiste était modeste
et timide ; il ne demandait rien, et chacun sait que la
tradition académique n'admet pas l'élection sans brigue.
Un dernier titre d'honneur pour Dantan aîné : Dantan
jeune, son frère, était son élève. Les funérailles de Dantan
aîné ont été célébrées à Saint-Cloud le 27 mai, et son
corps inhumé au Père-Lachaise dans un caveau de
famille.

Le Directeur-Gérant, EUGÈNE VÉROJM.
 
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