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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 4.1878 (Teil 2)

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Tardieu, Charles: La peinture à l'Exposition universelle de 1878, [2]: L'école française
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https://doi.org/10.11588/diglit.16909#0353

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LA PEINTURE

A L'EXPOSITION UNIVERSELLE

de 1878.

L'ÉCOLE FRANÇAISE

(suite 1 )

e n'est pas assez de proclamer avec Thoré 2 que l'allégorie,
la mythologie, la poésie sont essentielles à l'esprit humain.
Il faut ajouter que l'allégorie, la mythologie, la poésie des
anciens âges font partie du patrimoine de l'esprit humain,
patrimoine inaliénable qu'il serait peu filial et encore moins
intelligent de laisser tomber en jachère. Nous ne sommes pas,
disait Mirabeau, des sauvages de l'Orénoque ou du Mississipi,
francs de toute entrave, vierges de tout souvenir, libres de
nous organiser comme nous l'entendons et d'agir à notre
guise, liberté négative dont les fruits sont trop maigres pour
qu'il y ait lieu de les envier. Il nous serait difficile de créer
de toutes pièces et surtout de réaliser d'emblée un idéal
politique et social absolument nouveau, exclusivement mo-
derne. De môme nous serions fort embarrassés de nous
donner une poésie et un art sans lien qui les rattache aux
inventions poétiques et artistiques de nos ancêtres. Nos insti-
tutions, quelque effort que nous fassions et avec raison pour
les améliorer, les réformer, les mettre en harmonie avec les
faits actuels, avec les nécessités que nous révèle le siècle où nous vivons, nos institutions
n'en ont pas moins un passé. Notre esprit en a un lui aussi, un passé qui nous pèse parfois,
qui nous gène aux entournures, qui nous rend l'invention plus laborieuse et pénible, mais
qui souvent, en revanche, nous sert et nous vient en aide par l'expérience acquise tant à ses
dépens qu'à son profit. Jeter l'interdit sur ce passé pour faire les affaires de l'art moderne serait
médiocrement pratique et sensé. Que penserait-on d'un riche héritier qui jetterait à la rivière le
capital paternel pour être plus sûr de recommencer sur nouveaux frais une vraie fortune?

Mais, dira-t-on, ce prétendu capital n'est qu'un ramassis de vieilles formules usées jusqu'à la
corde. S'il est une formule complètement vidée, c'est bien celle-là, et celle-là seulement. Il y a
des êtres intelligents et des imbéciles, des hommes de génie, des gens de talent et des impuis-
sants, dont quelques-uns d'autant plus infatués que leur vanité est moins excusable; qu'on nous
passe le mot, il y a de vieilles croûtes, sans parler des jeunes, mais il n'y a pas de vieilles
formules usées. Toutes les idées ont été pensées, il s'agit seulement de les repenser. Cette parole
de Gœthe est aussi vraie de la philosophie que de la politique et des arts que des lettres.
Heureux celui qui conçoit une idée neuve ou du moins à peine pensée avant lui. Heureux celui
qui trouve une forme inédite. Heureux aussi et non moins digne d'éloges celui qui repense une
idée ancienne, celui qui rajeunit une forme soi-disant surannée, celui qui fait revivre un thème

1. Voir l'Art, 4e année, tome II, page 281.

2. Salons de W. Burger, tome II, page 45 j.
 
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