DES COMTES DU LYONNOIS ET DU FO REZ*. 4<;0 i
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successeur de Guichard, à une sédilion qui fut appai-
sée par une composition faite entre les Lyonnois et lc
Chapitre. Mais ce fut un feu qui couva sous la cendre,
et qu’on vit éclater de nouveau sous l’épiscopat de Ilo-
bert de la Tour-d’Auvergne, qui remplaça Renaud. Un
nouvel accommodement, fait en 1228 par la média-
tion de Hugues IV, Duc de Bourgogne, suspendit pour
quelque tems les animosités. Elles se renouvellerent
en 1272 pendant la vacance du Siége de Lyon. LePape
Grégoire X donna l’année suivante, sur ce sujet, une
Constitution qui sembloit devoir couper la source des
dissentions. Mais les Lyonnois, voyant les Chanoines
eux-mêmes divisés avec l’Archevêque Béraud de Gotli
touchant l’exercice de la justice, prirent de là occasîon
de se mettre sous la protection clu Roi defrance. Phi-
lippe le Bel en conséquence établit, l’an 1292, un
Gardiateur de la ville pour recevoir et juger en son
nom les appels des Bourgeois. La résidence de cet Of-
iicier n’étoit cependant pas à Lyon, mais a l’Isle-Barbe
ou à Mâcon. Philippe , l’an 1298, se portant pour
unique Souverain de Lyon, exigea de Henri de Villars,
nouvel Archevêque, l’hommage illimité et le serment
de hdélité, tel que îe prêtoient les autres Prélats du
Royaume. Plenri se pourvut depuis auprès du Pape
Boniface VIII contre l’autorité que le lloi de France
exerçoit dans la ville de Lyon , et cn fut favorablement
écouté. Cette rupture occasionnant des entreprises ré-
ciproques des Ofhciers de l’Eglise et de ceux du Roi,
ce Prince, l’an 1007, donna deux Edits connus sous
le nom de Philippines, datés l’un et Pautre de Pon-
toise au mois de Septembre, par lesquels il détermine
l’exercice cle l’une et de l’autre jurisdiction. Ces Edits
étoient reridus en conséquence d’uii Traité fait dans
le même mois de Septembre entre le Roi, représenté
par Pierre de Belleperclle, Doyen de Paris, et les Agens
de l’Archevêque. 11 étoit ditparce Traité que le Roi,
dans toute la ville et cité de Lyon et dans toute la Ba-
ronie de l’Eglise de Lyon en-deçà de la Saône, con-
noîtroit des appellations et des sentences défmitives
données par le Juge La.y, lesquelles appellations se-
roient jugées au Parlement par deux ou trois du Con-
seil du Roi suivant le droit écrit ; et que l’Archevêque
feroit au Roi serment de fidélité, sans toutefois que les
biens de son Eglise fussent censés être du fief du Roi.
(Mss. de Béthune, n° 9420, fol. 142.) Mais Pierre de
Savoie, étant monté sur le Siége de Lyon à la Im de
i3o8, débuta par réclamer contre les deux Edits, ainsi
que cohtre le Traité sur lequel ils étoient fondés, et
refusa obstinément de prêter au Roi le serment de fi-
délité. Louis Hudn, hls aîné du Roi, fiit envoyé, l’an
i3io, pour réduire ce Prélat qui s’étoit fortifié dans sa
ville. II osa soutenir un siége; mais, lc 21 Juillet de
la mêrne année, par le conseil du Comte de Savoie,
son parent, qui étoit dans l’armée cles assiégeans, il se
rendit à lui comme prisonnier de guerre, et fut con-
duit à Paris, où il demanda pardon au Roi, qui lui ht
grace à la priere de deux Cardinaux envoyés par le
Pape. Le disférend néanmoins ne fut entièrement ter-
miné qu’en i3i3. Cette année, le lundi aprcs Mise-
ricordia Domini (3o Avril), le Prélat fit avec le Roi
un Traité d’échange, par lequel il lui abandonna la
jurisdiction temporelle sur Lyon, excepté le château
de Pierre-Encise, et recut certaines terres en cûmpen-
sation. C’est ainsi que la ville de Lyon , après avoir
éprouvé diverses révolutions depuis qü’elle eut ete de-
tachée de la Couronne de France par le mariage de
Mathilde, filIeduRoiLouisd’Outre-mer, avecConrad le
Pacihque, Roi de Bourgogne, fut enhn réunie au corps
de cette sdonarchie pour n’en être plus séparee. Car
un des articles du Traité portoit que jamais le Roi n’a-
liéneroit cette ville, ni ne la donneroit en apanage.
Revenons à Guigues 111. L’an 1167, il rendit hom-
mage à Louis le Jeune des châteaux de Monsbrison et
de Montsupt, et mit en l’hommage de Sa Majesté les
châteaux et Fiefs de Montarclier, de S. Chaumont,
de la Tour de Jarès et de Chamousset, ie Roi lui ayàiü \
de son côlé ccdé les droits qu’ii avoî't sur les châteaux
de Marseille', de pouîzi, de Clepieù, de Làvieu, de
S, Romain, et de leurs dépencîances, pbur les tenir en
augmentation cle Fief. (Mènétrier, hist. de 'Lyon, pr.
part. 11 , p. 36.) Cette concession, attestée par un
Diplôme de ce Monarque, nous làit connoître que
Louis VII avoit dans îe Lyonnois uiiDomaine qu’il céda
au Comte de Forez.
L’an 1199, Guigues fonda, de cohcert avec safemmè
Ermengarde, l’Abbaye de Bonlieu, sur la riviere de
Lignon, à deux lieues de Montbrison, pour des hlles !
de POrdre de Çîteaux. Enfin, après avoir fait ratifier I
par son fils aîn'é le Traité d’ëchange qu’il ’avoit fait |
avec rArchévêque de Lyon, il se retira dans l’Abbayè
de la Bénissons-Dieu, Ordre de Cîtéaux, où il mourut,
dans un âge très avancé, le 24 Janvier de l’aii 1226\
De son mariage il laissa trois hls, Guigues, llenaud,
qui clevint, en 1198, Archevêque de Lyon, et Hum-
bert, Chanoine de la même Eglisc»
GUIGUES iVi
1199 au plutôt. Guigues IV, surliOmmé Branda, j
hls aîné de Guigues III, lui suceëda au Comté de Fo» I
rez après son abdication. L’an 1202, il partit pour la
Croisade, d’où il 11e revint pas, étant mort en route j
l’année suivante. (Villehardouin. ) 11 avoit ëpousé, |
i° Asiuraa , dont il 11’eut qu’une' hile, mariée à Guil- |
lauine le Vieux , Seigneur de Bashe; 2 0, du vivant de !
sa premiere femme et après Favoir rèpucliée, Alix, qui • j
le fit pere d’un fils , qui suit, et de deux filles, Gui- j
gonne, ou Guione, fenime de Girard II, Cornte de j
Mâcon, et Marquise, mariée à Gui VI, Vicomte de I
Thiern. ( Baluze, hist. de La M. d'Auver. T. 11, !
p. 1116; Anselme, Tk VI, p. 528. ) j
G U I G U E S V -.
1200. Guigues V , hls cle Guigues IV et d’Alix , !
succéda en bas âge à son pere dans le Comté de Forez I
sous la tutele de l’Archevêque de Lyon , son oncle. II
épousa , i° Mahaut , fille de Gui II , Seigneur de
Dampierre, et de Mahaut de Bourbon ; 2 0, l’an 1226,
Mahaut, fille de Pierre II de Courtenai, et d’Agnès , !
Comtesse de Nevers. L’an 1223 , au mois de Novem- I
bre, il affranchit la ville de Montbrison par une Charte j
clont les clauses les plus remarquables sont les deux j
suivantes : Le Bénévise , c’est-à-dire celui qui tient j
par engagement , ne doit point d’investiture ; mais i
par vente , donation , ou autre aliénation, il doit pour j
investiture un denier du sol ; estimation faite au plus !
haut prix , si la chose a été aliénée autrement que par
vente. Dans les alleus que les habitans de Montbrison I
possédoient avant l’affranchissement de la ville , le i
Comte aura tous ses usages , excepté les lailles et
tolte, à moins que la collecte ne fùt générale dans le
mandement pour réparer le château. ( Du Cange ,
Gloss. , T. I, p. 338-891. ) L’année suivante , Gui-
gues fit un acte de justice envers l’Abbaye de l’Islé-
Barbe de Lyon , en reconnoissant, par une Charte
du 16 Avris, que les lieux de S. Rambert, de Bon-
son , de Chambles , de S. Cyprien et de S. Just, étoiènt
francs - alleus de ce Monastere , et qu’injustenieht lui
et ses prédécesseurs y avoient joui dc Ia taille à vo-
lontë. Ils’en désiste, accordant aux habitans le pouvoir
de donner , vendre , obliger , aliéner leurs fonds , sans
retenir autre chose pour lui que sa pleine Seigneurie
sur les biens que ces mêmes habitahs auroient en
d’autres paroisses. ( Le Laboureur , Maz. de L’Isle-
Bctrbe, T. I , p. i36. ) Guigues fonda , l’àrt Î224 ,
l’Eglise Collégiale de Montbrison , où il institua 13
Chanoines ; ce qui fut conhrmé au mois d’Octobre
de la même année par l’Archevêque Renaud , son 011-