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Revue égyptologique — 2.1881

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Nr. 2-3
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Revillout, Eugène: Note sur les plus anciennes monnaies hébrai͏̈ques
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https://doi.org/10.11588/diglit.10049#0281

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Note sur les plus anciennes monnaies hébraïques.

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drachme municipal de Tyr etc. «à l'aigle». Ces poids monnaies persistèrent donc après que la
Palestine eût passé des Lagides aux Séleucides : et quand Judas Macchabée reçut du roi de
Syrie l'autorisation de battre monnaie ', il fit frapper les ëekel Israël d'après le poids tyrien %
c'est-à-dire d'après le poids ptolémaïqne, conservé par la ville de Tyr.

Aussi ne faut-il pas nous étonner de voir les écrivains juifs postérieurs à la réforme
estimer toujours les sekels de Moïse en tétradrachmes ptolémaïques. C'est ainsi que Saint-
Matthieu 3 nous donne, comme Josèphe, pour le tribut sacré l'équivalence '/2 s^e = didrachme.
C'est ainsi que Josèphe lui-même, partant de la mine de 50 sicles, résultant du talent de
l'Exode \ et voyant dans le sicle un tétradrachrne alexandrin, attribue à la mine hébraïque
deux livres et demi5, calcul qui — vu ses bases — est exact. Ailleurs il compare le sicle
au tétradrachrne attique6, parce qu'on donnait alors le nom de drachme attique au denier
romain, à peu près identique à la drachme ptolémaïqne 7. C'est absolument d'après le même
principe qu'il donne 8 au hin de Moïse deux -/suc, au /ouç G Çetm;?, au bath 72 Çecnqç, an
cor 10 medimnes attiques etc., assimilations qui ne sont conformes qu'au système d'isonomie
ptolémaïqne, puisque, selon les mesures de la mer d'airain, le vieux bath-épha avait juste
la moitié du bath-épha ptolémaïqne, visé par Josèphe, et que conséquemment le hin valait
alors un /su; au lieu de deux. Les mêmes confusions se retrouvent dans Philon. Ainsi dans
son livre De specialibus légions (édition de la Roviéee, p. 597), Philon estime en monnaies
grecques un grand nombre de sommes exprimées en sicles dans le chapitre 27 du Lévitique :
or, selon lui, 50 sicles = 200 drachmes, 30 sicles = 120 drachmes, 20 sicles = 80 drachmes,

10 sicles = 40 drachmes, 5 sicles = 20 drachmes, 3'sicles — 12 drachmes, 15 sicles -
60 drachmes, 10 sicles = 40 drachmes. Cet auteur alexandrin avait donc en vue le tétra-
drachrne ou sekel ptolémaïque identique au sekel israël des Macchabées.

Mais dans les archives royales des Lagides que cite formellement Appien on devait avoir
conservé le rapport de la commission des poids et mesures et quelque savant de l'école
d'Alexandrie semble même s'en être servi pour un travail dont Saint-Epiphaue avait entre
les mains un mauvais abrégé. Ainsi s'expliquent les données justes de Saint-Épiphane sur le
hin sacré (ou ancien hin hébraïque), formant la moitié du hin vulgaire, sur le sicle sacré
(ou ancien sicle hébraïque) équivalant à un didrachme, tandis que le sicle vulgaire ou moderne

1 Voir Madden, p. Gl et suiv.

2 Pour le poids tyrien, voir ma première lettre à M. Lenormant.

3 Saint-Matthieu, XVII, 24, 25, mentionne le tribut sacré payé par le Christ sous le nom de xa otSjsayijict,
et Josèphe (Aut. XVIII, 0, 1) dit que les Juifs de Babylone payaient un didrachme pour ce tribut, que
l'Exode (XXX, 13, 16; XXXVIII, 26) estime à un demi-sicle. Notons à ce sujet que ce tribut était momen-
tané dans l'Exode (pour le dénombrement) et qu'il ne devint annuel que sous les Macchabées. Nous voyons
dans Néhômic (X, 32) que, lors de la reconstruction du temple, on se contenta d'un tribut d'un tiers de sicle.

< Exode, XXX, 13, 16; XXXVIII, 25-26.
5 Josèphe, Aut. XIV, 7, 1.
e Ibid., III, 8, 2.

1 Quant au SW, aurem, traduit par darique (comparez Josèphe, Aut. III, 8, 10, et Nombres VII, 14),

11 s'explique facilement, quand on se souvient que Josèphe voyait, comme Néhémie, dans le ani un ypaou?.
Cette fois, Josèphe s'est trouvé dire vrai par hasard, puisque — ce qu'il ignorait — le ani est le sicle d'or,
qui équivalait primitivement comme poids à la darique et au jrpuoouî.

8 Voir, plus haut, mon article Sur la comparaison des mesures égyptiennes et hébraïques, p. 191, in fine.
Notons que Josèphe fait aussi l'assimilation du hin à deux /ou; dans le paragraphe même que contient
l'assimilation du sekel et du tétradrachrne (Ant. III, 8).

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