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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 10 (7 Mars)
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O

CHRONIQUE DES ARTS.

traversait chaque jour l’atelier, et, debout
derrière nous, qui tremblions sous sa pa-
role incisive et mesurée, il appliquait à
notre travail quelques généralités bien choi-
sies : le nerf du dessin des branches, la sou-
plesse des attaches du pédoncule, l’opposi-
tion des masses claires avec celle de tons
plus foncés, le rôle des reflets, la délicatesse
des transparences, la nécessité de noyer les
détails qui n’ont pas une signification déter-
minée. Nous écoutions. Quelquefois il pre-
nait notre crayon et mettait de l’harmo»ie
dans notre désordre. Il était toujours com-
pris. Quel pas dans la carrière de l’ensei-
gnement depuis les cours de Redouté, qui
faisait Compter à ses élèves toutes les ner-
vures, tous les filets d’une feuille, et ne
savait rien sacrifier pour faire valoir les par-
ties dominantes !

M. Chabal vient de livrer une nouvelle
série de six planches lithographiées à deux
tons. Comme le cours est progressif, gradué
pour l’enseignement, il est nécessaire de les
intercaler au milieu de celles que j’avais
déjà décrites dans un premier article. Ainsi
la Mauve, hibiscus syriacus, doit venir après
les motifs détachés de volubilis et avant
l’hémérocale blanche; c’est précisément cette
hémérocale blanche que la commission de
l’Union centrale a choisie pour offrir en
concours aux élèves de dessin de toutes les
écoles de France. Le Lis blanc vient derrière
une touffe d’impériales et précède une
branche de pêcher chargée de fruits. Cette
branche de lis, fine et forte, noble et douce,
serait digne d’être tenue par l’ange Gabriel
dans quelque Annonciation de Vittore Car-
paccio. Le Liseron des haies, au tissu si fin,
si transparent, rendra presque facile pour
l’élève cette branche de Rose ismèrie villosa,
qui rappelle notre églantier sauvage, rose
comme la joue des fillettes. L’IIortcnsia du
Japon, aux pétales à la fois pressés et isolés,
porte dans cette suite le n° 22, et la Rose
vent-feuilles, ce chou éclatant de doux éclat
et d’enivrant parfum, aux boutons pleins de
sève, aux feuilles veloutées, la plus tentante
et la plus inabordable peut-être de toutes
les fleurs, clôt cette série comme un pro-
blème de hautes mathématiques.

Ce cours, remarquable à tant de litres,
qui apporte aux élèves tant d’instruction,
aux professeurs des modèles si précis, aux
artistes des matériaux si riches et décoratifs,
a été adopté par la Commission des Beaux-
Arts de la ville de Paris, envoyé par la Liste
civile dans les bibliothèques de la couronne,
et, par le ministère de l’instruction publi-
que, à l’école de Cluny, aux lycées et aux
écoles d’adultes.

C’est un ouvrage qui honore notre école.

Philippe Burty.

LAMARTINE

dans le caveau de saint-point.

Si Lamartine n’appartenait pas directe-
ment aux arts, quoique dans son Conseiller du
Peuple il ait consacré quelques pages élo-
quentes à Bernard Palissy, à Léopold Ro-
bert, etc., il a été, il est et il sera une des
gloires trop éclatantes de notre siècle pour
que nous ne devions pas saluer avec respect
et recueillement son passage à une glorieuse
immortalité.

M. Adam Salomon, nous apprend M. Feyr-
net dans le Temps, a moulé en plâtre le vi-
sage de l’illustre défunt que la mort a, dit-
on, revêtu d’une admirable beauté et comme
rajeuni. C’est vraisemblablement ce sculp-
teur qui sera chargé par la famille de fixer
dans la pierre les traits de l’illustre poète ,
car c’est à lui que Lamartine avait confié le
soin de reproduire les traits de sa noble et
sainte épouse, dont tous ceux qui l’ont con-
nue ont gardé la mémoire profondément
gravée dans le cœur.

A côté de celle qui fut si fière de porter

le grand nom de Lamartine, de celle qui
voua, pendant de longues années, son cœur,
son esprit et sa volonté à son glorieux de-
voir, les restes du poète immortel iront re-
poser à Saint-Point. Ici, dans un caveau de
famille, la lumière, dit M. de Ronchaud,
qui fut l’ami du grand écrivain, gljsse pour
ainsi dire sans bruit, comme de peur d’é-
veiller celle qui dort sur la pierre sépulcrale
sculptée par M. Adam Salomon.

Elle est représentée le corps enveloppé *
d’un linceul, semblable à une religieuse de
la mort, pâle et douce figure que l’ange de
la dernière heure a touchée de son doigt
léger et comme respectueux. Elle repose,
la tête sur l’oreiller funèbre, sereine, en-
dormie à la terre, prête à s’éveiller pour le
ciel. Toutefois, en empruntant aux statues
des anciens tombeaux le repos religieux, on
peut dire hiératiefue, de leur attitude, le
le sculpteur moderne n’a pas voulu faire
une œuvre purement archaïque ; il n’a pas
emprisonné sa pensée dans les formes go-
thiques, mais il lui a laissé, tout en s’inspi-
rant de la foi des vieux âges, sa poétique
liberté. On peut croire même qu’il s’est
souvenu, pour la manière dont il a disposé
les bras, de cette strophe du grand poète
des Méditations :

Un de ses bras pendait de la funèbre couche,

L’autre nonchalamment replié sur son cœur
Semblait chercher encore et presser sur sa bouche

L’image du Sauveur.

En effet, un des bras de madame de
Lamartine est étendu à son côté avec l’aban-
don le plus complet. De l’autre main ce
n’est point le crucifix qu’elle tient, mais
c’est le livre de l'Imitation du Christ, ce
livre lu souvent, peut-être plus d’une fois
baigné de larmes secrètes, confident et con-
seiller de sa vie, sur lequel M. de Lamartine
a écrit, dans Jocelyn, les admirables vers
que chacun a retenus.

Le'sentiment du deuil public s’est immé-
diatement traduit dans plusieurs journaux,
qui ont paru encadrés de noir le lendemain
de la mort de notre grand poète. Une sous-
cription est ouverte pour lui élever une
statue. E. G.

A PROBOS DU CONGRÈS DE CAR8ASSONNE
Paris, le 2 mars 1869.

Monsieur,

Je lis dans le numéro de la Chronique des
Arts, du 28 février, une lettre d’un de vos
correspondants, à propos d’une séance tenue
à Carcassonne pendant le Congrès archéolo-
gique.

Je suis loin de trouver mauvais que M. le
docteur Gattois, ou toute autre personne, ait
jugé opportun de critiquer les restaurations
entreprises dans la cité de Carcassonne, au
moyen des ressources fournies par l’État, la
ville et le département, ressources qui ne
dépassent pas 250,000 fr., bien que votre
correspondant accuse, je ne sais sur quelle
autorité, une dépense de 500,000 fr. ; mais
je ne m’explique pas comment ces critiques
auraient pu être faites avec impartialité, si
les ouvrages exécutés n’avaient pu être
examinés. Comment le savant docteur au-
rait-il pu juger la valeur de travaux dont
l’approche lui eût été interdite? Comment
aurait-il pu donner ces preuves réelles, dou-
teuses on fausses, de leurs vices au point de
vue archéologique? Le fait est que M. le
docteur Cattois, paraît-il, s’est égayé à nos
dépens ; qu’il s’est complu en des personna-
lités d’un goût équivoque, et que son dis-
cours manquait précisément de ces preuves
qu’un public, venu pour s’instruire, était en
droit de demander. De là une humeur assez
naturelle chez une parlie de ce public assis-
tant à la'séance et fort légitime chez une
personne attachée aux travaux, personne

qui d’ailleurs n’avait pas le pouvoir d’em-
pêcher les membres du Congrès, M. le doc-
teur Cattois en tête, de se promener dans la j
cité, lieu public, mais qui était en droit de
refuser des renseignements ou des explica-
tions qui sont donnés avec empressemeut
à tout étranger se présentant avec les formes
ordinaires de la politesse.

Je vous prie, monsieur, do permettre l’in-
sertion de cette lettre dans votre prochain
numéro et d’agréer l’expression de mes
sentiments distingués,

E. Viollet-le-Duc.

--

LES MERVEILLES DE LA PEINTURE
par M. Louis Viardot '.

M. Louis Viardot qui, depuis bien des
années déjà, a rendu aux artistes et aux
gens du monde le service de décrire et d’ap-
précier en détail les principaux musées de
l’Europe, vient en quelque sorte de complé-
ter son œuvre en la résumant dans un seul
ouvrage: Les Merveilles de la peinture.

Ce nouveau volume, qui sera bientôt
suivi d’un autre, fait partie d’une excellente
publication de la maison Hachette : La Bi-
bliothèque des merveilles où, avec un soin
intelligent, dans un format élégant et com-
mode, se trouvent réunies les notions les
plus indispensables de toutes nos connais-
sances ; ce que dans les arts, les sciences et
les lettres, on peut considérer comme les
titres de gloire du génie humain.

En abordant une pareille tâche, M. Viar-
dot avait bien des difficultés à vaincre. L’a-
bondance des matières était tout d’abord un
grand embarras. Comment, sans courir le
risque d’être fastidieux ou incomplet, ap-
porter l’ordre et la lumière au milieu de
tant de noms de peintres et encore plus
d’œuvres que parfois tant d’obscurité envi-
ronne ? M. Viardot a su éviter ce double
écueil en élaguant non-seulement ce qui était
sans importance, mais encore ce qui n’offrait
qu’un intérêt secondaire. Grâce à cette mé-
thode, il a pu, sans s’attarder en de trop
longs prolégomènes, résumer l’histoire de la
peinture depuis l’antiquité jusqu’à la Renais-
sance à travers le monde romain et le moyen
âge. Une fois qu’il a touché au xve siècle, il
se renferme dans l’étude de la peinture ita-
lienne et nous fait assister, toujours avec le
même procédé, à la naissance, au dévelop-
pement, à fapogée et à la décadence des
écoles de Florence, de Rome, de Milan, de
Venise, de Bologne et de Naples. Malgré une
extrême concision voulue, rien n’est oublié
dans cette revue rapide : ni l’énoncé des ca-
ractères qui différencient les écoles, ni l’ap-
préciation des procédés qui caractérisent tel
ou tel maître; ni les détails biographiques
qui éclairent tant de questions, ni les anec-
dotes qui donnent un charme imprévu au
récit, ni l’histoire bien curieuse souvent de
tel ou tel tableau. Après avoir étudié chaque
peintre à son début, et pendant toute sa vie
dans l’école qu’il a créée ou à laquelle il se
rattache, l’auteur le suit encore dans ses
œuvres à , travers les différentes galeries ou
musées d’Italie, de France, d’Espagne, d’An-
• gleterre, d’Allemagne et de Russie, où ces
œuvres se trouvent dispersées aujourd’hui.
Nous apprenons ainsi sur Fra Angelico, Ma-
saccio, André dcl Sarte, Léonard de Vinci,
Michel-Ange, Raphaël, Corrége, Parmesan,
Paul Veronèse, le üominiquin, Guido Reni,
Tintoret, le Titien, les Carraches, Albane, Ri-
bera et les principaux maîtres qui gravitent
autour d’eux, tout ce qui nous importe d’en
savoir; nous nous rappelons tout ce que
nous en savions déjà.

Telleestsurtoutlagrande utilité de ce livre,
orné en outre d’une vingtaine de charmantes
vignettes par Paquier. Si l’auteur, comme il

1. Librairie Hachette.

le dit dans sa préface, s’est proposé d’offrir à
ses lecteurs une histoire sommaire de la
peinture où se rangeraient à leur place tout
maître éminent et toute œuvre marquante
de tous les temps et de tous les pays ; il a
certainement réussi, réussi aussi complète-
ment du moins qu’on pouvait le faire dans
un volume de trois cents pages.

Aug. Daehgny.

CORRESPONDANCE.

En ma qualité d’abonné à la Gazette des
Beaux-Arts, je prends la liberté de vous
transmettre des nouvelles de Genève, où
M. Charles Blanc professe en ce moment et
obtient le plus grand succès. Les cours ont
lieu dans la salle de l’Athénée, trop petite,
malgré ses larges dimensions, pour conte-
nir la foule des auditeurs qui reflue jusque
dans les couloirs. Dans la première séance,
M. Charles Blanc a parlé du Beau dan? la
nature et dans l’art; de l’Idéal et du Réel;
dans la seconde ; de l’Imitation et du Style.
Je ne chercherai point à traduire ici les
théories superbes qu’il a développées avec
un art infini et une éloquence persuasive en
s’appuyant sur les faits. II ne convient pas
que je déflore de nobles pensées que la
plume seule de l’écrivain-orateur doit inter-
préter et que j’espère retrouver prochaine-
ment dans la Gazette. Tout ce que je veux,
c’est vous dire l’impression profonde qu’il a
produite sur son auditoire, peu enclin ce-
pendant à l’enthousiasme. Sa parole vive,
familière et digne tout à la fois, émue et
sympathique, s’est emparée absolument du
public tout surpris de se sentir aussi forte-
ment saisi en entendant parler sur des ma-
tières qui d’ordinaire portent peu à l’émo-
tion. Bref, le succès a été complet, si com-
plet, que ce n’est plus seulement Lausanne
qui veut entendre votre maître dans l’art de
parler aussi bien que d’écrire; Neufchâtel
et La Chaux-de-Fonds, la patrie de Léopold
Robert, le réclament.

Tout le monde applaudit fort MM. Victor
Cherbuliez'et Gillet d’avoir eu l’excellente
pensée d’appeler dans notre ville un profes-
seur si éminent, si sympathique, qui sait
également se faire estimer et aimer.

Veuillez agréer, etc.

Un de vos Abonnés.

- -a.cgWiaa^.

EXPOSITION DE L’ANNÉE 1869.

Au moment où va commencer l’envoi des
œuvres pour l’Exposition de 1869, nous
croyons devoir rappeler aux artistes quel-
ques-uns des articles du règlement :

Du dépôt des ouvrages.

Art. lrr. L’exposition des ouvrages des ar-
tistes vivants aura lieu au palais des Clianips-
JÉIysées du 1er mai au 20 juin 1869. Elle sera
ouverte aux productions des artistes français
et étrangers.

Les ouvrages devront être déposés du 10 au
20 mars, à six heures du soir. Passé cette
époque, aucune œuvre ne sera reçue.

Aucun sursis ne sera accordé, pour quelque
motif que ce soit. En conséquence, toute de-
mande de [sursis sera considérée comme non
avenue et laissée, dès lors, sans réponse.

Art 2. Sont admises à l’exposition les œu-
vres des sept genres ci-après indiqués :

1° Peinture;

2° Dessins, aquarelles, pastels, miniatures,
émaux, porcelaines, cartons de vitraux et vi-
traux, à l’exclusion toutefois des vitraux et
cartons de vitraux qui ne représenteraient que
des sujets d’ornementation ;

3° Sculpture;

h" Gravure en médailles et en pierres fines;

5” Architecture ;

6" Gravure;

7° Lithègraphie.

Les artistes ne pourront envoyer à l’exposi-
tion que deux ouvrages de chacun des sept
genres désignés ci-dessus.

Sera considéré comme ne formant qu’un
seul ouvrage tout assemblage de gravures
 
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