N» I I .
DIMANCHE 14 MARS.
1869.
ABOMNEMENTS.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAIS SA NT LE DIMANCHE
Paris.Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr,
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mqis : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, SS; rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de l’Étranger.
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 1 5 fr.
—..six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
' Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, SS; rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
LES TRAVAUX DE NOTRE-DAME.
La tâche de M. Viollet-le-Duc est termi-
née: IA cathédrale restaurée a reçu succes-
sivement les décorations et le mobilier reli-
gieux qui devaient la compléter. La nouvelle
chaire est achevée, mise en place depuis
l’été dernier; les vitraux sont complets au-
jourd’hui et bientôt la grille qui doit entou-
rer le monument l’isolera en rendant à la
circulation le quai du Midi fermé depuis
bientôt vingt ans. Il ne reste plus à l’inté-
rieur de l’imposant édifice qu’à découvrir
les peintures des trois chapelles rayonnantes
qui forment le milieu de l'abside. Les gran-
des compositions décoratives de ces cha-
pelles ont été commandées à M. Maillot pour
la chapelle Saint-Marcel, à M. Perrodin pour '
la chapelle dite le petit chœur, et à M. Sten-
lieil pour la chapelle des catéchismes.
La chapelle Saint-Marcel est à peu près
terminée: c’est la seule au moins qui ne
soit pas entièrement dérobée aux regards
curieux. Elle est située à gauche du petit
chœur, et il est très-aisé de la trouver, car
elle contient sur la partie droite l’étrange et
colossal monument élevé à la mémoire de
M. V. de Bellay. En face, de l’autre côté, s’a-,
chève le tombemi de Mgr de Quélen. Le
prélat est représenté couché en habits sacer-
dotaux. Le monument s’élèvera, adossé à la
grande paroi, sous l’ogive latérale nord de la
chapelle. Il en occupe la base et c’est au-
dessus que se voit la composition de M. Mail-
lot. Il est difficile de se rendre aujourd’hui
parfaitement compte de l’ensemble de la
peinture associée à l’effet décoratif du tom-
beau. Aussi nous bornerons-nous, pour sa-
tisfaire la curiosité des lecteurs, à donner le
programme que M. Maillot a choisi pour
représenter la glorification de l’évêque de
Paris : saint Marcel.
La composition, heureusement divisée
suivant la donnée architecturale, comprend
deux parties habilement reliées entre elles.
Dans celle qui se dégage immédiatement
au-dessus du tombeau, et qui est comprise
entre les piliers, le peintre a représenté la
grande procession de la châsse de Saint-Mar-
cel, sous le règne de Philippe-Auguste.
Au-dessus et dans l’axe de l’ogive, la
gloire du bienheureux soutenu par deux
anges, et enfin le ciel étoilé où trois anges,
‘placés en adoration à chaque point extrême
des arcs, donnent à l’ensemble de la décora-
tion le caractère pyramidal qui pondère bien
la ligne très-ferme soutenue par la base où
la procession se développe.
La scène est simple comme il convient à .
un sujet sévère et religieux. Au centre, la
châsse soutenue sur les épaules des clercs,
s’élève au-dessus des figures et forme le
point principal. Devant, les piètres s’avan-
cent vêtus de riches dahnatiques et chantent
les saints cantiques. Derrière, le roi, la reine
et les religieux de divers ordres suivent le
cortège. L’évêque de Paris, Odo de Sully,
placé à côté de la châsse, bénit un jeune
malade qui est soutenu par sa mère. Le
peuple se range, pressé et anxieux, sur le
passage du patron de Paris.
Nous retrouvons ici les qualités du peintre
du Saint-Rémi, le style académique tempéré
par un éclectisme très-saisissable, la correc--
tion du dessin, la sciepce, l’exécution dont
on l’a loué déjà. Mais là où nous le trouvons
très-supérieur à ses œuvres antérieures,
c’est dans le parti qu’il a su tirer de la cou-
leur, et cela quand il avait à lutter contre le
voisinage, des vitraux étincelants et des pein-
tures ornementales qui couvrent les murs
de la chapelle. L’œil, charmé par l’éclat et
par la savante combinaison des tons et la
grande portée de l’effet, reste bien fixé là
où l’exige la logique de la composition dé-
corative. Dès l’entrée dans la chapelle, le
regard est attiré droit au sujet: vous allez
en face du saint auquel le lieu est consacré.
Il serait audacieux de dire que l’art moderne,
si éloigné de l’art du xme siècle, conserve à
l’œuvre qu’il vient compléter son caractère
d’unité. 11 y a une si grande distance de la
foi mystique et profonde de nos pères à
notre religion imprégnée de doutes et de
l’esprit philosophique moderne, qu’il est dif-
ficile que la peinture du xixe siècle s’allie
sans défaillance à l’édificç religieux du
moyen âge.
Néanmoins l’œuvre de M. Maillot, sans
être étrangère à l’inspiration des sentiments
modernes, tient bien sa place dans la grande
cathédrale. Elle n’a rien du pastiche qu’un
esprit- vulgaire aurait pu chercher à ressus-
citer sans comprendre qu’il est la négation
du sentiment vrai : elle n’est pas non plus
purement ornementale, comme l’aurait pu
faire le peintre soumis au respect rigoureux
de l’archéologie. Elle est de notre temps par
son allure, ses physionomies; mais'elle a
puisée à la source éternelle, la nature, ce ca-
ractère de sincérité qui permet de l’admettre
ici comme œuvre d’artiste sans que le sen-
timent général du monument en soit com-
promis.
Le travailleur blessé, renversé, triste et
calme au premier plan, les clercs qui por-
tent la châsse, l’évêque. Odo de Sully dans
les traits duquel nous avons retrouvé la
belle figure de Mgr Surat,sont des morceaux
qui méritent d’être étudiés en dehors de
l’ensemble. Si nous avons quelque reproche
à adresser à M. Maillot, c’est sur l’abondance
des plis de ses draperies, surtout dans les
vêtements blancs des jeunes diacres. Mais
pourquoi relever des défauts quand il con-
vient plutôt de signaler les qualités qui sont
essentielles à la peinture décorative : l’har-
monie de l’ensemble, la justesse de l’effet
et un sentiment suffisamment religieux pour
11e pas laisser croire que notre époque n’est
plus bonne que pour la représentation des
scènes militaires.
Nous étudierons les autres chapelles dès
gu’elleS seront dégagées des cloisons qui les
cachent et nous reviendrons à celle de
M. Maillot aussitôt que l’achèvement du mo-
nument de Mgr de Quélen permettra de
juger l’ensemble de la décoration.
De Rocii.
CORRESPONDANCE DE GENÈVE.
des ‘louanges et des regrets. Un grand nom-
bre de personnes , à qui leurs affaires n’ont
pas permis de venir à l’Athénée pendant la
journée, à 2 heures, sont jalouses de celles
qui ont été plus favorisées. Elles ont fait des
démarches auprès de M. Charles Blanc, et
elles ont obtenu de nouvelles conférences,
qui devront avoir lieu le soir dans la salle du
Casino, assez, vaste pour contenir plus de
mille personnes. Vous devrez donc vous ré-
signer à attendre le retour de M. Charles
Blanc plus longtemps que vous ne le pen-
siez.
Dans ces nouvelles conférences, si j’en
crois M. Axifir, le rédacteur en chef du Jour-
nal de Genève, M. Charles Blanc parlera :
1° Du dessin et de l’expression : Leonard
de Vinci ;
2° De la couleur et de la décoration :
Vèronese ;
3° Du clair-obscur et de la poésie : Rem-
brandt.
Voilà, certes, une belle trilogie, bien une
dans la variété, ingénieusement composée, et
qui se prête merveilleusement au dévelop-
pement d’idées brillantes, neuves et vivantes.
Pour préparer ces trois leçons, M. Charles
Blanc disposera de bien peu de temps, cha-
cun cherchant à dérober tous ses instants
pour lui faire fête. Mais je suis complète-
ment rassuré sur le résultat. M. Charles
Blanc connaît trop bien la matière dont il
parle pour que ses amis aient à redouter
quoi que ce soit ; puis, ses écrits et sa parole
révèlent en lui une nature si prompte à con-
cevoir des idées et .à trouver les mots pour
les exprimer, que je ne crains pas d’affirmer
un nouveau triomphe.
Un de vos Abonnés.
___--
EUGÈNE LAVAL.
Monsieur le directeur,
Je vous dois une seconde lettre, puisque
vous avez bien voulu accueillir ma première,
et je vous l’écris avec d’autant, plus de plai-
sir que je n’ai qu’à constater le succès tou-
jours croissant de votre collaborateur, de
votre ami, que j’appellerai aussi le mien,
ses écrits ayant depuis longtemps éveillé en
moi une sympathie que sa parole a rendue
plus vive. A la troisième et à la quatrième
conférences, la salle était comble , l’anti-
chambre pleine, les couloirs remplis d’une
foule avide d’entendre M. Charles Blanc ex-
primer ses grandes et nobles pensées sur l’art
en termes si vifs, si clairs, si simples, et ce-
pendant si élevés et si choisis, que la science
en passant par sa bouche, acquiert un charme
tout particulier.
Sa voix, fatiguée par un enrouement con-
tracté sous notre âpre climat, lui a fait un
moment défaut; mais il s’est tiré avec tant
de grâce de sa mauvaise position, que ce qui
aurait pu occasionner un échec est devenu
le motif d’une ovation. A son malheureux
état, il a su intéresser toute la partie fémi-
nine de son auditoire, qui s’est mise à le
plaindre hautement. Mais son succès ne se
borne pas à Genève. D’après une lettre que
je reçois d’un do mes amis, M. Charles Blanc
aurait été accueilli avec la même faveur à
Lausanne. Cependant, je ne vous dirai rien
de cette ville, n’y étant pas allé, et préfé-
rant vous renseigner sur ce que je sais par
moi-même.
Ici, à Genève, on entend de toutes parts
Nous n’avons pas pour unique mission de
faire connaître au public les travaux et la vie
des peintres, des sculpteurs, des architectes
qui ont pu achever leur œuvre. Lorsque la
mort vient prématurément frapper un vaillant
artiste, nous lui devons de jeter un coup
d’œil d’ensemble sur sa carrière interrompue
avant le terme naturel, et de rappeler, briève-
ment au moins, ses titres à la gratitude de ses
contemporains, les motifs d’une réputation
méritée qui ne faisait que grandir et à laquelle
d’importants ouvrages en voie d’exécution
devaient donner tout son éclat. M. Eugène
Laval, l’architecte habile que nous venons de
perdre, était né à Villefranche, en 1819.11 vint
à Paris en 1838, et les excellentes études qu’il
fit sous la direction d’un maître éminent,
M. Labrouste, développèrent de bonne heure
sa riche organisation et le préparèrent aux
travaux difficiles et complexes dans lesquels il
!
<>*■1
DIMANCHE 14 MARS.
1869.
ABOMNEMENTS.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAIS SA NT LE DIMANCHE
Paris.Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr,
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mqis : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, SS; rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.
Expositions de Province et de l’Étranger.
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 1 5 fr.
—..six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
' Pour l’étranger, le port en sus.
Rédaction, SS; rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
LES TRAVAUX DE NOTRE-DAME.
La tâche de M. Viollet-le-Duc est termi-
née: IA cathédrale restaurée a reçu succes-
sivement les décorations et le mobilier reli-
gieux qui devaient la compléter. La nouvelle
chaire est achevée, mise en place depuis
l’été dernier; les vitraux sont complets au-
jourd’hui et bientôt la grille qui doit entou-
rer le monument l’isolera en rendant à la
circulation le quai du Midi fermé depuis
bientôt vingt ans. Il ne reste plus à l’inté-
rieur de l’imposant édifice qu’à découvrir
les peintures des trois chapelles rayonnantes
qui forment le milieu de l'abside. Les gran-
des compositions décoratives de ces cha-
pelles ont été commandées à M. Maillot pour
la chapelle Saint-Marcel, à M. Perrodin pour '
la chapelle dite le petit chœur, et à M. Sten-
lieil pour la chapelle des catéchismes.
La chapelle Saint-Marcel est à peu près
terminée: c’est la seule au moins qui ne
soit pas entièrement dérobée aux regards
curieux. Elle est située à gauche du petit
chœur, et il est très-aisé de la trouver, car
elle contient sur la partie droite l’étrange et
colossal monument élevé à la mémoire de
M. V. de Bellay. En face, de l’autre côté, s’a-,
chève le tombemi de Mgr de Quélen. Le
prélat est représenté couché en habits sacer-
dotaux. Le monument s’élèvera, adossé à la
grande paroi, sous l’ogive latérale nord de la
chapelle. Il en occupe la base et c’est au-
dessus que se voit la composition de M. Mail-
lot. Il est difficile de se rendre aujourd’hui
parfaitement compte de l’ensemble de la
peinture associée à l’effet décoratif du tom-
beau. Aussi nous bornerons-nous, pour sa-
tisfaire la curiosité des lecteurs, à donner le
programme que M. Maillot a choisi pour
représenter la glorification de l’évêque de
Paris : saint Marcel.
La composition, heureusement divisée
suivant la donnée architecturale, comprend
deux parties habilement reliées entre elles.
Dans celle qui se dégage immédiatement
au-dessus du tombeau, et qui est comprise
entre les piliers, le peintre a représenté la
grande procession de la châsse de Saint-Mar-
cel, sous le règne de Philippe-Auguste.
Au-dessus et dans l’axe de l’ogive, la
gloire du bienheureux soutenu par deux
anges, et enfin le ciel étoilé où trois anges,
‘placés en adoration à chaque point extrême
des arcs, donnent à l’ensemble de la décora-
tion le caractère pyramidal qui pondère bien
la ligne très-ferme soutenue par la base où
la procession se développe.
La scène est simple comme il convient à .
un sujet sévère et religieux. Au centre, la
châsse soutenue sur les épaules des clercs,
s’élève au-dessus des figures et forme le
point principal. Devant, les piètres s’avan-
cent vêtus de riches dahnatiques et chantent
les saints cantiques. Derrière, le roi, la reine
et les religieux de divers ordres suivent le
cortège. L’évêque de Paris, Odo de Sully,
placé à côté de la châsse, bénit un jeune
malade qui est soutenu par sa mère. Le
peuple se range, pressé et anxieux, sur le
passage du patron de Paris.
Nous retrouvons ici les qualités du peintre
du Saint-Rémi, le style académique tempéré
par un éclectisme très-saisissable, la correc--
tion du dessin, la sciepce, l’exécution dont
on l’a loué déjà. Mais là où nous le trouvons
très-supérieur à ses œuvres antérieures,
c’est dans le parti qu’il a su tirer de la cou-
leur, et cela quand il avait à lutter contre le
voisinage, des vitraux étincelants et des pein-
tures ornementales qui couvrent les murs
de la chapelle. L’œil, charmé par l’éclat et
par la savante combinaison des tons et la
grande portée de l’effet, reste bien fixé là
où l’exige la logique de la composition dé-
corative. Dès l’entrée dans la chapelle, le
regard est attiré droit au sujet: vous allez
en face du saint auquel le lieu est consacré.
Il serait audacieux de dire que l’art moderne,
si éloigné de l’art du xme siècle, conserve à
l’œuvre qu’il vient compléter son caractère
d’unité. 11 y a une si grande distance de la
foi mystique et profonde de nos pères à
notre religion imprégnée de doutes et de
l’esprit philosophique moderne, qu’il est dif-
ficile que la peinture du xixe siècle s’allie
sans défaillance à l’édificç religieux du
moyen âge.
Néanmoins l’œuvre de M. Maillot, sans
être étrangère à l’inspiration des sentiments
modernes, tient bien sa place dans la grande
cathédrale. Elle n’a rien du pastiche qu’un
esprit- vulgaire aurait pu chercher à ressus-
citer sans comprendre qu’il est la négation
du sentiment vrai : elle n’est pas non plus
purement ornementale, comme l’aurait pu
faire le peintre soumis au respect rigoureux
de l’archéologie. Elle est de notre temps par
son allure, ses physionomies; mais'elle a
puisée à la source éternelle, la nature, ce ca-
ractère de sincérité qui permet de l’admettre
ici comme œuvre d’artiste sans que le sen-
timent général du monument en soit com-
promis.
Le travailleur blessé, renversé, triste et
calme au premier plan, les clercs qui por-
tent la châsse, l’évêque. Odo de Sully dans
les traits duquel nous avons retrouvé la
belle figure de Mgr Surat,sont des morceaux
qui méritent d’être étudiés en dehors de
l’ensemble. Si nous avons quelque reproche
à adresser à M. Maillot, c’est sur l’abondance
des plis de ses draperies, surtout dans les
vêtements blancs des jeunes diacres. Mais
pourquoi relever des défauts quand il con-
vient plutôt de signaler les qualités qui sont
essentielles à la peinture décorative : l’har-
monie de l’ensemble, la justesse de l’effet
et un sentiment suffisamment religieux pour
11e pas laisser croire que notre époque n’est
plus bonne que pour la représentation des
scènes militaires.
Nous étudierons les autres chapelles dès
gu’elleS seront dégagées des cloisons qui les
cachent et nous reviendrons à celle de
M. Maillot aussitôt que l’achèvement du mo-
nument de Mgr de Quélen permettra de
juger l’ensemble de la décoration.
De Rocii.
CORRESPONDANCE DE GENÈVE.
des ‘louanges et des regrets. Un grand nom-
bre de personnes , à qui leurs affaires n’ont
pas permis de venir à l’Athénée pendant la
journée, à 2 heures, sont jalouses de celles
qui ont été plus favorisées. Elles ont fait des
démarches auprès de M. Charles Blanc, et
elles ont obtenu de nouvelles conférences,
qui devront avoir lieu le soir dans la salle du
Casino, assez, vaste pour contenir plus de
mille personnes. Vous devrez donc vous ré-
signer à attendre le retour de M. Charles
Blanc plus longtemps que vous ne le pen-
siez.
Dans ces nouvelles conférences, si j’en
crois M. Axifir, le rédacteur en chef du Jour-
nal de Genève, M. Charles Blanc parlera :
1° Du dessin et de l’expression : Leonard
de Vinci ;
2° De la couleur et de la décoration :
Vèronese ;
3° Du clair-obscur et de la poésie : Rem-
brandt.
Voilà, certes, une belle trilogie, bien une
dans la variété, ingénieusement composée, et
qui se prête merveilleusement au dévelop-
pement d’idées brillantes, neuves et vivantes.
Pour préparer ces trois leçons, M. Charles
Blanc disposera de bien peu de temps, cha-
cun cherchant à dérober tous ses instants
pour lui faire fête. Mais je suis complète-
ment rassuré sur le résultat. M. Charles
Blanc connaît trop bien la matière dont il
parle pour que ses amis aient à redouter
quoi que ce soit ; puis, ses écrits et sa parole
révèlent en lui une nature si prompte à con-
cevoir des idées et .à trouver les mots pour
les exprimer, que je ne crains pas d’affirmer
un nouveau triomphe.
Un de vos Abonnés.
___--
EUGÈNE LAVAL.
Monsieur le directeur,
Je vous dois une seconde lettre, puisque
vous avez bien voulu accueillir ma première,
et je vous l’écris avec d’autant, plus de plai-
sir que je n’ai qu’à constater le succès tou-
jours croissant de votre collaborateur, de
votre ami, que j’appellerai aussi le mien,
ses écrits ayant depuis longtemps éveillé en
moi une sympathie que sa parole a rendue
plus vive. A la troisième et à la quatrième
conférences, la salle était comble , l’anti-
chambre pleine, les couloirs remplis d’une
foule avide d’entendre M. Charles Blanc ex-
primer ses grandes et nobles pensées sur l’art
en termes si vifs, si clairs, si simples, et ce-
pendant si élevés et si choisis, que la science
en passant par sa bouche, acquiert un charme
tout particulier.
Sa voix, fatiguée par un enrouement con-
tracté sous notre âpre climat, lui a fait un
moment défaut; mais il s’est tiré avec tant
de grâce de sa mauvaise position, que ce qui
aurait pu occasionner un échec est devenu
le motif d’une ovation. A son malheureux
état, il a su intéresser toute la partie fémi-
nine de son auditoire, qui s’est mise à le
plaindre hautement. Mais son succès ne se
borne pas à Genève. D’après une lettre que
je reçois d’un do mes amis, M. Charles Blanc
aurait été accueilli avec la même faveur à
Lausanne. Cependant, je ne vous dirai rien
de cette ville, n’y étant pas allé, et préfé-
rant vous renseigner sur ce que je sais par
moi-même.
Ici, à Genève, on entend de toutes parts
Nous n’avons pas pour unique mission de
faire connaître au public les travaux et la vie
des peintres, des sculpteurs, des architectes
qui ont pu achever leur œuvre. Lorsque la
mort vient prématurément frapper un vaillant
artiste, nous lui devons de jeter un coup
d’œil d’ensemble sur sa carrière interrompue
avant le terme naturel, et de rappeler, briève-
ment au moins, ses titres à la gratitude de ses
contemporains, les motifs d’une réputation
méritée qui ne faisait que grandir et à laquelle
d’importants ouvrages en voie d’exécution
devaient donner tout son éclat. M. Eugène
Laval, l’architecte habile que nous venons de
perdre, était né à Villefranche, en 1819.11 vint
à Paris en 1838, et les excellentes études qu’il
fit sous la direction d’un maître éminent,
M. Labrouste, développèrent de bonne heure
sa riche organisation et le préparèrent aux
travaux difficiles et complexes dans lesquels il
!
<>*■1