8e Année.
— N" 49 —
5 Décembre 1869.
LA CHRONIQUE
TOLITIQJJE
DES
Paraissant tous les Dimanches
ABONNEMENTS :
Paris, un an. 15 fr.
— six mois. 8 fr.
UN NUMÉRO T 2 O CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne} 55} Paris
ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-
/
Paraissant tous les Di
ABONNEMENTS •
Departements, un an. 18 fr.
— six mois. . . . . 10 fr.
Etranger, le port en sus.
ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55, Paris
DES DEVOIRS
DE EA COMMISSION INSTITUÉE PAR LE DÉCRET
DU 2 6 MARS.
Les œuvres cl art enfouies dans les
greniers du Loavre se divisent, comme
on le sait, en trois classes, que nous rap-
pellerons ici, afin de bien préciser les
droits et les devoirs de la commission
instituée par le décret du 26 mars 1869.
Dans la première se rangent les œuvres
données ou léguées; la deuxième com-
prend les morceaux estimés dignes de
figurer dans nos collections nationales; la
troisième se compose des ouvrages qui
n’ont pas encore reçu d’affectation spé-
ciale.
Les droits de la commission ne sauraient
être les mêmes sur ces trois classes d’ob-
jets d’art. Elle ne peut, sous aucun pré-
texte, toucher aux œuvres données ou
léguées, ainsi que le ministre l’a d’ail-
leurs reconnu dans son rapport. Quant à
celles qui appartiennent aux collections
nationales, nous aimons à croire que pas
un des membres d’une commission pure-
ment. administrative ne se croira suffi-
samment autorisé pour enlever aqx Fran-
çais une propriété dont ils jouissent au
cœur de l’empire, à Paris, et pour la
transformer en un bien municipal n’ayant
plus qu’une publicité restreinte aux ex-
trémités du pays. Restent donc les œuvres
de la troisième classe, sans affectation
'jusqu’à ce jour. Pour celles-ci, nous ad-
mettons volontiers qu’une commission
administrative puisse statuer sur leur
sort, après s’être entourée de toutes les
précautions voulues et en soumettant sa
décision au vote des Chambres.
Mais gratifier les musées de province
de quelques œuvres médiocres ou détes-
tables, est-ce donner, suivant les termes
de M. le ministre, une entière satisfac-
tion à un grand intérêt public? Mais dé-
barrasser les greniers du Louvre de mor-
ceaux qui n’ont jamais fait partie des
collections nationales, est-ce remédiera
l’impossibilité dans laquelle se trouve la
liste civile « d'exposer toutes les œuvres
qui ont été successivement réunies dans
les musées impériaux? » Evidemment
non. La travée que l’on a l’intention d’a-
jouter incessamment à la grande galerie
suffira bien juste pour recevoir les pein-
tures placées dernièrement dans la salle
mal éclairée des États, et chacun sait
qu’un tiers des tableaux du Louvre, que
nombre de sculptures et d’objets d’art
sont entassés dans des magasins inacces-
sibles au public. Où accrocher les six
cent dix-neuf peintures qui manquent
dans nos galeries? Où mettre les toiles
provenant du legs considérable de M. La
Caze? Où placer à l’avenir les acquisi-
tions nouvelles, les œuvres que le Luxem-
bourg devrait verser au Louvre, ainsi
que les donations ou les legs futurs, sans
enlever des salles une quantité d’objets
que nous y admirons actuellement?
Telles sont les graves questions dont les
membres de la commission sont tenus de
se préoccuper.
Mais, si embarrassante que soit déjà
la solution de ces problèmes, le mandat
qu’ils ont accepté leur impose plus en-
core. Il ne s’agit pas seulement pour eux
de déclarer tel ou tel morceau indigne
du Louvre ; il est indispensable, suivant
le rapport même de M. le ministre, qu’ils
dirigent leurs travaux de façon « à don-
ner la destination la plus utile aux ri-
chesses présentement comprises dans les
collections publiques. » Or, pour obtenir
ce résultat, il est nécessaire que les mem-
bres de la commission procèdent à une
sorte d’enquête en vue de recueillir les
renseignements propres à les éclairer sur
les besoins des artistes, des savants et des
industriels d’arts, auxquels nos musées
servent également. S’ils consultent d’a-
bord les artistes', ces derniers leur ré-
pondront sans aucun doute que la faculté
d’étudier un tableau ou un croquis est
pour eux préférable à celle de voir au
Louvre des centaines de vases analogues,
fabriqués par des ouvriers plus ou moins
habiles. A cette première opinion, les
savants objecteront probablement que
les vases grecs ont pour l’histoire line
valeur considérable, et que si T antiquité
est moins connue en France cpi’en Alle-
magne, cela tient à l’impossibilité d’exa-
miner au Louvre les monuments anti-
ques. Enfin, les membres de la commis-
sion, en s’adressant aux représentants
des industries d’art, entendront certai-
nement émettre le vœu de voir nos mu-
sées se transformer en des institutions
vivantes capables de rivaliser avec celles
récemment créées à Londres, à Vienne,
à Munich, à Berlin et même à Moscou.
C’est stimulée par le désir de conten-
ter ces divers intérêts que la Commission
doit accomplir son travail pour arriver à
un résultat digne des notabilités qui la
composent. Nous avons toute confiance
en elle; nous avons le ferme espoir que,
se refusant désormais au simple rôle
d’expert, elle ne subira pas l’influence
d’une administration habituée aux capri-
ces du bon plaisir, et que, s’inspirant de
l’esprit contemporain , elle publiera un
rapport par lequel il sera donné pleine
et entière satisfaction aux besoins actuels
de nos arts et de nos industries.
Émile Galichon.
I,'EXPOSITION DE L’UNION CENTRALE
ET LE
CONSERVATOIRE DES ARTS ET MÉTIERS.
Monsieur,
l’habite la province où je me tiens le plus
possible au courant du mouvement des arts
et des questions qui s’y rattachent, tant par
la lecture de la Gazette et de la Chronique,
que par un voyage fait chaque année à Paris,
fors de l’ouverture du Salon. Je n’ai pas
besoin de dire que je profite de ce séjour
pour parcourir les musées et les collections.
Cette année, en visitant l’exposition d’art
industriel faite par l’Union centrale dans la
nef du palais des Champs-Elysées, je re-
marquai un certain nombre d’étiquettes
portant ces mots : Acquis par le musée de
South-Kensington : Offert au musée de South-
Kensington, « Voici, pensai-je, un musée qui
fait parler de lui, et dans lequel nos indus-
triels tiennent à honneur d’être représentés
par leurs œuvres. Mais Paris où, dit-on,
l’art est si bien protégé et encouragé, Paris
doit faire la même chose avec moins d’os-
tentation. Il y a certainement dans la ville
une vaste galerie où l’on conserve ce que
l’art industriel moderne produit de plus
curieux et de plus parfait, et cette galerie
doit exister au Conservatoire des Arts et
Métiers. »
Dans cette croyance, je m’y rendis. Là,
je rencontrai une quantité considérable de
modèles de machines merveilleusement
exécutées, d’instruments aratoires et d’ou-
tils; tout ce qui concerne enfin la méca-
nique, l’industrie et l’agriculture. Quant ^
l’art industriel, je n’en vis pas la moindre
trace ; je me trompe cependant, car on y
trouve un portique en bois découpé, offert
par l’industriel qui exécutait lui-même ses
chefs-d’œuvre aux expositions universelles.
On y remarque aussi des aquarelles exé-
cutées par A. Couder pour servir de modèles
à des travaux d’orfèvrerie et à des orne-
ments projetés pour Notre-Dame, et dont la
non-exécution ne doit pas être regrettée.
N’était la céramique, ce serait tout. Mais
il n’y a dans cette section que la précieuse
collection des grès-cérames de Voisinlieu,
offerte par Ziégler, qui ait quelque valeur
d’art. Le reste, ainsi que la verrerie, ne con-
siste qu’en échantillons médiocres en géné-
ral. Néanmoins, il y a là une tentative, bien
qu’incomplète, pour montrer par les pièces
elles-mêmes l’histoire de deux industries qui
touchent de très-près à l’art, la céramique
et la verrerie.
Pour tout le reste, néant..
Ni papiers peints; ni tapisseries, ni tissus,
ni ébénisterie, ni bronzes, ni émaux,, ni or-
fèvrerie, ni bijouterie, ni reliure, ni quoi
que ce soit de ces articles de Paris, parfois
charmants, qui- naissent un jour, et dispa-
raissent le lendemain, sans laisser de trace.
Pas de souvenir de ce magnifique spec-
tacle offert par l’Exposition universelle de
1867 : que quelques revêtements de faïen-
ces donnés par Minton ou Copcland et aban-
donnés au pied de l’escalier d’honneur. En-
core et toujours la céramique.
11 faut donc rayer la moitié du titre in-
scrit au frontispice du bel établissement dont
on achève la restauration dans la rue Saint-
Martin et ne plus y laisser que ces mots :
« Conservatoire des métiers. »
Ainsi Paris ne possède aucune institution
chargée d’acquérir aux différentes exposi-
tions, et de conserver, non pas même les
chefs-d’œuvre, mais simplement les spé-
cimens marquants de l’art industriel mo-
derne.
Ce que l’on fait pour la peinture et pour
la sculpture, d’une façon que vous avez
blâmée. Monsieur, et qui pourrait être en
effet plus heureuse, n’existe point pour ces
choses que l’on se hâterait d’acheter poul-
ies musées, si elles étaient anciennes, Ne
vous semble-t-il pas qu’il y a là un vide à
combler? Prenons un exemple. La plupart
des bronzes de Barye entreront assurément
un jour, lorsqu’ils seront devenus des an-
tiques, dans un musée quelconque qui alors
les-payera fort cher. Ne vaudrait-il pas mieux
leur donner place dès à présent au prix de
commerce, dans un établissement où ils su-
biraient un stage, comme les tableaux au
musée du Luxembourg?
Ce que je dis ici pour dès œuvres dont on
est unanime à proclamer le mérite peut
s’appliquer également à un grand nombre
de produits plus industriels. Sans sortir de
l’exposition de l’Union centrale, que de
choses dignes d’nn musée : les orfèvreries
de MM. Fanmèrq frères, de M. Philippe, des
héritiers de Vechte, les bijoux de M. Fro-
ment-Meurice, de M. Veyrat, les émaux
cloisonnés de M. Falize et de M. Christoffe,
les bronzes incrustés d’or ou d’argent et
quelques pièces d’argenterie de M, Christoffe,
les faïences de M. Deck, de M. Colinot, de
M. L. Parvillé, les terres décorées par engobe
de M. Bouvier, quelques terres de pipe de
M. Rousseau, les pièces originales de
M. Pull, les porcelaines do M. Pépin-Lehal-
— N" 49 —
5 Décembre 1869.
LA CHRONIQUE
TOLITIQJJE
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Paris, un an. 15 fr.
— six mois. 8 fr.
UN NUMÉRO T 2 O CENT.
RÉDACTION : Rue Vivienne} 55} Paris
ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
Comptes rendus & annonces de ventes publiques de tableaux
dessins, estampes, bronzes, ivoires, médailles, livres rares, autographes
émaux, porcelaines, armes, objets de curiosité, &c., &c.
Nouvelles des galeries publiques, des ateliers. — Correspondances étrangères
Bibliographie des livres, articles de revues & estampes
publiées en France & à l’Etranger. — Revue des arts industriels
Expositions de Province & de l’Etranger-
/
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— six mois. . . . . 10 fr.
Etranger, le port en sus.
ADMINISTRATION : Rue Vivienne} 55, Paris
DES DEVOIRS
DE EA COMMISSION INSTITUÉE PAR LE DÉCRET
DU 2 6 MARS.
Les œuvres cl art enfouies dans les
greniers du Loavre se divisent, comme
on le sait, en trois classes, que nous rap-
pellerons ici, afin de bien préciser les
droits et les devoirs de la commission
instituée par le décret du 26 mars 1869.
Dans la première se rangent les œuvres
données ou léguées; la deuxième com-
prend les morceaux estimés dignes de
figurer dans nos collections nationales; la
troisième se compose des ouvrages qui
n’ont pas encore reçu d’affectation spé-
ciale.
Les droits de la commission ne sauraient
être les mêmes sur ces trois classes d’ob-
jets d’art. Elle ne peut, sous aucun pré-
texte, toucher aux œuvres données ou
léguées, ainsi que le ministre l’a d’ail-
leurs reconnu dans son rapport. Quant à
celles qui appartiennent aux collections
nationales, nous aimons à croire que pas
un des membres d’une commission pure-
ment. administrative ne se croira suffi-
samment autorisé pour enlever aqx Fran-
çais une propriété dont ils jouissent au
cœur de l’empire, à Paris, et pour la
transformer en un bien municipal n’ayant
plus qu’une publicité restreinte aux ex-
trémités du pays. Restent donc les œuvres
de la troisième classe, sans affectation
'jusqu’à ce jour. Pour celles-ci, nous ad-
mettons volontiers qu’une commission
administrative puisse statuer sur leur
sort, après s’être entourée de toutes les
précautions voulues et en soumettant sa
décision au vote des Chambres.
Mais gratifier les musées de province
de quelques œuvres médiocres ou détes-
tables, est-ce donner, suivant les termes
de M. le ministre, une entière satisfac-
tion à un grand intérêt public? Mais dé-
barrasser les greniers du Louvre de mor-
ceaux qui n’ont jamais fait partie des
collections nationales, est-ce remédiera
l’impossibilité dans laquelle se trouve la
liste civile « d'exposer toutes les œuvres
qui ont été successivement réunies dans
les musées impériaux? » Evidemment
non. La travée que l’on a l’intention d’a-
jouter incessamment à la grande galerie
suffira bien juste pour recevoir les pein-
tures placées dernièrement dans la salle
mal éclairée des États, et chacun sait
qu’un tiers des tableaux du Louvre, que
nombre de sculptures et d’objets d’art
sont entassés dans des magasins inacces-
sibles au public. Où accrocher les six
cent dix-neuf peintures qui manquent
dans nos galeries? Où mettre les toiles
provenant du legs considérable de M. La
Caze? Où placer à l’avenir les acquisi-
tions nouvelles, les œuvres que le Luxem-
bourg devrait verser au Louvre, ainsi
que les donations ou les legs futurs, sans
enlever des salles une quantité d’objets
que nous y admirons actuellement?
Telles sont les graves questions dont les
membres de la commission sont tenus de
se préoccuper.
Mais, si embarrassante que soit déjà
la solution de ces problèmes, le mandat
qu’ils ont accepté leur impose plus en-
core. Il ne s’agit pas seulement pour eux
de déclarer tel ou tel morceau indigne
du Louvre ; il est indispensable, suivant
le rapport même de M. le ministre, qu’ils
dirigent leurs travaux de façon « à don-
ner la destination la plus utile aux ri-
chesses présentement comprises dans les
collections publiques. » Or, pour obtenir
ce résultat, il est nécessaire que les mem-
bres de la commission procèdent à une
sorte d’enquête en vue de recueillir les
renseignements propres à les éclairer sur
les besoins des artistes, des savants et des
industriels d’arts, auxquels nos musées
servent également. S’ils consultent d’a-
bord les artistes', ces derniers leur ré-
pondront sans aucun doute que la faculté
d’étudier un tableau ou un croquis est
pour eux préférable à celle de voir au
Louvre des centaines de vases analogues,
fabriqués par des ouvriers plus ou moins
habiles. A cette première opinion, les
savants objecteront probablement que
les vases grecs ont pour l’histoire line
valeur considérable, et que si T antiquité
est moins connue en France cpi’en Alle-
magne, cela tient à l’impossibilité d’exa-
miner au Louvre les monuments anti-
ques. Enfin, les membres de la commis-
sion, en s’adressant aux représentants
des industries d’art, entendront certai-
nement émettre le vœu de voir nos mu-
sées se transformer en des institutions
vivantes capables de rivaliser avec celles
récemment créées à Londres, à Vienne,
à Munich, à Berlin et même à Moscou.
C’est stimulée par le désir de conten-
ter ces divers intérêts que la Commission
doit accomplir son travail pour arriver à
un résultat digne des notabilités qui la
composent. Nous avons toute confiance
en elle; nous avons le ferme espoir que,
se refusant désormais au simple rôle
d’expert, elle ne subira pas l’influence
d’une administration habituée aux capri-
ces du bon plaisir, et que, s’inspirant de
l’esprit contemporain , elle publiera un
rapport par lequel il sera donné pleine
et entière satisfaction aux besoins actuels
de nos arts et de nos industries.
Émile Galichon.
I,'EXPOSITION DE L’UNION CENTRALE
ET LE
CONSERVATOIRE DES ARTS ET MÉTIERS.
Monsieur,
l’habite la province où je me tiens le plus
possible au courant du mouvement des arts
et des questions qui s’y rattachent, tant par
la lecture de la Gazette et de la Chronique,
que par un voyage fait chaque année à Paris,
fors de l’ouverture du Salon. Je n’ai pas
besoin de dire que je profite de ce séjour
pour parcourir les musées et les collections.
Cette année, en visitant l’exposition d’art
industriel faite par l’Union centrale dans la
nef du palais des Champs-Elysées, je re-
marquai un certain nombre d’étiquettes
portant ces mots : Acquis par le musée de
South-Kensington : Offert au musée de South-
Kensington, « Voici, pensai-je, un musée qui
fait parler de lui, et dans lequel nos indus-
triels tiennent à honneur d’être représentés
par leurs œuvres. Mais Paris où, dit-on,
l’art est si bien protégé et encouragé, Paris
doit faire la même chose avec moins d’os-
tentation. Il y a certainement dans la ville
une vaste galerie où l’on conserve ce que
l’art industriel moderne produit de plus
curieux et de plus parfait, et cette galerie
doit exister au Conservatoire des Arts et
Métiers. »
Dans cette croyance, je m’y rendis. Là,
je rencontrai une quantité considérable de
modèles de machines merveilleusement
exécutées, d’instruments aratoires et d’ou-
tils; tout ce qui concerne enfin la méca-
nique, l’industrie et l’agriculture. Quant ^
l’art industriel, je n’en vis pas la moindre
trace ; je me trompe cependant, car on y
trouve un portique en bois découpé, offert
par l’industriel qui exécutait lui-même ses
chefs-d’œuvre aux expositions universelles.
On y remarque aussi des aquarelles exé-
cutées par A. Couder pour servir de modèles
à des travaux d’orfèvrerie et à des orne-
ments projetés pour Notre-Dame, et dont la
non-exécution ne doit pas être regrettée.
N’était la céramique, ce serait tout. Mais
il n’y a dans cette section que la précieuse
collection des grès-cérames de Voisinlieu,
offerte par Ziégler, qui ait quelque valeur
d’art. Le reste, ainsi que la verrerie, ne con-
siste qu’en échantillons médiocres en géné-
ral. Néanmoins, il y a là une tentative, bien
qu’incomplète, pour montrer par les pièces
elles-mêmes l’histoire de deux industries qui
touchent de très-près à l’art, la céramique
et la verrerie.
Pour tout le reste, néant..
Ni papiers peints; ni tapisseries, ni tissus,
ni ébénisterie, ni bronzes, ni émaux,, ni or-
fèvrerie, ni bijouterie, ni reliure, ni quoi
que ce soit de ces articles de Paris, parfois
charmants, qui- naissent un jour, et dispa-
raissent le lendemain, sans laisser de trace.
Pas de souvenir de ce magnifique spec-
tacle offert par l’Exposition universelle de
1867 : que quelques revêtements de faïen-
ces donnés par Minton ou Copcland et aban-
donnés au pied de l’escalier d’honneur. En-
core et toujours la céramique.
11 faut donc rayer la moitié du titre in-
scrit au frontispice du bel établissement dont
on achève la restauration dans la rue Saint-
Martin et ne plus y laisser que ces mots :
« Conservatoire des métiers. »
Ainsi Paris ne possède aucune institution
chargée d’acquérir aux différentes exposi-
tions, et de conserver, non pas même les
chefs-d’œuvre, mais simplement les spé-
cimens marquants de l’art industriel mo-
derne.
Ce que l’on fait pour la peinture et pour
la sculpture, d’une façon que vous avez
blâmée. Monsieur, et qui pourrait être en
effet plus heureuse, n’existe point pour ces
choses que l’on se hâterait d’acheter poul-
ies musées, si elles étaient anciennes, Ne
vous semble-t-il pas qu’il y a là un vide à
combler? Prenons un exemple. La plupart
des bronzes de Barye entreront assurément
un jour, lorsqu’ils seront devenus des an-
tiques, dans un musée quelconque qui alors
les-payera fort cher. Ne vaudrait-il pas mieux
leur donner place dès à présent au prix de
commerce, dans un établissement où ils su-
biraient un stage, comme les tableaux au
musée du Luxembourg?
Ce que je dis ici pour dès œuvres dont on
est unanime à proclamer le mérite peut
s’appliquer également à un grand nombre
de produits plus industriels. Sans sortir de
l’exposition de l’Union centrale, que de
choses dignes d’nn musée : les orfèvreries
de MM. Fanmèrq frères, de M. Philippe, des
héritiers de Vechte, les bijoux de M. Fro-
ment-Meurice, de M. Veyrat, les émaux
cloisonnés de M. Falize et de M. Christoffe,
les bronzes incrustés d’or ou d’argent et
quelques pièces d’argenterie de M, Christoffe,
les faïences de M. Deck, de M. Colinot, de
M. L. Parvillé, les terres décorées par engobe
de M. Bouvier, quelques terres de pipe de
M. Rousseau, les pièces originales de
M. Pull, les porcelaines do M. Pépin-Lehal-