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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 36 (5 Septembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0199
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N» 36.

DIMANCHE 5 SEPTEMBRE.

1869.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr.

—.Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr,

•— .... Six mois : 10 fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, 55, rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

A

Paris.Un an : 15 fr,

—.Six mois : î* fr

Départements .... Un an : 18 fr.

■ r

— .... Six mois : 10 fr./-'

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Administration, 55, rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Étranger.

Expositions de Province et de l’Etranger.

HENRY LEYS.

Une bien triste nouvelle nous arrive de
Belgique. Leys (Henri-Jean-Augustin)
est mort à Anvers, dans la nuit du 26 août,
âgé de cinquante-quatre ans et demi.

La Gazette a toujours témoigné à ce
grand artiste une vive sympathie. Nos lec-
teurs y trouveront (t. XX, p. 297) une
sérieuse appréciation de son talent par
M. Paul Mantz. S’ils tournent quelques
feuillets encore, ils rencontreront aussi
(page /i67) le catalogue de ses eaux-fortes,
la liste de ses tableaux et quelques notes
biographiques complémentaires qui nous
avaient été communiquées.

Nous n’avons rien, aujourd’hui du
moins, à y ajouter. Les journaux belges
nous fourniront sans doute quelques dé-
tails inédits. Nous les recueillerons avec
soin.

Mais une triste réflexion nous poursuit.
C’est que voici mort un artiste d’un in-
contestable talent, dont la place est diffi-
cile à assigner par ses contemporains,
mais dont le rang n’est point discutable;
voici mort un maître dont l’œuvre a une
signification précise, qui cherche des su-
jets, compose, dessine, peint d’une façon
particulière, voulue, originale, à part;
voici mort un homme dont l’œuvre s’est
élaborée sous nos yeux, à nos portes, dont
l’atelier n’est séparé des nôtres que par
une frontière idéale : eh bien! la France
ne possède rien de ce peintre !

Le Luxembourg n’a rien de Henry Leys,
et hier le Louvre achetait dix-huit
mille francs un tableautin de Paul Potter
digne seulement du cabinet d’un amateur
de second ordre ! et alors que le Louvre
en possède qui sont de première impor-
tance !

En vain depuis la renaissance roman-
tique les points de vue se sont élargis;
en vain la critique a démontré et le pu-
blic a admis que le beau était cosmo-
polite; en vain on a senti tout ce qu’il
y avait d’utile pour le cerveau du littéra-
teur ou de l’artiste de se saturer de l’é-
tude de l’art dans tous les temps, dans
tous les pays; en vain des hommes de
bonne foi se sont pris de passion pour les
œuvres de leurs contemporains et ont fait
voir qu’elles valaient, par la qualité de

| l’idée ou du faire, celles du passé... tout
cela est lettre morte! Rien de cela n’émeut
cette machine en zinc qu’on appelle l’ad-
ministration ! Rien de ce qui est sentiment
moderne ne franchit la porte de ce minis-
tère des Beaux-Arts qui dispose à son gré
de notre argent et qui cause à notre pays
d’irréparables blessures.

Oui, ce sont d’irréparables blessures
que de laisser se disperser aux quatre
coins du monde des œuvres de nos maîtres
modernes qui parlent aujourd’hui, — bien
ou mal, peu importe, nous n’en sommes
point les juges impartiaux, — le vrai lan-
gage des peuples modernes. Oui, le dé-
part d’un Delacroix au delà de l’Océan
est pire pour la France qu’une expédition
manquée. Oui, la perte d’un tableau de
Decamps, comme le Corps de garde sur
la route de Smyrne, est plus regrettable
qu’une reculade.

Les défaites morales, ies désordres
financiers, les expéditions inutiles, tout
cela n’est dans la vie des peuples que des
accidents plus passagers et moins redou-
tables que la maladie, la misère ou la
honte dans la vie d’un individu.

Tout se répare, tout s’oublie, et les gé-
nérations suivantes perdent jusqu’au sou-
venir de nos troubles et de nos angoisses.

Une statue, un monument, un tableau
de génie, voilà les arbres divins qui com-
posent la forêt éternelle. Voilà ce qu’il
faut transplanter à tout prix chez nous.
Eh quoi ! existe-t-il encore des douanes
artistiques, que le Luxembourg ne possède
point une peinture des maîtres étrangers!
Rien de Reynolds, rien de Gainsborough,
rien de Turner, rien de Constable, rien
de Leys ! On dépense annuellement
150,000 francs pour les copies de por-
traits de la famille régnante, on laisse
sortir 2S,000 francs du budget des beaux-
arts pour F enterrement d’un président du
sénat, et notre public ignore ce que pro-
duisent actuellement les maîtres anglais,
les maîtres belges!

Est-on surintendant seulement pour
porter un habit brodé ou présider les cé-
rémonies? ou bien est-on chargé de suivre
le mouvement international des arts?

Depuis quinze ans l’administration a,
sans contrôle, disposé de tous nos fonds.
Elle a laissé acheter par les nations ri-
vales ou par les particuliers les plus beaux
morceaux des écoles anciennes ou mo-

dernes qui soient passés en vente... Elle
refuse, sous le plus futile des prétextes,
les dons qu’on veut faire à la nation. Elle
n’expose pas même ce que possèdent nos
musées nationaux.

C’est aux particuliers à faire la ligue
des Amis des Arts, contre un état de choses
que répudient les impérieuses aspirations
des générations actuelles. Tout d’abord
il faut exiger que les grands morceaux
modernes soient acquis avant de devenir
inabordables, et qu’une salle d’art inter-
national soit ouverte au Luxembourg.

Avant tout, il faut demander la décen-
tralisation et faire que chaque citoyen
devienne, dans sa limite d’action, un
surintendant des beaux-arts dévoué, in-
telligent et pratique.

Philippe Burty.

[.ES ARTS AU PARLEMENT ANGLAIS.

Londres, 25 août.

Il y avait bien longtemps que la discus-
sion du budget des beaux-arts n’avait pré-
senté autant d’intérêt, tant aux lords qu’aux
communes ; on était décidé cette année à
aborder la question des abus, et les acquisi-
tions de la Galerie nationale en ont offert
l’occasion ; elles ont été vivement attaquées
et plus maladroitement justifiées encore. Je
pense qu’il ne sera pas sans intérêt de don-
ner au public français un résumé de ces
débats, et vos députés reconnaîtront peut-
être qu’au lieu de laisser gérer les fonds
qu’ils votent annuellement au nom de leurs
électeurs par un intendant de la couronne,
ils feraient mieux d’en confier la direction à
un personnage responsable, ne serait-ce que
pour éviter de voir les fonds, bien modestes
cependant, qu’ils affectent aux beaux-arts,
être impudemment détournés en partie pour
payer les funérailles d’un fonctionnaire mil-
lionnaire.

Suivons donc l’ordre de ces débats :

Département de Hart et de la science,
Crédit de 232,253 livres sterling.

L’exposé indique que sur cette somme
7,347 livres sont destinéesau musée d’Édirn-
bourg ; 14,979 livres aux institutions irlan-
daises ; 32,150 pour les écoles d’art; 2,000
pour la reproduction d’objets d’art à distri-
buer dans les comtés; 37,095 livres pour
l’administration du musée de Kensington,
et 16,000 pour les acquisitions dudit musée.
Nous reviendrons quelque jour sur la ques„

tion du musée de Kensington ; nous témoi-
gnerons seulement notre profonde surprise
qu’aucun membre 11’ait demandé des expli-
cations sur la disproportion des dépenses
d’administration avec le chiffre des acquisi-
tions. Près d’un million de francs pour ad-
ministrer le Kensington comme il l’est,
franchement c’est un peu cher! Mais n’ou-
blions pas que les Anglais eux-mêmes ont
caractérisé cette affaire comme elle le mérite
malgré tous ses avantages incontestables, en
l’appelant un job. Il y a là un échantillon
de petit gouvernement personnel que le
pays tolère par respect pour une mémoire
vénérée, mais un tel état de choses ne sau-
rait être éternel.

Briiish Muséum.

Crédit de 113,203 livres sterling.

L’ex-ministre, M. Walpole a donné les
détails de ce crédit qui n’a soulevé aucune
discussion ; cela se conçoit, le British Mu-
séum étant un établissement modèle dans
toute l’acception du terme et dont l’admi-
nistration intelligente et honorable ne mé-
rite que des éloges.

Galerie nationale.

Crédit de 15,978 livres sterling.

Ici nous arrivons à la question même,
car c’est au sujet de cet établissement que
la tempête a éclaté.

M. Bentinck a dit que les acquisitions
n’étaient pas faites d’une façon judicieuse
ni économique ; que fréquemment des ta-
bleaux étaient proposés, qu’on les refusait
et qu’ensuite, lorsqu’ilsparaissaient dans une
vente ou étaient offerts par certaines per-
sonnes, 011 les achetait, et naturellement à
des prix beaucoup plus élevés que ceux qui
avaient été demandés dans le principe. C’est
ainsi qu’un Van lluysum, vendu chez Christie
380 guinées,et un Cuyp adjugé à 384 gui-
nées, ont été subséquemment achetés 1,800
livres. 1! a aussi signalé le défaut d’entente
entre les diverses administrations. Le por-
trait d’Hogarth, signalé dans une de mes
dernières letlres, a de celte façon échappé
au gouvernement. 11 est vrai que, depuis,
M. Agnew, de Manchester, qui s’en étaitrendu
acquéreur, l’a cédé à la galerie des portraits
pour le prix qu’elle avait eu l'intention
d’en donner; mais de pareils exemples de
générosité et d’amour-propre national ne
sont pas fréquents. Enfin chaque année le
directeur de la Galerie nationale fait un
voyage à l’étranger : il ne fait pas mystère
de sa qualité, aussi chacun se dit qu’un tel
personnage puisant dans les coffres de Ig
 
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