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La chronique des arts et de la curiosité — 1869

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Nr. 27 (4 Juillet)
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https://doi.org/10.11588/diglit.26661#0163
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N9 27.

DIMANCHE 4 JUJÏLLET.

1869.

CHRONIQUE

DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ

GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS

JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE

ABONNEMENTS.

Paris. . ..Un an : 15 fr.

..Six mois : 8 fr.

Départements .... Un an : 18 fr.

— .... Six mois : ÎO fr.

Un numéro : 20 cent.

Pour l’étranger, le port en sus.

Rédaction, SS> rue Vivienne.

Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.

Revue des Arts industriels.

REFUS D’UNE DONATION

faite a l’état.

M. Chenâvard avait offert de donner
gratuitement à l’État son tableau: Divina
tragœdia, et cette œuvre, jugée au point
de vue de l’art, a été refusée par M. de
Nieuwerkerke comme indigne de figurer
dans une galerie publique! Ce jugement
sera-t-il ratifié par les hommes compé-
tents? Nous pouvons affirmer que non. En
dépit de la décision qui frappe à nouveau
l’auteur des dix-huit cartons de Y His-
toire de Vhumanité, rélégués sous ce
même régime au dépôt des marbres,
la JJivina tragœdia restera l’événement
du salon de 18(59. Pas un critique,
dans sa revue de l’Exposition, n’a passé
sous silence cette œuvre considérable.
Beaucoup lui ont décerné des louanges,
tous l’ont traitée avec respect ; et on vou-
drait nous faire croire que cette compo-
sition, qui a préoccupé tout le monde,
serait trop faible pour être placée au
Luxembourg, trop mauvaise pour être
reçue par l’État à titre gracieux, quand
on dépense l’argent des contribuables à
commander des toiles qui ne trouvent
point grâce devant le jury, si bienveillant,
des Expositions ! N on-seulement nous
protestons contre cette décision offen-
sante pour un artiste distingué, mais
encore nous demanderons en vertu de
quel droit M. le surintendant se croit
permis de refuser une donation qui en-
richirait un musée de l’État. Ce n’était
pas au souverain, ce n’était pas à M. le
comte de Nieuwerkerke que M. Chena-
vai'd offrait son œuvre, c’était à l’État et
à ses concitoyens. Les fonctions que
M. le comte de Nieuwerkerke tient du
souverain ne sauraient lui conférer T hon-
neur de représenter seul la nation, de
prononcer seul pour tous, et, par le fait
d’un sentiment tout personnel, de priver
le public du don généreux que voulait
faire à la France un artiste de grande no-
toriété, un artiste qui devait d’autant
moins s’attendre à de pareils procédés,
qu’il a des droits à une éclatante répa-
ration, pour avoir vu déchirer, sans
forme de procès, le traité conclu pour la
décoration du Panthéon.

Émile Galiciion.

Nous prions instamment tous les artistes
et amateurs de vouloir bien nous faire par-
venir, le plus prochainement possible, les
observations, corrections et renseignements
nouveaux, relatifs à VAnnuaire que la Gazelle
des Beaux-Arts vient de publier. Il est im-
portant que cet ouvrage soit aussi complet
et aussi exact que possible, et pour cela il
est nécessaire que tous les intéressés contri-
buent à son perfectionnement.

Nous demanderons aux Sociétés savantes
de vouloir bien nous transmettre leurs sta-
tuts et les livrets des expositions provin- *
ciales, qui renferment tant de documents.

LETTRES

sur l’inventaire des objets d’art

POSSÉDÉS PAR LA FRANCE.

28 juin 1800.

Cher monsieur,

Votre article de la Chronique des Arls, sur
la nécessité de dresser l’inventaire des œuvres
d’art de toute la France, est une idée pré-
cieuse; il est, de plus, une bonne action.

Malgré tout le mal commis, malgré tant
de chefs-d’œuvre disparus, tant d’églises
dévalisées, tant de trésors dispersés, vendus
et offerts, à toutes les époques, aux puissants
du jour, il n’est jamais trop tard pour bien
faire.

Oui, dans chaque département, il se trou-
vera un archiviste, un bibliothécaire, un
groupe d’amateurs éclairés et dévoués au
service de votre idée. Pour ma part, je
commence cet inventaire, et je compte, sans
plus tarder, soumettre votre proposition à
la Société archéologique du Limousin.

Vous ne vous doutez pas à Paris de ce
que peuvent, en province, les inlluences
locales; c’est à qui fera sa cour à ceux qui
disposent des faveurs, et plus d’une collec-
tion admirée à l’exposition de l’histoire du
travail serait, à coup sûr, moins riche si l’ad-
ministration préfectorale n’avait été parfois
confiée à d’habiles collectionneurs.'

Vous figurez-vous, cher monsieur, ce que
seraient, aujourd’hui, les trésors de nos
églises et du musée de la ville de Limoges,
si intéressante par le génie de ses artistes
sans rivaux, si les brocanteurs et les ama-
teurs trop avides, spéculant sur l’ignorance
des corporations et des fabriques, n’avaient
acheté à vil prix, ou à meilleur marché en-
core, presque tous les chefs-d’œuvre des
plus belles collections connues.

C’est pourquoi; je m’associe de grand
cœur à l’appel que vous nous faites. Dès

aujourd’hui, vous pouvez compter mes col-
lègues et moi au nombre des plus dévoués
partisans de votre utile entreprise.

Veuillez agréer, etc.

Adrien Dubouché,

Président du Comité des écoles gratuites
de dessin appliqué à l'industrie,
Directeur du musée céramique de Limoges.

30 juin 1869.

Monsieur et cher confrère,

J’applaudis chaleureusement à votre idée
de dresser un inventaire de tous les objets
d’art possédés par la France. Et pourquoi ne
vous le dirais-je pas? Depuis longtemps jesuis
tourmenté de cette même idée. Elle m’est
venue à une époque où ayant entrepris d’in-
ventorier moi-même les Trésors d’art de la
Provence, je visitai les églises de ce pays et
celles du Comtat-Venaissin, — dont beau-
coup regorgent de tableaux extrêmement
intéressants pour l’histoire de l’art en France.
11 me suffira de vous citer les églises d’Aix,
d’Arles, de Tarascon, d’Avignon, de Carpen-
tras, de Saint-Maximin, de Cavaillon, de
l’isles— N’est-ce pas à Aix que se trouve le
plus beau tableau de la vieille école flamande,
que nous ayons en France, le Buisson
ardent, énorme triptyque (attribué par les
uns à Van Eyck, par les autres à Memling)
chef-d’œuvre qui resplendirait entre les
chefs-d’œuvre du Louvre? A Aix, à Avignon,
à Villeneuve-lez-Avignon, etc., se trouvent
d’autres pages admirables des maîtres pri-
mitifs,—quelques-unes exécutées sans doute
par des artistes indigènes formés sous la di-
rection des Italiens amenés par les papes à
Avignon, ou soüs celle des Flamands attirés
à Aix par le bon roi Réné. Il y a aussi quan-
tité de tableaux importants exécutés —
dans ces riches contrées — par les pein-
tres du xvue et du xvme siècle, les deux
Mignard, les Parrocel, Subleyras, les Pu-
get, les Van Loo, etc. ; par des artistes pro-
vençaux bien dignes d’être connus hors de
leur pays, tels queSauvan, Le vieux, Serre..;
par des artistes étrangers, comme Finso-
nius, un imitateur de Caravage et de Ribcira,
devant qui pâlirait singulièrement M. Bon-
nat, la grande médaille du Salon de 1860.

Je ne dis rien des ouvrages de sculpture,
dont quelques-uns, très-dignes d’admiration,
ont été exécutés par des artistes qui n’ont
rien produit hors de la Provence, tel que
Jacques Bernus, élève de Puget, dont l’église
Saint-Siffren, à Carpentras, possède douze
statues de saints, deux Anges adorateurs et
une Gloire, du style le plus lier, le plus fou-
gueux, de la composition la plus riche.

ABONNEMENTS.

Paris.Un an : 15 fr

Si v rrmic • K t r

Pour l’étranger , le porc en sus.

Administration, 55. rue Vivienne.

Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger. '

Expositions de Province et de l’Eti anger.

Que d’œuvres vraiment belles, et, en tout
cas, fort curieuses, fort intéressantes pour

1 histoire de l’art français, sont ainsi enfouies
dans des églises où elles se détériorent
plus ou moins rapidement, exposées qu’elles
sont à mille accidents résultant de l’incurie
ou de 1 ignorance de ceux qui devraient
veiller à leur conservation !

Demanderons-nous qu’on retire ces ou-
vrages des limbes où ils se trouvent? Ce
serait un moyen radical qui soulèverait un
toile général et ferait crier au sacrilège.

N enlevons donc rien, — à moins qu’il
ne soit bien établi que les détenteurs n’ont
aucun soin des chefs-d’œuvre dont ils ont la
jouissance; mais sachons d’abord exactement
ce que nous possédons ; et puis proposons à
messieurs les curés, en échange de leurs
vieux tableaux tout noirs, les cadres tout
neufs provenant des acquisitions et com-
mandes faites journellement par l’État. De
pareilles propositions ont toute chance
d’être accueillies.

J’ai raisonné jusqu’ici dans la pensée que
les églises — comme les musées — ne sont
que de simples dépôts auxquels l’État confie
un certain nombre d’œuvres d’art; je ne
sais pas si légalement il serait permis de re-
prendre l’une de ces œuvres, mais à coup
sûr les dépositaires, les usufruitiers n’ont
pas le droit d’aliéner, sans avoir obtenu
l’assentiment de l’État ou tout au moins
celui de la municipalité.

La vente du Saint Sébastien de Nantua m’a
grandement étonné -.il y a deux mois et
demi j’ai vu et admiré ce tableau, non pas
dans une chapelle humide, mais dans une
nef’latérale, parfaitement sèche et bien
éclairée, de l’église Saint-Pierre. Voici la note
que je trouve sur mon calepin : « Saint Sé-
bastien, une des plus belles peintures reli-
gieuses—en fait de tableaux portatifs—que
j’ai vues de Delacroix. Le martyr est nu, as-
sis à gauche, adossé à un gros tronc d’arbre,
la tête inclinée sur l’épaule droite, le bras
droit appuyé sur une draperie rouge, la main
gauche sur la cuisse, la jambe droite éten-
due en avant, par un merveilleux raccourci.
Bout de draperie bleuâtre ramené sur le
milieu du corps. Ombres sur le côté gauche
de la poitrine et sur une partie des bras et
du visage. Çà et là, vigoureux coups de lu-
mière. Une femme encapuchonnée d’une
draperie bleue, corsage violet, manches
jaunes, jupe bleue, retire une flèche de l’é-
paule du martyr. Quelle tendresse respec-
tueuse, quelle délicatesse dans son mouve-
ment! Une autre femme plus jeune, coiffée
d’une draperie rouge qui tombe derrière le
 
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