N» 2 I .
DIMANCHE 23 MAI.
1869.
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 1 5 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l'étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
ABONNEMENTS.
Paris. ........ Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr
Départements. ... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —■
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.
Expositiqns de Province et de l’Etranger.
LES ACHATS AU SALON.
Les documents publiés récemment par
la Chronique ont appris au public l’usage
que fait l’Administration des fonds in-
scrits au budget sous la rubrique : En-
couragements aux Beaux-Arts. On sait
que la moyenne des tableaux achetés
est descendue de 3,413 francs (en 1863),
à 1840 francs (en 1866), et que lamovenne
des tableaux commandés était tombée,
en 1866, à moins de douze cents francs.
Ces documents nous ont été empruntés
par toute la presse. Cette publicité n’a
provoqué de l’administration aucune
espèce de controverse, ni directe, ni
indirecte. Le Communiqué, d’ordinaire
si vif, si ombrageux « a gardé de Conrard
le silence prudent. »
Les faits restent donc avec la muette
éloquence que leur prêtent des chiffres
positifs. On sait aujourd’hui qu’en quatre
ans, 355 portraits de famille peuvent
coûter 425,000 francs. Les musées de
province connaissent aussi le taux exact
des toiles qu’ils reçoivent annuellement
à l’occasion des réjouissances publiques.
La France peut faire le bilan de l’ac-
croissement de ses trésors d’art moderne.
Mais n’insistons pas. Le procès plaidé,
la partie accusée a fait défaut. Il y
aurait mauvaise grâce à rappeler quel
jugement a formulé le public, en cette
circonstance comme en d’autres. Loin
de là, aidons l’administration des Beaux-
Arts à éluder quelques - unes des dif-
ficultés que lui imposent les rouages
gouvernementaux supérieurs. Le pu-
blic, dont nous ne sommes que le rap-
porteur, a de pressantes raisons pour que
les réformes utiles soient, proposées, dis-
cutées et au besoin adoptées.
Nous avons déjà parlé du jury de
classement qui viendrait mettre un ordre
plus logique, dans le chaos de quatre
mille objets acceptés, sans cependant
supprimer le jugement public sur les
œuvres qui, pour des raisons diverses lui
sembleraient inférieures. 11 y aurait
encore à demander la suppression de ces
médailles qui n’ont plus quelque attrait
que pour les débutants et qui, plus tard,
créeront une aristocratie dont l’accessi-
bilité 'aura été vraiment par trop facile.
Mais le plus pressant, car le Salon est
déjà arrivé presque à la moitié de sa car-
rière, c’est de demander à l’adminis-
tration : ou de grouper les commandes
et les acquisitions dans un* salon parti-
culier qui resterait ouvert pendant une
semaine après la fermeture, ou d’accro-
cher au fur et à mesure de l’acquisition
une pancarte qui désignât l’œuvre d’art
à l’attention de la foule. Artistes, criti-
que et public, tout le monde serait averti.
Il n’y a rien là que de parfaitement
logique. Ne le fait-on pas pour les mé-
dailles? Une acquisition par l’État, n’est-
ce point un encouragement donné à un
talent naissant, un honneur rendu à un
talent consacré? Quels autres mobiles
pourraient pousser à ces achats et les
décider?
Est-ce la charité? Mais le ministère des
Beaux-Arts a pour la charité un budget
de fonds secrets, dont personne ne peut
être tenté de soulever les voiles ; là, des
artistes frappés d’infirmités, accablés par
un brusque désastre, épuisés par la vieil-
lesse et délaissés par la mode, doivent
trouver ces secours discrets qu’un grand
État, comme la France, ne peut mar-
chander à ses enfants.
Est-ce la condescendance à des ordres
supérieurs? Mais chacun sait qu’il y a
d’autres voies pour obéir aux obligations
de la politique ; que les salles du Louvre,
par exemple, sont devenues de vastes
ateliers de copie, et que les entrepre-
neurs' et les entrepreneuses de copies
subventionnées par l’Etat ont pris la
place des jeunes artistes, qui ne peuvent
plus étudier pour la gloire de l’art, et
qu’ils dérobent aux visiteurs la vue et
jusqu’à l’approche des chefs-d’œuvre.
Qu’est-ce donc? qu’on nous le dise. La
question mérite vraiment une réponse, car
les sources vives de l’école moderne se-
raient frappées de stérilité par ces acquisi-
tions que l’on n’ose avouer, dont aucun
document officiel ne nous livre jamais la
liste, que l’on envoie sourdement en pro-
vince à l’occasion des fêtes publiques, avec
des étiquettes mensongères. Nous com-
prendrions à la rigueur qu’on en agît ain-
si, si nos expositions nationales étaient dues
purement à la munificence du chef de
l’État. Mais il n’en est rien, et le contri-
buable, qui règle les comptes, voudrait
enfin savoir ce qu’il achète. Il ne faut
pas abuser du joli mot de Charlet :
« C’est toi qui payes, mais c’est moi
qui régale. » Qu’on nous rende au moins
la monnaie de notre pièce!
Pii. Burty.
--OOggl»..-
CORRESPONDANCE DE LONDRES.
La Société archéologique de Londres et
Middlesex a l’habitude chaque année de
faire des visites aux monuments ou autres
locaux publics et particuliers renfermant
des objets intéressants. Les corporations de
Londres possèdent de fort belles choses, des
tableaux et portraits, des tapisseries et sur-
tout des pièces d’orfèvrerie, dons des sou-
verains, membres honoraires ou des membres
effectifs; aussi un de leurs halls est-il pres-
que toujours compris dans la tournée. Au
Vintner’s-Hall, en 1868, une très-grande et
belle tapisserie ancienne, d’un travail re-
marquable, revit le jour en quelque sorte.
Ce printemps on s’est rendu dans la Cité, à
la vieille église de Saint-Étienne, à la
Mansion-House, résidence officielle du lord
maire, et enfin au Mercers-Hall, où avait été
exposée la superbe argenterie de cette riche
corporation.
11 se fait en ce moment un grand mouve-
ment pour et contre l’ouverture des musées
le dimanche : cle toutes parts des pétitions
sont envoyées dans les deux sens à la
chambre des Communes. Les ouvriers en gé-
néral sont en faveur de la mesure; les mi-
nistres de l’Évangile et les teneurs de beer
liouses, ce qui correspond chez vous aux
marchands de vin, font, au contraire, la plus
vive opposition; l’intolérance et l’intérêt de-
vaient se trouver d’accord sur ce point ! La
question toutefois ne restera pas longtemps
en suspens; M. Gregory a annoncé aux Com-
munes qu’il proposerait dans la séance du
Zi juin la motion suivante :
Dam l’opinion de la chambre il est utile
que les musées et galeries, entretenus par
l’État en Angleterre et en Irlande, soient ou-
verts le dimanche après l’heure du service
divin.
Il faut espérer que le Parlement compren-
dra l’urgence et surtout l’utilité de cette me-
sure. Quant à l’Écosse, il était naturel qu’elle
ne fût pas comprise dans la mesure, puisque
le sentiment public n’y admet pas encore
qu’on joue du piano ou que les trains cir-
culent le dimanche.
Les autographes manuscrits et documents
historiques, livres et estampes de feu John
Dillon, esq., sont visibles en ce moment
dans les salons de MM. Holloway, et la vente
en commencera le 7 juin. C’est une collec-
tion des plus importantes, tant par la rareté
que par la beauté exceptionnelle de toutes
les pièces. Le propriétaire pendant de lon-
gues années s’était attaché à illustrer ses
livres de portraits et d’autographes, ou à
accompagner ces derniers de portraits seu-
lement; c’était là surtout sa curiosité, et il
faut reconnaître qu’il la poussa au plus
haut degré de perfection.
Les livres d’art proprement dits sont peu
nombreux , mais en exemplaires do choix,
parfaitement reliés et illustrés de pièces in-
téressantes.
Dans les autographes, les personnages his-
toriques et politiques sont représentés d’une
façon exceptionnelle ; pour ne citer que deux
pages in-folio d’Amyot; des lettres : du ma-
réchal d’Ancre, exprimant ses regrets de la
mort de M. de Montais; d’Antoine Arnauld et
d’Arnauld d’Andilly ; de Beaumarchais, où
il traite de l’union des deux plus grandes ré-
publiques du monde, la France et VAmérique i
de Bertrand de Molleville à Napoléon 1er, où
il expose sa vie politique et réclame une
pension; de Boileau à Brossette; de Bossuet
à Mroe de Beringhen,où il lui dit : La douleur
a ie ne sçai quelle trompeuse douceur à la-
quelle il faut s’opposer.., mais elle abat à la
fin et rend l’âme ravissante; de Calvin et de
Luther; de Condorcet; de Descartes; du gé-
néral Desaix, elles sont rares et l’orthographe
du héros est curieuse; d’Angélique d’Es-
trée, abbesse de Maubuisson et sœur de la
belle Gabrielle, qui faisait battre les archers
du guet par son amant ot ses amis quand
on lui envoyait des religieuses de Port-Royal ;
de Franklin; de Gainsborough, le grand
peintre, où il exprime le désir qu’il ne soit
[iris après son décès ni moulage, ni dessin
d’après lui, à moins que Sharp ne soit chargé
de le graver; de Gibbon, où il déclare .sou
profond mépris pour les pernicieuses utopies
de la démocratie;. d’Éléonore Groynn, l’ac-
trice maîtresse de Charles II, où elle accuse
réception du trimestre de pension (500 livres)
que lui donnait le roi pour elle et son fils le
duc de Saint-Albans. J’en passe et de cu-
rieuses; je n’en ai point donné de rois et
de reines; elles le mériteraient cependant;
je citerai seulement celle de Marie-Antoinette
à Mirie de Lamballe, où elle lui Hit, entre
autres choses. « La première, base de la
vie est la tranquillité ; il m’est bien pénible de
la chercher en .vaih. » Et plus loin : « Nous
avons cependant fait quelque bien; ah! si le
bon peuple le savoit! » et aussi celle de Na-
poléon III à M. Petroni, datée de Manheim
DIMANCHE 23 MAI.
1869.
ABONNEMENTS.
Paris.Un an : 1 5 fr.
—.Six mois : 8 fr.
Départements .... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l'étranger, le port en sus.
Rédaction, 55, rue Vivienne.
Comptes rendus et annonces des ventes
publiques de tableaux, dessins, estampes,
bronzes, ivoires, médailles, livres rares,
autographes, émaux, porcelaines, armes,
objets de curiosité, etc.
Revue des Arts industriels.
CHRONIQUE
DES ARTS ET DE LA CURIOSITÉ
GUIDE SPÉCIAL DES ARTISTES ET DES AMATEURS
JOURNAL POLITIQUE PARAISSANT LE DIMANCHE
ABONNEMENTS.
Paris. ........ Un an : 15 fr
—.Six mois : 8 fr
Départements. ... Un an : 18 fr.
— .... Six mois : 10 fr.
Un numéro : 20 cent.
Pour l’étranger , le port en sus.
Administration, 55, rue Vivienne.
Correspondances étrangères. — Nouvelles
des galeries publiques, des ateliers. —■
Bibliographie des livres, articles de revues
et estampes, publiés en France et à
l’Etranger.
Expositiqns de Province et de l’Etranger.
LES ACHATS AU SALON.
Les documents publiés récemment par
la Chronique ont appris au public l’usage
que fait l’Administration des fonds in-
scrits au budget sous la rubrique : En-
couragements aux Beaux-Arts. On sait
que la moyenne des tableaux achetés
est descendue de 3,413 francs (en 1863),
à 1840 francs (en 1866), et que lamovenne
des tableaux commandés était tombée,
en 1866, à moins de douze cents francs.
Ces documents nous ont été empruntés
par toute la presse. Cette publicité n’a
provoqué de l’administration aucune
espèce de controverse, ni directe, ni
indirecte. Le Communiqué, d’ordinaire
si vif, si ombrageux « a gardé de Conrard
le silence prudent. »
Les faits restent donc avec la muette
éloquence que leur prêtent des chiffres
positifs. On sait aujourd’hui qu’en quatre
ans, 355 portraits de famille peuvent
coûter 425,000 francs. Les musées de
province connaissent aussi le taux exact
des toiles qu’ils reçoivent annuellement
à l’occasion des réjouissances publiques.
La France peut faire le bilan de l’ac-
croissement de ses trésors d’art moderne.
Mais n’insistons pas. Le procès plaidé,
la partie accusée a fait défaut. Il y
aurait mauvaise grâce à rappeler quel
jugement a formulé le public, en cette
circonstance comme en d’autres. Loin
de là, aidons l’administration des Beaux-
Arts à éluder quelques - unes des dif-
ficultés que lui imposent les rouages
gouvernementaux supérieurs. Le pu-
blic, dont nous ne sommes que le rap-
porteur, a de pressantes raisons pour que
les réformes utiles soient, proposées, dis-
cutées et au besoin adoptées.
Nous avons déjà parlé du jury de
classement qui viendrait mettre un ordre
plus logique, dans le chaos de quatre
mille objets acceptés, sans cependant
supprimer le jugement public sur les
œuvres qui, pour des raisons diverses lui
sembleraient inférieures. 11 y aurait
encore à demander la suppression de ces
médailles qui n’ont plus quelque attrait
que pour les débutants et qui, plus tard,
créeront une aristocratie dont l’accessi-
bilité 'aura été vraiment par trop facile.
Mais le plus pressant, car le Salon est
déjà arrivé presque à la moitié de sa car-
rière, c’est de demander à l’adminis-
tration : ou de grouper les commandes
et les acquisitions dans un* salon parti-
culier qui resterait ouvert pendant une
semaine après la fermeture, ou d’accro-
cher au fur et à mesure de l’acquisition
une pancarte qui désignât l’œuvre d’art
à l’attention de la foule. Artistes, criti-
que et public, tout le monde serait averti.
Il n’y a rien là que de parfaitement
logique. Ne le fait-on pas pour les mé-
dailles? Une acquisition par l’État, n’est-
ce point un encouragement donné à un
talent naissant, un honneur rendu à un
talent consacré? Quels autres mobiles
pourraient pousser à ces achats et les
décider?
Est-ce la charité? Mais le ministère des
Beaux-Arts a pour la charité un budget
de fonds secrets, dont personne ne peut
être tenté de soulever les voiles ; là, des
artistes frappés d’infirmités, accablés par
un brusque désastre, épuisés par la vieil-
lesse et délaissés par la mode, doivent
trouver ces secours discrets qu’un grand
État, comme la France, ne peut mar-
chander à ses enfants.
Est-ce la condescendance à des ordres
supérieurs? Mais chacun sait qu’il y a
d’autres voies pour obéir aux obligations
de la politique ; que les salles du Louvre,
par exemple, sont devenues de vastes
ateliers de copie, et que les entrepre-
neurs' et les entrepreneuses de copies
subventionnées par l’Etat ont pris la
place des jeunes artistes, qui ne peuvent
plus étudier pour la gloire de l’art, et
qu’ils dérobent aux visiteurs la vue et
jusqu’à l’approche des chefs-d’œuvre.
Qu’est-ce donc? qu’on nous le dise. La
question mérite vraiment une réponse, car
les sources vives de l’école moderne se-
raient frappées de stérilité par ces acquisi-
tions que l’on n’ose avouer, dont aucun
document officiel ne nous livre jamais la
liste, que l’on envoie sourdement en pro-
vince à l’occasion des fêtes publiques, avec
des étiquettes mensongères. Nous com-
prendrions à la rigueur qu’on en agît ain-
si, si nos expositions nationales étaient dues
purement à la munificence du chef de
l’État. Mais il n’en est rien, et le contri-
buable, qui règle les comptes, voudrait
enfin savoir ce qu’il achète. Il ne faut
pas abuser du joli mot de Charlet :
« C’est toi qui payes, mais c’est moi
qui régale. » Qu’on nous rende au moins
la monnaie de notre pièce!
Pii. Burty.
--OOggl»..-
CORRESPONDANCE DE LONDRES.
La Société archéologique de Londres et
Middlesex a l’habitude chaque année de
faire des visites aux monuments ou autres
locaux publics et particuliers renfermant
des objets intéressants. Les corporations de
Londres possèdent de fort belles choses, des
tableaux et portraits, des tapisseries et sur-
tout des pièces d’orfèvrerie, dons des sou-
verains, membres honoraires ou des membres
effectifs; aussi un de leurs halls est-il pres-
que toujours compris dans la tournée. Au
Vintner’s-Hall, en 1868, une très-grande et
belle tapisserie ancienne, d’un travail re-
marquable, revit le jour en quelque sorte.
Ce printemps on s’est rendu dans la Cité, à
la vieille église de Saint-Étienne, à la
Mansion-House, résidence officielle du lord
maire, et enfin au Mercers-Hall, où avait été
exposée la superbe argenterie de cette riche
corporation.
11 se fait en ce moment un grand mouve-
ment pour et contre l’ouverture des musées
le dimanche : cle toutes parts des pétitions
sont envoyées dans les deux sens à la
chambre des Communes. Les ouvriers en gé-
néral sont en faveur de la mesure; les mi-
nistres de l’Évangile et les teneurs de beer
liouses, ce qui correspond chez vous aux
marchands de vin, font, au contraire, la plus
vive opposition; l’intolérance et l’intérêt de-
vaient se trouver d’accord sur ce point ! La
question toutefois ne restera pas longtemps
en suspens; M. Gregory a annoncé aux Com-
munes qu’il proposerait dans la séance du
Zi juin la motion suivante :
Dam l’opinion de la chambre il est utile
que les musées et galeries, entretenus par
l’État en Angleterre et en Irlande, soient ou-
verts le dimanche après l’heure du service
divin.
Il faut espérer que le Parlement compren-
dra l’urgence et surtout l’utilité de cette me-
sure. Quant à l’Écosse, il était naturel qu’elle
ne fût pas comprise dans la mesure, puisque
le sentiment public n’y admet pas encore
qu’on joue du piano ou que les trains cir-
culent le dimanche.
Les autographes manuscrits et documents
historiques, livres et estampes de feu John
Dillon, esq., sont visibles en ce moment
dans les salons de MM. Holloway, et la vente
en commencera le 7 juin. C’est une collec-
tion des plus importantes, tant par la rareté
que par la beauté exceptionnelle de toutes
les pièces. Le propriétaire pendant de lon-
gues années s’était attaché à illustrer ses
livres de portraits et d’autographes, ou à
accompagner ces derniers de portraits seu-
lement; c’était là surtout sa curiosité, et il
faut reconnaître qu’il la poussa au plus
haut degré de perfection.
Les livres d’art proprement dits sont peu
nombreux , mais en exemplaires do choix,
parfaitement reliés et illustrés de pièces in-
téressantes.
Dans les autographes, les personnages his-
toriques et politiques sont représentés d’une
façon exceptionnelle ; pour ne citer que deux
pages in-folio d’Amyot; des lettres : du ma-
réchal d’Ancre, exprimant ses regrets de la
mort de M. de Montais; d’Antoine Arnauld et
d’Arnauld d’Andilly ; de Beaumarchais, où
il traite de l’union des deux plus grandes ré-
publiques du monde, la France et VAmérique i
de Bertrand de Molleville à Napoléon 1er, où
il expose sa vie politique et réclame une
pension; de Boileau à Brossette; de Bossuet
à Mroe de Beringhen,où il lui dit : La douleur
a ie ne sçai quelle trompeuse douceur à la-
quelle il faut s’opposer.., mais elle abat à la
fin et rend l’âme ravissante; de Calvin et de
Luther; de Condorcet; de Descartes; du gé-
néral Desaix, elles sont rares et l’orthographe
du héros est curieuse; d’Angélique d’Es-
trée, abbesse de Maubuisson et sœur de la
belle Gabrielle, qui faisait battre les archers
du guet par son amant ot ses amis quand
on lui envoyait des religieuses de Port-Royal ;
de Franklin; de Gainsborough, le grand
peintre, où il exprime le désir qu’il ne soit
[iris après son décès ni moulage, ni dessin
d’après lui, à moins que Sharp ne soit chargé
de le graver; de Gibbon, où il déclare .sou
profond mépris pour les pernicieuses utopies
de la démocratie;. d’Éléonore Groynn, l’ac-
trice maîtresse de Charles II, où elle accuse
réception du trimestre de pension (500 livres)
que lui donnait le roi pour elle et son fils le
duc de Saint-Albans. J’en passe et de cu-
rieuses; je n’en ai point donné de rois et
de reines; elles le mériteraient cependant;
je citerai seulement celle de Marie-Antoinette
à Mirie de Lamballe, où elle lui Hit, entre
autres choses. « La première, base de la
vie est la tranquillité ; il m’est bien pénible de
la chercher en .vaih. » Et plus loin : « Nous
avons cependant fait quelque bien; ah! si le
bon peuple le savoit! » et aussi celle de Na-
poléon III à M. Petroni, datée de Manheim